Ségur de la Santé : les propositions du ministre de la Santé
Olivier Véran a révélé mardi 21 juillet de nouvelles mesures pour le Ségur de la santé, dans l'optique d'améliorer le système de soin français.
La crise liée au Covid-19 a souligné encore plus les failles du système sanitaire français. En réponse à la colère montante des soignants, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a présenté mardi 21 juillet les 33 propositions du Ségur de la Santé (du nom de l'avenue où est implanté son ministère) pour améliorer le système de soins français. Voici les principales.
Création de 4 000 lits "à la demande"
Une enveloppe de 50 millions d'euros va être débloquée pour créer 4 000 lits "à la demande" dans les hôpitaux, a annoncé Olivier Véran. Et ce "dès cet hiver". Cela permettra "de prévoir l'ouverture ou la réouverture de lits dans les structures selon les besoins" pour que les établissements puissent "s'adapter à la suractivité saisonnière ou épidémique", a-t-il précisé. Ce que les syndicats des personnels soignants demandaient expressément.
19 milliards d'euros d'investissements
Dans un communiqué de presse, le ministère de la Santé confirme débloquer "19 milliards d’euros d’investissement dans le système de santé pour améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants".
Un plan massif d'investissement de 6 milliards d'euros va être débloqué avec :
- "La transformation, la rénovation et l’équipement dans les établissements médi-co-sociaux : 2,1 milliards d’euros sur 5 ans dont 0.6 milliard d’€ pour le numérique ;
- Projets hospitaliers prioritaires et investissements ville - hôpital : 2,5 milliards d’euros engagés sur 5 ans ;
- Rattrapage du retard sur le numérique en santé : 1,4 milliard sur 3 ans."
Le membre du gouvernement a assuré que "un quart des places en Ehpad pourront être rénovées et rendues plus accessibles". 8,2 milliards d’euros vont être consacrés à "revaloriser les métiers des établissements de santé et des EHPAD et reconnaître l’engagement des soignants au service de la santé des Français", précise le communiqué.
Cette enveloppe s'ajoute à la reprise de la dette hospitalière à hauteur de 13 milliards d'euros, aux 8,1 milliards prévus dans le plan Ségur pour les salaires et les revalorisations de métiers et aux 15 000 embauches promises à l'hôpital.
Plus de téléconsultations
Le gouvernement souhaite accélérer le développement des téléconsultations. Ainsi, le dispositif mis en place pendant l'épidémie de Covid-19 va être prolongé. Le principe de connaissance préalable du patient avant une téléconsultation sera également assoupli.
Réduction des tarifications à l'activité
Lancé en 2004 par le ministre Philippe Douste-Blazy, la tarification à l’activité (T2A) représente les recettes des actes réalisés à l’hôpital qui déterminent les donations versées par l’Etat. Ce système est souvent soumis à la "course au volume", a avoué Mr. Véran.
Une enveloppe sera donc créée pour "accélérer la réduction de la part de T2A".
Le ministre a également mis en lumière l'importance de "mettre fin" au "mercenariat" de l'intérim médical. Selon lui, ce dernier a "donné lieu à trop d’abus, trop longtemps". Il propose donc de faire "bloquer par les comptables publics les rémunérations dépassant le plafond réglementaire".
Renforcement des Agences Régionales de Santé "à l'échelon départemental"
Les Agences Régionales de Santé (ARS) "seront renforcées à l'échelon départemental pour créer davantage de proximité avec les élus", a-t-il déclaré. Mettre les territoires aux commandes, ce n'est pas un élément de discours, c'est un vrai changement de paradigme", a-t-il insisté
Hausse des salaires et temps de travail
En mai dernier, le ministre la santé avait évoqué d'autres propositions dans un entretien publié le 17 dans le Journal Du Dimanche. Parmi elles, la revalorisation des rémunérations du personnel soignant. “Le Président a été très clair : nous allons augmenter les rémunérations, travailler sur un plan d'investissement ambitieux et enclencher une transformation profonde de tout ce qui ne tire pas l'hôpital vers le haut”, avait-il déclaré au JDD précisant une augmentation des salaires “au-delà des primes”.
Outre le salaire, la réorganisation des soins et la revue du temps de travail avaient été évoquées. “Il ne s'agit pas d'obliger des gens à travailler davantage, mais de créer un cadre beaucoup plus souple pour permettre à ceux qui le souhaitent de le faire, ou d'organiser leur temps de travail différemment. Sans pression. Il faudra aussi valoriser le travail en équipe. L'équipe de proximité ressort comme un des gagnants face à la crise.”
“La question des rémunérations, c'est aussi celle de la montée en compétences et des missions”, ajoutait-t-il déplorant le manque d’augmentation de salaire à travers l’exemple d’une infirmière qui lorsqu’elle obtient une doctorat “conserve le même salaire”. “Ce n’est pas normal.”