Stérilet Mirena® : effets indésirables et liens possibles avec les troubles dépressifs
Des milliers de plaintes concernant des effets indésirables dans différents pays dont la France ont été exprimées en 2017, par des femmes portant le stérilet hormonal Mirena®. Après les plaintes exprimées sur les réseaux sociaux, l'Agence du médicament s'était penché sur l’ensemble des déclarations d'effets indésirables et en particulier ceux ne figurant pas dans la notice du produit. En novembre 2017, l'Agence européenne du médicament a conclu qu'il n'y avait pas suffisamment de données pour établir un lien direct entre les effets indésirables, notamment l'anxiété, et le dispositif.
En 2017, des milliers de femmes ont signalé de nombreux effets secondaires liés au stérilet hormonal Mirena® en Espagne, aux Etats-Unis ou en Allemagne. En février 2023, l'Agence nationale de la Sécurité du médicament (Ansm) indique dans son communiqué que le dispositif intra-utérin (DIU) hormonal au lévonorgestrel pourrait avoir un lien avec les troubles dépressifs.
Définition du stérilet Mirena®
Le stérilet, nommé dispositif intra-utérin (DIU) en terme gynécologique, est un dispositif médical en forme de T placé dans l'utérus. Il est indiqué pour les femmes souhaitant une contraception ou les patientes qui souffrent de ménorragies fonctionnelles (hémorragies utérines sous l'influence hormonale). Le stérilet est imprégné de lévonorgestrel, une substance hormonale active synthétique qui bloque l'ovulation, en épaississant la glaire cervicale entre le vagin et l'utérus. Ce médicament empêche le passage des spermatozoïdes, assurant ainsi son rôle contraceptif.
En France, des signalements ont été réalisés par des femmes via Internet ou des réseaux sociaux, et ils ont été très nombreux. Le produit, commercialisé depuis 1995 a été ainsi mis en cause par des milliers de femmes dans le monde en raison de nombreux effets secondaires.
Une enquête ouverte sur les effets indésirables du stérilet Mirena®
Dans un communiqué du 12 mai 2017, l’ANSM précise que "de nouveaux effets indésirables comme anxiété, vertiges, fatigue ou irritabilité, non mentionnés actuellement dans les documents d’information destinés aux professionnels de santé et aux patientes ont été rapportés au niveau européen. Ces effets indésirables sont en cours d’évaluation par l’Agence européenne du médicament (EMA) et les résultats sont attendus à partir du mois de juin 2017".
L’ANSM affirme qu’elle mène également des investigations au niveau national sur l’ensemble des déclarations d’effets indésirables reçues en lien avec le DIU Mirena®.
Les premiers résultats de l’enquête de pharmacovigilance, présentés le 10 octobre dernier à l’occasion du CTPV, révèlent, concernant Jaydess , que seules 67 déclarations d’effets indésirables ont été reçues depuis le début de sa commercialisation en 2014 en France (29 avant le 15 mai 2017 et 38 après cette date). Concernant Mirena , depuis sa commercialisation en 1997 et jusqu’au 15 mai 2017, 510 cas dont 272 cas graves ont été rapportés. Après le 15 mai 2017 et jusqu’au 4 août 2017, 2 714 cas dont 1 789 rapportés comme graves par les femmes, c’est-à-dire déclarés comme ayant des conséquences sur leur vie familiale, professionnelle ou sociale.
Pas de lien direct pour certains effets, selon l'Agence européenne
Les résultats de l’enquête nationale relatifs aux effets de type "anxiété" ont été transmis à l’Agence européenne des médicaments (EMA) dans le cadre de l’évaluation des effets indésirables psychiatriques débutée en janvier 2017. Concernant l’anxiété, l’EMA considère qu’il n’y a pas, à ce stade, suffisamment de données pour établir une association entre l’utilisation d’un DIU contenant du lévonorgestrel avec une anxiété isolée, une attaque de panique, des troubles du sommeil ou une agitation. Les troubles de l’humeur ont été considérés comme liés à la dépression ou à l’humeur dépressive, déjà mentionnés dans les documents destinés aux professionnels de santé (RCP) et aux femmes (notice).
Les cas d’arthralgies ont également été évalués par l’EMA qui a considéré que les données de vigilance n’étaient à ce stade pas suffisantes pour modifier les informations figurant dans ces documents.
