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  • Les nitazènes, opioïdes surpuissants, désormais interdits après deux décès

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 3 min.
    en collaboration avec Hélène Peyrière (Professeur, responsable du centre d’addictovigilance du CHU de Montpellier)

    Nouvelles drogues, les nitazènes sont des opioïdes de synthèse surpuissants et potentiellement mortels. Ces produits sont interdits en France depuis mardi. Retour sur les dangers avec le professeur Hélène Peyrière responsable du centre d’addictovigilance du CHU de Montpellier.

    Des signalements d’usage ou de vente de nitazènes, des opioïdes de synthèses, ont été détectés dans 4 régions françaises en 2023, causant des hospitalisations à Montpellier, des patients dans le coma à la Réunion... et deux décès en France et plusieurs dizaines en Europe. Suite au lancement d'une enquête d'addictovigilance en décembre, les autorités sanitaires ont décidé d'interdire ces produits.

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    Interdiction des surpuissants nitazènes en France

    L'annonce de de l'agence nationale de sécurité des médicamenst et des produits de santé ANSM) a été faire lundi. Ces produits sont désormais interdits : "Compte tenu de ces risques, et dans un contexte où les mouvements de populations estivaux vont être très importants en France, les autorités ont décidé l’inscription de ces composés sur la liste des stupéfiants : la production, la vente et l’usage sont interdits à partir du 9 juillet"

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    Ces nouveaux opioïdes de synthèse, les nitazènes, circulent sur le marché des drogues illicites. Ils sont particulièrement dangereux, car plus puissants que d’autres opioïdes, avec un risque élevé d’overdose potentiellement mortelle, même à faible dose. Le risque de dépendance associé à ces produits est également plus important.

    Des produits testés à l’origine contre la douleur

    En décembre 2023, nous avions demandé à Hélène Peyrière responsable du centre d’addictovigilance du CHU de Montpellier de nous en dire un peu plus sur ces nitazènes : "Ce sont des opioïdes de synthèse, qui agissent donc sur les mêmes récepteurs que la morphine, et qui ont été testés dans les années 50-60 en tant que médicament contre la douleur. Mais cela n’a pas abouti en raison d’une balance bénéfice-risque non satisfaisante” amorce-t-elle.

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    Un retour en 2019, des cas français en 2023

    Les substances tombent alors dans l’oubli. Mais en 2019, elles réapparaissent en tant que drogues récréatives cette fois, sous la forme des NPS "nouveaux produits de synthèse". "On peut imaginer que des personnes ont retrouvé les formules de ces produits, en ont modifié la structure et qu’ils revendent cela sur internet à des consommateurs qui cherchent les mêmes effets que ceux des opioïdes classiques” poursuit notre experte.

    En 2023, cette drogue fait son comeback : un mini cluster de consommation d’un dérivé d’étonitazène est découvert en mars dernier sur Montpellier, causant un décès. Un autre cluster est découvert également cet été à la Réunion.

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    100 à 300 fois plus fort que la morphine

    Depuis son centre d’addictovigilance, Hélène Peyrière tente de mettre ce phénomène en lumière : “Le problème est que ces produits de synthèses sont largement plus puissants que la morphine, de 100 à 300 fois plus puissants. Ce qui signifie que pour avoir l’effet de 100 mg de morphine, il suffit d’1 mg d’étonitazène".

    A la clé, des risques majorés : "Au final, cela produit les mêmes effets et les mêmes risques que le Fentanyl : le danger est directement le risque d’overdose avec syndrome asphyxique, et dépression respiratoire qui peut aller jusqu’à la mort” détaille-t-elle.

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    Prévenir contre le danger de ces drogues de synthèse

    Notre experte évoquait la nécessité dec ommuniquer sur les risques liés à ces produits : “Ce qu’il faut surtout, c’est avertir les gens et faire de la prévention, attention à ce que vous prenez, n’acceptez pas des produits aussi puissants.” soutient-elle.

    Le professeur rappelle également qu’il existe un antidote qui neutralise les effets des nitazènes : la naloxone, dont des formes sont disponibles en pharmacie, sur prescription ou non, et dans des structures de prises en charge d’addiction. "Les usagers qui consomment des opioïdes devraient au moins savoir cela".

    Dans un communiqué du 7 décembre, l'Agence du médicament faisait un point sur l’offre thérapeutique de la naloxone en France : "Depuis mi-octobre 2023, Ventizolve solution pour pulvérisation nasale en récipient unidose (1,26 mg de naloxone) est disponible et complète l’offre thérapeutique de naloxone. Tout comme le Nyxoïd solution nasale pour pulvérisation en récipient unidose (1,8 mg de naloxone) et le Prenoxad solution injectable intramusculaire en seringue préremplie (0,91 mg/mL de naloxone), ce médicament est disponible en kit prêt à l’emploi.Les patients peuvent le demander directement à leur pharmacie ou au centre d’addictologie rattaché à un établissement de santé dont ils dépendent. (...) Ventizolve et Prenoxad sont disponibles sans ordonnance et Nyxoid est disponible sur prescription uniquement".

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    Sources
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    Comment prendre en charge une personne en overdose d’opioïdes ?

    • Contactez immédiatement un service d’urgence : 15 (SAMU), 18 (pompiers) ou 112 (toutes urgences : médicales, incendie, sécurité) ;
    • En cas de possession de naloxone par la personne ou son entourage, administrez-lui l'antidote en attendant les secours ;
    • Maintenez la personne éveillée jusqu’à l’arrivée des secours.

    En cas d’inefficacité et / ou de suspicion d’une overdose aux nitazènes, compte tenu de leur puissance d’action, et de l’effet de courte durée de la naloxone, il est important de répéter l’administration de naloxone.

    De manière préventive, dans le cadre de la réduction des risques, il est recommandé pour les usagers et/ou leur entourage d’avoir à disposition plusieurs kits de naloxone.

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