Papillomavirus : une campagne de vaccination qui stagne dans les collèges
L'objectif du gouvernement était que 30 % de collégiens soient vaccinés contre le papillomavirus (HPV). Mais selon le bilan de la campagne de vaccination, seuls 13 à 15 % des élèves ont reçu l’injection. Comment expliquer un tel échec ? L'avis du Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo.
Seuls 117 000 élèves de cinquième ont été vaccinés contre le papillomavirus, à l'origine de nombreux cancers évitables (cancer du col de l'utérus, cacncer de la sphène ano-génitale et ORL), alors que la campagne de vaccination a été lancée en octobre dernier dans les collèges. Cela correspond à 15 % environ des élèves ciblés, quand le gouvernement en visait le double.
Une nouvelle campagne de communication au printemps
Face à ces chiffres, le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention Frédéric Valletoux a indiqué qu'une campagne de communication allait être relancée "au printemps" à l'attention des parents des élèves actuellement en classe de 6e, qui entreront en 5e à la rentrée prochaine. Rappelons que l'accord des parents est nécessaire pour que leur enfant soit vacciné. La vaccination est volontaire et gratuite.
Papillomavirus : "117 000 collégiens ont été vaccinés, ce qui représente 13 à 15%" de la cible, au lieu des 30% espérés, admet Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention; qui annonce une nouvelle "campagne de communication dès le printemps". pic.twitter.com/T6fiLWAYWm
— franceinfo (@franceinfo) March 3, 2024
Le décès d'un collégien après une chute suite à un malasie post-vaccinal avait également semé le trouble, même si l'enquête de l'ARS des Pays de la Loire avait conclu à l'absence de lien entre ce drame et le produit vaccinal.
Une défiance vis-à-vis de la vaccination et une organisation à revoir, selon le Dr Kierzek
Mais plus que le manque de communication auprès des élèves et de leurs familles, le Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo, avance deux raisons qui expliquent ces chiffres décevant.
- "La première raison est selon moi une défiance des Français vis-à-vis de la vaccination depuis la pandémie de Covid-19. Et d’une façon plus générale, de la parole publique et médicale" analyse le médecin.
- La seconde raison, avancée par Gérald Kierzek, concerne davantage l’organisation de la vaccination. "Il a été décidé de la faire au sein des collèges, ce qui n’est à mon sens, pas le meilleur endroit. Se faire vacciner demande l’adhésion, la confiance et le consentement du patient, ici des adolescents et de leurs parents. Le meilleur endroit pour cela reste le cabinet du médecin généraliste".
Pour l'heure, aucune modification de l'organisation n'est envisagé du côté des autorités sanitaires qui se basent toujours sur l'expérimentation conduite dans le Grand-Est qui avait effectivement permis d'atteindre l'objectif de 30%.