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  • Vaccination contre la grippe A : d'abord les personnes à risques

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    Le Haut Conseil de la Santé Publique vient de rendre publiques ses recommandations vaccinales contre la grippe A. Roselyne Bachelot proposera d'ici 15 jours la stratégie retenue, en s'appuyant sur cette base. Cependant, cette approche destinée aux personnes à risques mais aussi à l'ensemble de la population est-elle réaliste ?

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    Depuis l'apparition de la pandémie grippale due au virus A/H1N1, la vaccination est l'objet de nombreuses interrogations, évolutives en fonction de l'amélioration des connaissances sur ce virus et de ses conséquences : qui vacciner en priorité ? Les vaccins seront-ils sûrs ? Tout le monde pourra-t-il ou devra-t-il se faire vacciner ?

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    Priorité aux soignants et personnes à risques La stratégie proposée par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) est en faveur d'une priorisation de vaccination pour les professionnels de santé et les personnes à risque (1), à l'instar de ce qui se fait dans les autres pays et de ce qu'a proposé l'OMS en juillet. Les moins de 60 ans, les femmes enceintes, les personnes ayant des “maladies chroniques sous-jacentes (pathologie cardio-vasculaire, respiratoire, hépatique ou rénale, immunosuppression ou diabète sont plus vulnérables à cette infection (1). L'obésité “apparaît également comme un facteur de risque“, même si les données scientifiques ne suffisent pas pour en faire en soi un facteur de risque (place des pathologies associées ?). En ce qui concerne les enfants, ils sont les premiers touchés et sont donc également plus à risques. L'ensemble de ces personnes seront donc prioritaires lorsque les vaccins seront prêts, du moins si la Ministre de la santé suit ces recommandations.

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    Une stratégie vaccinale qui vise, à terme, l'ensemble des Français L'HCSP a définit 5 niveaux de priorité et rappelle “qu'in fine, toutes les personnes qui désirent être vaccinées devraient pouvoir l'être“. Première des priorités, les personnels de santé, afin de permettre la continuité des soins et d'éviter la contamination directe des patients. Ensuite viennent les personnes à risque, en premier lieu les femmes enceintes, l'entourage des nourrissons, les autres personnes à risques puis le reste de la population. A terme la vaccination par 2 doses espacées de 21 jours sera donc proposée à tous et non imposée, ce qui est logique : chez la majeure partie des gens cette infection n'est pas plus sévère qu'une grippe banale ou une gastro-entérite, et l'HCSP mentionnait lui-même en juin que “l'intérêt de la vaccination des personnes de plus de 60 ans peut être discutable“(2).

    Vaccins avec ou sans adjuvant ? Une partie des vaccins pandémiques, commandés en France aux laboratoires Sanofi-Aventis, Novartis, GSK et Baxter, sont élaborés avec un adjuvant, substance permettant de majorer la réponse immunitaire du patient contre l'infection. Cela réduit également la quantité d'antigènes nécessaires et procurerait une “immunité croisée face à des souches mutées“ (1). Ces adjuvants favoriseraient donc l'efficacité vaccinale. Cependant, vu le manque de recul clinique sur leur effets secondaires éventuels, en particulier chez les personnes au “système immunitaire immature (jeunes enfants) ou modifié (femmes enceintes, immunodéprimés)“(1), l'utilisation d'un vaccin sans adjuvant sera privilégiée pour ces personnes, même s'il est possible que ce vaccin soit alors moins efficace.

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    “Aucun impact sur l'évolution de la pandémie“, mais une protection individuelle Comme le soulignait l'HCSP dans un avis de juin 2009 (2), “la mise en œuvre d'une vaccination au-delà du trentième jour suivant le début de la circulation active du nouveau virus A(H1N1) en France n'aurait aucun impact sur l'évolution de la pandémie, quelle que soit la population ciblée“. Mais dans le même avis, l'HCSP insiste sur le fait que “la vaccination garde tout son intérêt à titre de protection individuelle“ (prévention du risque rare mais existant de complications, d'emblée ou après quelques jours). La ministre de la Santé évoquait également fin août “ l'altruisme“ pour protéger son entourage (3), en particulier les nourrissons qui ne pourront être vaccinés. Altruisme ou pas, il semble pourtant difficile de demander à tout le monde de se vacciner contre une infection peu sévère, à faible risque de complications sans facteur de risques, surtout vu le manque de recul sur le vaccin. D'ailleurs très peu de pays ont fait ce choix, de toute façon peu compatible avec les capacités de production des laboratoires et la nécessité de vacciner en priorité les personnes à risques du monde entier. Même les Etats-Unis, pourtant déjà très touchés, ne souhaitent vacciner qu'un petit tiers de leur population. Enfin il faut rappeler que la vaccination antigrippale n'est en général efficace qu'à 70 ou 80 %, donc même si une grande partie de la population se fait vacciner, il faudra continuer la protection actuellement mise en oeuvre (mesures d'hygiène de base, port du masque des personnes malades, surveillance des cas groupés).

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    Montée de la fièvre anti-vaccin en vue ? Selon le député socialiste Jean-Marie Le Guen, “à force de vouloir proposer une vaccination générale qui n'est pas appropriée, qui n'est pas maîtrisée, qui coûte cher, on renforce des sentiments, par ailleurs irrationnels, contre les vaccins.“ Ces sentiments sont de plus en plus visibles sur des forums de discussion comme sur les forums grippe A et vaccination du site Doctissimo et dans la presse, les interrogations sur la sécurité du vaccin n'étant notamment toujours pas levées. D'ailleurs plusieurs enquêtes d'opinion auprès des professionnels de santé, médecins ou infirmiers, montrent une réticence certaine à cette vaccination, bien qu'étant les premiers concernés, comme cible et comme administrateurs. Les autorités de santé, par le biais d'une information transparente sur les vaccins, leurs différences, les résultats des études cliniques et au final l'autorisation de mise sur le marché, parviendront-elles à contrer la montée de ce sentiment ? Par ailleurs, n'est-il pas temps d'inciter les entreprises du médicament à livrer dans un premier temps un nombre de doses suffisantes pour vacciner l'ensemble des populations à risque dans le monde, plutôt que de privilégier uniquement les patients occidentaux, y compris ceux qui ne présentent pas de risque particulier ? Dr Jean-Philippe Rivière

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    Sources : 1 - Recommandations sur les priorités sanitaires d'utilisation des vaccins pandémiques dirigés contre le virus grippal A(H1N1)v, HCSP, séance extraordinaire du 7 septembre 2009 2 - Pertinence de l'utilisation d'un vaccin pandémique dirigé contre le virus grippal A(H1N1) v , HCSP, 22 juin 2009 3 - Roselyne Bachelot, conférence de presse au ministère de l'intérieur, 27 août 2009


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