Une meilleure hygiène de vie peut-elle vous protéger de la maladie d'Alzheimer ?
Selon une étude américaine, des millions de cas d'Alzheimer pourraient être évités si les patients adoptaient une meilleure hygiène de vie, un facteur de risque important pour cette maladie neurodégénérative. Certains spécialistes jugent même que le risque d'être atteint est aujourd'hui moins important qu'il y a 30 ans, en partie grâce aux changements de comportements de la population.
Alzheimer : un fléau en expansion ou en déclin ?
Les experts estiment qu’Alzheimer , une maladie neurologique complexe liée à l'âge, pourrait être influencée à la fois par les gènes et par l'environnement. Avec le boom de la population et l'augmentation de la durée de vie, on considère que 106 millions de personnes seront atteintes d'Alzheimer en 2050 contre 30 millions en 2010, selon des estimations réalisées en 2007.
En France, c’est la 4e cause de décès en 2008 après les cancers, les maladies cardiovasculaires et les accidents. La maladie d’Alzheimer et autres démences (MAAD) ont progressé de 71,8 % depuis 2000, selon l'étude publiée en septembre 2013 dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH). En 2010, on estimait qu'entre 750 000 et 1 million de Français étaient touchés, une prévalence qui devrait atteindre entre 1,29 et 1,40 million de personnes en 2030. Pour autant, ces données restent des extrapolations réalisées à partir de certains registres, puisqu'“il n'existe aucune surveillance de l'incidence [nombre de nouveaux cas par, ndlr] et de la prévalence [nombre total de cas à un instant donné] de ces pathologies“.
Mais cette forte progression de la maladie d’Alzheimer n’est pas la seule hypothèse, ainsi une étude présentée dans le cadre du congrès de l’Alzheimer’s Association International témoigne d’un déclin de la prévalence de cette pathologie. En suivant la large cohorte de patients de Framingham, les auteurs ont pu montrer que durant les trois dernières décennies, le risque de développer la maladie est en baisse (en particulier avant 70 ans). Cette tendance pourrait être liée à des facteurs d’éducation, de réduction des facteurs de risque cardiovasculaires et d’une meilleure hygiène de vie… du moins dans les pays développés (avec l'augmentation de l'espérance de vie, on ne sait cependant pas si cette réduction du risque se traduit par une diminution du nombre de malades). Autant d’indices qui laissent penser que la maladie d’Alzheimer peut être prévenue.
La maladie d’Alzheimer peut-elle être prévenue ?
A ce titre, une étude menée par Carol Brayne, professeur de Santé publique à l'Université de Cambridge, affirme que des millions de cas d'Alzheimer pourraient être évités si les patients changeaient leur hygiène de vie. Ces travaux se basent sur l’utilisation d’un modèle mathématique basé sur 7 facteurs de risques ayant un lien avéré avec la maladie : diabète, hypertension et obésité apparues en milieu de vie, inactivité physique, dépression, tabagisme, et faible niveau d'éducation. Selon ses résultats, la diminution de chacun de ces facteurs de risque de 10 % permettrait de réduire l'étendue d'Alzheimer de 8,5 % d'ici 2050, et d'éviter ainsi 9 millions de malades.
En 2011, certains spécialistes considéraient qu'un cas sur deux d'Alzheimer pouvait être évité grâce à des changements dans l'hygiène de vie et le bien-être personnel, un avis relativisé par cette nouvelle étude qui estime que cette proportion est trop élevée, étant donné que certains des facteurs de risque se recoupent. Par exemple, le diabète, l'hypertension et l'obésité sont liés à l'inactivité physique, et tous sont influencés par le niveau d'éducation.
“Bien qu'il n'y ait pas un seul moyen d'éviter la démence, nous serions capables de réduire les risques d'en être victimes lorsqu'on est âgé“, a déclaré Brayne dans un communiqué publié par l'université de Cambridge. “Nous savons que bon nombre de ces facteurs sont bien souvent liés. Si l'on s'attaque simplement à l'inactivité physique, par exemple, on pourrait réduire les niveaux d'obésité, d'hypertension, de diabète, et éviter la démence à certaines personnes, tout en leur procurant une meilleure santé en tant que seniors - c'est gagnant-gagnant“.
David Bême
Sources :
Temporal trends in Dementia Incidence in the Framingham Study - Claudia L. Satizabal et al. – Congrès de l’AAIC 2014 – Abstract 05-03-05 - 17 juillet 2014
Potential for primary prevention of Alzheimer's disease: an analysis of population-based data – Sam Norton et al. - The Lancet Neurology, Volume 13, Issue 8, Pages 788 - 794, August 2014 (abstract accessible en ligne)
AFP/Relaxnews