Rougeole : vacciner pour éviter les épidémies
En France, le combat contre la rougeole n'est pas encore gagné. Le risque d'épidémie persiste et le nombre d'enfants vaccinés reste insuffisant. Pour éliminer la rougeole dans notre pays, le calendrier vaccinal vient de changer et cette maladie doit être déclarée par le médecin aux autorités sanitaires.
Chaque année dans le monde, la rougeole touche plus de 30 millions d'enfants, et provoque près de 777 000 décès... Il existe pourtant un moyen peu coûteux et très efficace pour s'en protéger : un vaccin. Si l'introduction de la vaccination a permit de diminuer considérablement le nombre de nouveau petits malades dans de nombreux pays, et notamment en France, elle reste la principale cause de mortalité infantile évitable par la vaccination. La France s'est engagée, comme les autres pays membres de la région européenne de l'OMS, à éliminer le virus de la rougeole d'ici 2010.
Deux doses de vaccin La rougeole est l'une des maladies infectieuses les plus contagieuses. Pour interrompre la transmission du virus, il faut donc une couverture vaccinale (pourcentage d'enfants vaccinés) supérieure à 95 %, avec 2 doses de vaccin. Cette deuxième dose permet le rattrapage des “échecs vaccinaux“ après la première injection. La première dose n'entraîne pas de protection pour 5 à 10 % des personnes vaccinées.
En France, l'objectif n'est pas encore atteint Depuis l'introduction du vaccin contre la rougeole dans le calendrier vaccinal en France en 1983, le nombre de nouveau cas de rougeole a considérablement diminué. Cependant, depuis 1994, le niveau de couverture nationale à 2 ans stagne entre 80 et 85 %. De plus, il existe des disparités départementales : les départements du Sud de la France sont moins bien couverts par la vaccination, et dans certains départements moins de 80 % des enfants sont vaccinés. Même s'il existe un rattrapage après 2 ans (à 6 ans, 94 % des enfants sont vaccinés), le taux de vaccination reste aujourd'hui insuffisant pour interrompre la transmission du virus.
Des malades de moins en moins jeunes Parallèlement à la baisse du nombre de malades, l'âge moyen de survenue de la maladie a augmenté : en 1985, 13 % des cas survenaient chez des plus de 10 ans. En 2002 ce chiffre atteignait 62 %. En effet, comme le virus circule moins, des enfants non vaccinés ou qui n'ont pas répondu à cette vaccination sont susceptibles d'atteindre un âge avancé avant de rencontrer le virus. Une évolution préoccupante, car plus la rougeole survient tard, plus elle est grave, et le risque de complications augmente.
Un risque réel de flambées épidémiques Avec l'augmentation du nombre de personnes non protégées, la France est aujourd'hui en situation de voir réapparaître des épidémies de rougeole. En effet, dans les groupes de population mal vaccinés, le virus peut circuler activement, et favoriser ainsi l'éclosion de véritables “flambées épidémiques“. Une situation qu'a connue la région Provence-Alpes-Côtes d'Azur au premier semestre 2003. Ces risques d'épidémies sont accrus par une autre difficulté : le système actuel de surveillance de la rougeole ne s'avère plus adapté. Aujourd'hui, le nombre de cas est estimé à travers un réseau de médecins généralistes (réseau appelé Sentinelles), mais cette estimation n'est réalisée que par extrapolation d'un nombre très limité de cas (18 en 2003). De petites épidémies risquent ainsi de ne pas être détectées.
Faire évoluer les mesures de prévention et de surveillance Un groupe de travail du Conseil supérieur d'hygiène publique de France a donc été chargé d'élaborer un plan national d'élimination de la rougeole. Il vise d'abord à adapter les stratégies de vaccination, afin d'améliorer le niveau de couverture vaccinale en France. Le nouveau calendrier vaccinal 2005 incite donc les parents à vacciner leur enfant à un an (1ere dose) et à pratiquer la deuxième injection avant deux ans. Les enfants qui n'ont jamais été vaccinés recevront deux doses avant 13 ans et non plus une seule, comme c'était le cas auparavant. Enfin, pour mettre en uvre des moyens fiables de surveillance, la rougeole est devenue depuis février 2005 une maladie à déclaration obligatoire, et les médecins sont invités à effectuer des tests biologiques pour confirmer les cas diagnostiqués. Ces changements permettront-ils d'éradiquer le virus de la rougeole ? Espérons-le ! En attendant, ne négligez pas les vaccinations de vos enfants. Hélène Jolly
Sources : - MEDEC 2005
- InVS : rapport “Surveillance de la rougeole en France“ (9 décembre 2004) et BEH n°16/2004