Phtalates: des fausses couches à l'asthme chez l'enfant, les soupçons s'élargissent
Les phtalates, composés chimiques régulièrement utilisés dans les emballages plastiques, les produits de beauté et des produits de consommation du quotidien pourraient entraîner des allergies, dont l'asthme chez des enfants exposés in utero ou pendant l'allaitement, explique une équipe de chercheurs allemands.
Les phtalates, connus sous le nom de perturbateurs endocriniens pour leur action délétère sur le système hormonal, ont aussi un impact sur le système immunitaire en augmentant le risque d'allergies chez les enfants exposés à la substance pendant la grossesse de leur mère, indique une étude conduite conjointement par l'université de Leipzig en Allemagne et le Centre de recherche allemand contre le cancer (DKFZ).
Un lien fort entre phtalates dans les urines maternes et asthme chez les enfants
Ces travaux, basés sur une cohorte de 629 binômes mères-enfants, établissent un lien significatif entre les concentrations fortes de phtalate de benzylbutyle (BBP) présentes dans l'urine des mères et l'apparition d'asthme allergique chez les enfants.
Pour confirmer ces résultats, les chercheurs ont exposé des animaux de laboratoire (souris) à une certaine concentration de phtalates, pendant la grossesse et la période d'allaitement, comparable à celle observée chez les femmes lourdement exposées.
Un effet transmis sur jusqu'à 3 générations
Les résultats démontrent que les progénitures ont tendance à développer un asthme allergique, et ces effets se transmettent jusqu'à la troisième génération, révèle l'étude.
En revanche chez les souris adultes, aucun symptôme d'allergies n'a été relevé, suggérant que le facteur temps semble décisif dans l'apparition des troubles. "Si l'organisme est exposé aux phtalates pendant les stades précoces du développement, les effets sur le risque de la maladie peuvent se répercuter sur les deux générations ultérieures", explique Tobias Polte.
Des modifications épigénétiques
D'après l'étude, publiée dans la revue Journal of Allergy and Clinical Immunology, les phtalates provoqueraient des modifications épigénétiques, comme la méthylation de l'ADN, responsable du développement de l'asthme.
En regardant chez les enfants asthmatiques de la cohorte, les chercheurs se sont rendu compte que l'expression d'un gène était bloquée par ces modifications épigénétiques.
Un rôle exact qui reste à déterminer
Bien que les études se soient multipliées, l'un des grands défis des chercheurs est de déterminer à présent avec certitude le rôle exact joué par ces substances chimiques, largement mises en cause dans l'infertilité et la puberté précoce.