Le gouvernement interdit Sniffy, la poudre énergisante à inhaler par le nez
La ministre de la Santé, Catherine Vautrin a annoncé mercredi avoir signé un arrêté d’interdiction pour la poudre Sniffy à inhaler et commercialisée comme un produit énergisant. Elle dénonce un risque d’addiction et de confusion avec des produits illicites.
Commercialisée depuis des mois sur Internet et chez certains buralistes, Sniffy est une poudre blanche ingérée par inhalation et donc vendu avec une paille !), un mode de consommation qui rappelait notamment celui de la cocaïne.
Sniffy promettrait un effet coup de fouet en intranasal
Sniffy propose sous différentes saveurs de vous offrir un coup de fouet de quelques minutes en aspirant tout simplement le produit… par le nez. Sur son site, Sniffy vantait les avantages de son concept, sans réellement cacher le concept "festif" du produit. "Que ce soit pour rester éveillé et/ou concentré, Sniffy est le produit idéal. Ses vertus sont multiples. Sniffy vous accompagnera dans de nombreuses situations : lors de vos exercices physiques, de vos études, examens mais encore la nuit" peut-on lire dans la présentation.
A cette fin, la poudre est mélange de substances en "ine" (mais pas celle à laquelle vous pensez) : taurine, caféine, arginine, créatine…
“Des substances qu’on retrouve déjà dans les boissons énergisantes” confirme le Dr Kierzek,“mais qu’on va sniffer désormais en intranasal”. Par ce mode d'administration, l’effet est rapide. “Cette prise va rendre l’effet quasi immédiat pour une durée de 20 à 30 minutes”.
Un coup de marketing qui a mis le feu aux poudres
L’arrivée de ce Sniffy "coloré" et vendu comme "fun" n’est toutefois pas sans poser de problème. Tout d’abord, comme le rappelle notre expert, le premier problème est que l’action est éphémère.
"Le produit promet un coup de fouet mais qui ne dure pas. Or, si vous êtes fatigué, avez-vous besoin d’un coup de boost ? Ce qu’il faut surtout, c’est dormir un peu plus, sortir, faire du sport ou encore revoir votre alimentation pour privilégier des aliments qui donnent de l’énergie" précise notre expert.
L’autre problème, et le plus évident, est sans doute cette ressemblance un peu trop marquée avec une autre poudre blanche bien illégale qu’est la cocaïne. La marque ne s’en défend que très peu, et semble jouer avec les codes en se contentant d’un simple "Une poudre blanche qu'on inhale par le nez ? Pas d'amalgame, Sniffy est légale" sur la FAQ de son site.
Alors certes, la poudre vendue ne contient rien d’illégal, et s’adresse seulement aux plus de 18 ans. Mais difficile d’avoir d’un côté une interdiction des cigarettes en chocolat et de l’autre, l’autorisation d’une poudre blanche à sniffer avec une paille...
Une interdiction qui pendait au nez de Sniffy
Rapidement, les médecins et le gouvernement ont eu la moutarde qui leur est montée au nez. Dès le mois de mai, le gouvernement avait exprimé son intention d'interdire le produit. "Ma crainte, c'est celle d'une très mauvaise habitude parce qu'une poudre blanche que vous commencez à sniffer, c'est parfaitement addictif et le lien avec des produits illicites est évident", a expliqué la ministre lors de sa visite à l'hôpital Necker de Paris (propos rapportés par Le Parisien). Et pour y couper court, la ministre n'y est pas allé avec le dos de la cuillère.
Pour procéder à l'interdiction de "Sniffy", le ministère de la Santé s'est appuyé sur l'article L521-17 du Code de la consommation qui lui permet de "suspendre pour une durée n'excédant pas un an, la fabrication, l'importation, l'exportation, la mise sur le marché d'un produit" dans le cas où celui-ci représente un "danger grave ou immédiat".
Publié dans la semaine au Journal officiel, l'arrêté devrait entrer en application dans les jours à venir, même si aucune date précise n'est aujourd’hui connue. Le 3 juin 2024, la France avait indiqué à la Commission européenne son intention d'interdire ce produit, mais la procédure avait pris du temps, la Commission ayant demandé des "compléments de clarification" au préalable à la France.
« Je m’étais engagé à interdire la poudre énergisante #Sniffy, c’est chose faite. La mesure d'interdiction sera publiée d’ici ce week-end. C’est mon devoir de protéger les jeunes générations. » @Oliviagregoire @Franceinfo pic.twitter.com/U7lGZHi2jK
— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) July 25, 2024
Sur X, le ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, s’est également réjoui de cette décision. "Je m’étais engagé à interdire la poudre énergisante Sniffy, c’est chose faite. La mesure d’interdiction sera publiée d’ici ce week-end. C’est mon devoir de protéger les jeunes générations".