Quelle est cette IST méconnue qui touche un demi-million de Britanniques ?
Il existe de nombreuses infections sexuellement transmissibles et certaines sont moins connues que d’autres. Parmi les plus mystérieuses figure le Mycoplasma genitalium ou Mgen, une bactérie qui infecte les voies urinaires et génitales, aussi bien chez l’homme que chez la femme. Le point avec le Pr Eric Caumes, infectiologue.
D’après une enquête rapportée par le Daily Mail, entre 1 et 2 % des Britanniques âgés de 16 à 44 ans - soit environ 500 000 personnes - seraient touchés par une infection sexuellement transmissible peu connue : le mycoplasma genitalium, également connu sous le nom de Mgen.
Qu’est ce que le mycoplasma genitalium ?
Le mycoplasma genitalium est une bactérie qui se propage lors de rapports sexuels avec pénétration. Elle concerne aussi bien les hommes que les femmes et serait "très répandue aussi dans la population des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes" explique tout d’abord le Pr Eric Caumes. L'enquête révèle aussi que sur 500 personnes interrogées, seulement 15 % d'entre elles avaient déjà entendu parler de la Mgen. Plus grave, neuf personnes sur dix ne se sentent pas en mesure d'identifier les symptômes de cette IST.
Quels sont les symptômes de cette IST ?
Cette IST peut provoquer plusieurs symptômes différents : des douleurs à la miction, des démangeaisons ou des saignements après un rapport sexuel chez la femme. "Mais généralement, c’est une infection peu bruyante, les symptômes passent souvent inaperçus et malheureusement, elle peut entraîner une urétrite à bas bruit (infection de l'urètre) mais aussi à terme une endométrite (inflammation de l'endomètre) et des problèmes de fertilité" ajoute le spécialiste.
En effet, d'après l'enquête, huit hommes sur dix et la moitié des femmes touchés par la bactérie ne présentent aucun symptôme visible de l'infection.
Une IST difficile à traiter, à cause de sa résistance aux antibiotiques
Cette bactérie présente d’autres particularités. "C’est une bactérie qui a été identifiée récemment et dont le diagnostic est posé uniquement par la technique de la PCR, une méthode de séquençage de l'ADN" ajoute le Pr Caumes. "En plus, nous ne disposons pas à l’heure actuelle de méthode de culture et elle a aussi longtemps été confondue avec d’autres germes, comme Mycoplasma hominis ou Ureaplasma urealyticum". Autant de facteurs qui n’ont pas aidé à l’identification de mycoplasma genitalium plus tôt.
Enfin, l’infectiologue rappelle que cette bactérie reste difficile à traiter, en raison de sa "super résistance". "Le mycoplasma genitalium est la troisième cause d’urétrite, après l’infection à gonocoque et à chlamydiae. A l’heure actuelle, on la recherche en cas d’échec de traitement de ces deux IST, mais elle reste toutefois mal connue du grand public" conclut le médecin.