Monsanto condamné pour intoxication due à un herbicide
C’est une première : la justice française a condamnée la société Monsanto pour l'intoxication en 2004 d’un agriculteur charentais par l'herbicide, Lasso, retiré de la vente en France en 2007.
Le 27 avril 2004, Paul François, céréalier charentais, ouvre la cuve de son pulvérisateur : il reçoit au visage des vapeurs de Lasso, puissant désherbant produit par Monsanto (retiré de la vente en 2007 en France mais dès les années 1990, au Royaume-Uni et en Belgique par exemple). Pris de nausées et d’évanouissement, l'agriculteur sera victimes de différents troubles (bégaiement, vertiges, maux de tête, troubles musculaires), l'obligeant à cesser son activité durant une année. En 2008, il réussit à faire reconnaitre ses troubles comme maladie professionnelle par la Mutualité sociale agricole (MSA) et est considéré comme invalide à 50 %.Il souffre encore aujourd'hui de troubles neurologiques.
Suite à cette reconnaissance par la MSA, Paul François porte plainte en 2007 contre ceux qu’il considère responsables devant la justice : la firme américaine Monsanto, fabricant mondial de pesticides et de semences OGM. Hier, lundi 13 février, le tribunal de grande instance de Lyon lui a donné raison et a reconnu la responsabilité de la société Monsanto. Des dommages et intérêts devront lui être versés. C'est la première fois que Monsanto aura à indemniser une victime des pesticides. La société a fait appel de cette décision.
Ce jugement constitue un espoir pour d'autres victimes. Depuis son accident, Paul François s’est investi pour les défendre (il est aujourd’hui président de l’assocation Phyto-victimes) et inciter les agriculteurs à adopter les principes d’une agriculture durable, saine pour tous et pour l’environnement. L’année dernière, Yannick Chenet, viticulteur, est décédé d’une leucémie qu'il pense liée à des expositions répétées aux pesticides. Mais pour ces cas liés à des expositions répétées, il sera plus difficile à prouver le lien de causalité avec le ou les pesticides. Néanmoins, de nombreuses associations se sont réjouies de cette décision. Le parti Europe Ecologie les Verts en appelle “au législateur pour enfin introduire dans le droit français la possibilité des “class actions“, ou actions de groupe. Celles-ci permettraient à minima aux citoyens de pouvoir essayer de se battre à armes égales avec de grandes firmes telles que Monsanto“.
Yamina Saïdj
Sources : Communiqués de presse “Générations Futures“ et “Europe Ecologie les Verts“ - février 2012