Les titulaires d’Autorisation de mise sur le marché des DIU contenant du lévonorgestrel devront continuer à suivre ces évènements en accord avec la réglementation en vigueur.
Renforcer l'information des patientes
L’ANSM rappelle par ailleurs que les patientes doivent être informées des bénéfices et des potentiels effets indésirables du dispositif par leur médecin au moment du choix de la contraception et de la pose du DIU.
L’ANSM précisa également que "Mirena est un dispositif intra-utérin (DIU) commercialisé depuis près de vingt ans. Il est indiqué pour éviter une grossesse (contraception) ou pour traiter des règles trop abondantes (ménorragies fonctionnelles). Il est inséré dans la cavité utérine où il agit en libérant un progestatif (le lévonorgestrel) pendant une durée de 5 ans. Un examen de contrôle doit être réalisé 4 à 6 semaines après la pose du DIU, puis tous les ans.
L’ANSM élabore actuellement un document d’information à destination des femmes, en collaboration étroite avec l’association "SVH ASSO stérilet vigilance hormones", afin de renforcer l’information des femmes qui choisiraient ce type de contraception.
Pas de remise en cause du produit pour l’instant
Mais selon l’ANSM, à ce jour, au regard des données disponibles, l’augmentation et la nature des déclarations ne remettent pas en cause le rapport bénéfice/risque de Mirena, qui reste positif dans ses indications actuelles, mais des investigations supplémentaires se poursuivront.
Quels sont les effets secondaires du stérilet Mirena® connus à ce jour ?
Les effets secondaires très fréquents du médicament
Les effets suivants sont connus chez plus de 10 femmes sur 100 :
- Maux de tête (céphalées) ;
- Douleurs pelviennes et gonflement abdominal ;
- Troubles menstruels : spotting, flux abondant ou peu abondant, règles prolongées ou raccourcies, etc. ;
- Perte vaginale ;
- Vulvite ou vaginite.
Les effets fréquents sur la santé
Les troubles suivants sont observés chez 1 à 10 femmes sur 100 :
- Migraines ;
- Baisse de la libido ;
- Vertiges ;
- Nausées ;
- Hirsutisme ;
- Acné, peau grasse ;
- Dorsalgies ;
- Règles douloureuses ;
- Kystes ovariens ;
- Douleurs mammaires ;
- Expulsion partielle ou totale du stérilet Mirena® ;
- Prise de poids.
Les effets peu fréquents du médicament
Une à dix femmes sur 1 000 présentent une ou plusieurs des réactions suivantes :
- Perforation utérine ou délocalisation du stérilet ;
- Alopécie ;
- Infection des voies génitales supérieures, endométrite, cervicite ;
- Prurit, eczéma ;
- Chloasma ;
- Œdème.
Les autres effets rapportés du DIU Mirena®
D'autres réactions peuvent survenir, sans en connaître la fréquence :
- Hypersensibilité ou réaction allergique :
- Augmentation de la pression artérielle ;
- Septicémie ;
- Cancer du sein ;
- Fatigue et faiblesse générale.
Stérilet Mirena® et risque de dépression, un lien avéré mais faible
L'ANSM et la Cnam (Caisse nationale d'Assurance maladie) ont constitué un groupe scientifique nommé GIS Epi-phare. Ce dernier a mené une étude épidémiologique afin d'étudier la consommation de psychotropes (médicaments antidépresseurs, hypnotiques et anxiolytiques) dans les deux années suivant la pose d'un stérilet hormonal au lévonorgestrel. Les chercheurs ont constaté un lien entre le port de ce type de DIU et risque de dépression ou d'humeur dépressive.
En effet, l'étude démontre une augmentation de l'utilisation d'antidépresseurs dans les 2 années suivant la pose d'un DIU avec un dosage élevé en lévonorgestrel (52 mg) par rapport à un DIU moins dosé en progestatif. Les résultats, publiés dans le Journal American Medical Association (JAMA), n'ont en revanche pas démontré une augmentation du recours aux anxiolytiques ou hypnotiques.
Même si le risque semble faible, ces résultats doivent être complétés par d'autres études.
Que faire si des symptômes apparaissent ?
Si des effets indésirables surviennent après la pose d'un stérilet, en cas de modification de l'humeur ou d'apparition de symptômes dépressifs, il est recommandé aux femmes de consulter leur médecin ou leur gynécologue.