Tabac : les photos "chocs" désormais obligatoires
L'apposition de photos “chocs“, censées alerter sur les dangers de la consommation de tabac et rendre moins glamour les paquets de cigarettes, est désormais obligatoire. Tous les paquets de cigarettes vendus à partir du 20 avril 2011 devront donc être couverts à 40 % par des images de poumons endommagés, de tumeurs de la gorge ou encore de ftus enfumés.
Selon l'arrêté publié au Journal officiel le 20 avril 2010, les messages illustrés d'une photographie choc couvriront “au moins 40 %“ du dos du paquet et seront entourés d'un bord noir d'une épaisseur minimale de 3 mm. Ce délai d'un an devait permettre aux cigarettiers et aux buralistes d'écouler leurs stocks de paquets sans photos. Certains vendaient d'ailleurs déjà des paquets pourvus d'images depuis février dernier.
Au total, il aura fallu près de 3 ans pour faire passer cette mesure pourtant jugée phare par le gouvernement dans la lutte contre le tabagisme, rappelle Alliance contre le tabac. Il faut dire que les pressions exercées par l'industrie du tabac et les buralistes ont considérablement freiné sa mise en uvre, au grand dam des associations de lutte contre le tabagisme.
“La pression de l'industrie du tabac et des buralistes, conjuguée à la mollesse des pouvoirs publics, ont malheureusement minimisé l'impact et retardé l'adoption de ces visuels, mis en place au Canada il y a plus de 10 ans“, déplore ainsi Alliance contre le tabac.
Pourtant, l'efficacité des photos sur l'information et l'amélioration des connaissances sur les risques liés à la consommation de tabac est démontrée, assure le CNCT. Mais quid de leur effet sur le tabagisme ? “Ces avertissement graphiques contribuent à réduire la consommation des fumeurs“, affirme le Pr Yves Martinet, président du CNCT.
L'autre objectif de ces photos chocs est de “dissuader les jeunes de commencer à fumer, en cassant l'image glamour du packaging“. En jouant sur le propre terrain du marketing, le ministère de la Santé espère faire disparaître l'image séductrice du tabac et marquer les esprits.
Quant aux objections avancées par certains, avec en tête l'existence d'étuis pour dissimuler les images, le CNCT les écarte, s'appuyant sur les pays modèles où la vente de ces produits n'a pas progressé. Il estime en outre, qu'un fumeur qui éprouve le besoin de cacher ces images aurait franchi la première étape dans le processus d'arrêt du tabac.
S'il salue donc l'entrée en vigueur de cette mesure, le Pr Martinet juge cependant qu'elle ne va pas assez loin. “À quand une application courageuse de l'article 11 de la Convention Cadre de l'OMS pour la Lutte Anti-Tabac, portant sur le conditionnement et l'étiquetage des produits du tabac ?“, s'interroge-t-il. Et de proposer, “à l'instar de l'Uruguay“, d'élargir la place accordée aux photos, dont la taille pourrait atteindre “85 % de la surface des deux plus grands côtés du paquet“. Et surtout, de “lancer une consultation pour la mise en place de paquets neutres standardisés, comme en Australie ou en Grande-Bretagne“.
Amélie Pelletier
Sources :
Communiqué du CNCT et d'Alliance contre le tabac, avril 2011.
“Arrêté du 15 avril 2010 relatif aux modalités d'inscription des avertissements de caractère sanitaire sur les unités de conditionnement des produits du tabac“, Journal officiel du 20 avril 2010.