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  • De plus en plus prisés, les sachets de nicotine ne sont pas sans danger pour la santé

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     AFP/Relaxnews
    AFP/Relaxnews Agence de Presse

    Les sachets de nicotine seraient de plus en plus plébiscités par les jeunes générations, mais ne seraient pas sans risque pour la santé, révèle une nouvelle étude américaine.

    Contrairement au snus, illégal en France et dans la quasi-totalité des pays de l'Union européenne depuis le début des années 1990, les sachets de nicotine bénéficient, eux, d'un flou juridique, et connaissent un engouement croissant sur les réseaux sociaux, mais pas que… Un phénomène confirmé par une étude américaine, qui alerte sur les potentiels effets néfastes d'un tel usage, notamment chez les générations les plus jeunes.

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    Si l'on parle essentiellement de snus pour évoquer ce que l'on présente aujourd'hui comme des alternatives, voire des substituts, à la cigarette, ce sont bel et bien les sachets de nicotine qui font fureur auprès des jeunes. Et pour cause, le premier est illégal dans l'Hexagone, tandis que le deuxième bénéficie d'un flou juridique qui lui permet d'être commercialisé dans de nombreux pays à travers le monde, dont la France. Si ces deux produits se rejoignent sur la façon dont on les consomme, à savoir un sachet à placer entre la gencive et la lèvre, ils ne contiennent toutefois pas les mêmes substances, du tabac pour l'un, une poudre à base de nicotine pour l'autre. Les sachets de nicotine ont récemment fait l'objet d'une étude d'envergure aux Etats-Unis, en vue d'évaluer les usagers et les risques pour la santé.

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    Vers une hausse de la consommation? 

    "Les sachets de nicotine orale ont été introduits pour la première fois aux Etats-Unis au cours de la dernière décennie. Il s'agit de sachets de granulés blancs préportionnés contenant de la nicotine, placés entre les gencives et les lèvres, commercialisés comme étant sans tabac et vendus dans différents arômes et dosages de nicotine", précisent les chercheurs du Georgetown Lombardi Comprehensive Cancer Center, un centre de cancérologie situé sur le campus de l'Université de Georgetown à Washington, dans un communiqué. Pour les besoins de leurs travaux, les chercheurs ont évalué les données de 62 études en lien avec l'usage de sachets de nicotine, dont 45 études universitaires et 17 financées par l'industrie, principalement en Scandinavie et aux Etats-Unis.

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    Publiée dans la revue Nicotine and Tobacco Research, l'étude indique qu'une infime partie des jeunes américains (1,5%) avaient recours aux sachets de nicotine jusqu'en 2023, et que moins de 2,5% en avaient déjà utilisés au cours de leur vie. Ce qui ne signifie pas qu'ils ne connaissent pas ce produit, puisque 35% à 42% des adolescents et jeunes adultes américains en avaient déjà entendu parler. Si l'on se penche désormais sur les adultes, ce sont entre 0,8% et 3% des Américains qui affirmaient y avoir recours en 2023, alors qu'entre 3% et 16% avaient déjà expérimenté les sachets de nicotine. Un usage qui peut paraître faible, mais les auteurs de ces recherches précisent : "Compte tenu des tendances à la hausse des ventes de sachets de nicotine en 2024, leur utilisation au sein de la population américaine a probablement augmenté".

    Un risque de dépendance

    C'est cette hausse potentielle qui alarme les scientifiques, et ce pour deux raisons. S'ils ne contiennent pas de tabac, ces sachets peuvent malgré tout entraîner une dépendance à la nicotine, et amener les plus jeunes à consommer des produits du tabac à long terme. "Comme pour les cigarettes électroniques, la grande variété d'arômes et les campagnes de marketing agressives que nous voyons, en particulier via les médias sociaux, ont le potentiel d'attirer les jeunes, offrant une nouvelle voie vers la dépendance à la nicotine", argumente Nargiz Travis, l'une des auteurs de ces travaux.

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    L'analyse de 37 sachets de nicotine de différentes marques a par ailleurs mis en évidence "un large éventail de teneurs en nicotine totale, allant de 0,89 à 6,73 milligrammes par sachet". Et ce bien que les chercheurs précisent que ces produits contiennent moins de composés chimiques nocifs que les cigarettes. "Les sachets de nicotine gagnent rapidement en popularité. Bien qu'ils puissent constituer une alternative moins nocive à la nicotine pour les consommateurs de cigarettes, on craint beaucoup qu'ils ne deviennent une nouvelle forme de dépendance à la nicotine, en particulier chez les jeunes qui ne consomment ni tabac ni nicotine", poursuit Nargiz Travis.

    Et de conclure : "Aux Etats-Unis, les sachets de nicotine ne sont actuellement ni autorisés par la FDA (Food and Drug Administration, en charge de la surveillance des médicaments, ndlr) à être commercialisés en tant que produits à risque modifié, ni approuvés en tant que produits de sevrage tabagique. Il est important de savoir que la nicotine est une substance chimique qui crée une dépendance et qui a des effets nocifs sur la santé, qu'elle soit synthétique, c'est-à-dire sans tabac, ou dérivée du tabac".

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    Quid de la France ?

    Dans l'Hexagone, la consommation de ces produits est dans le viseur de nombreuses associations, tout comme leurs effets sont surveillés à la loupe. Fin mai dernier, le Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) réclamait, en marge de la Journée mondiale sans tabac, "l’interdiction des sachets de nicotine", avant de faire savoir qu'il avait "déposé une plainte auprès du Procureur de la République pour trafic de substances vénéneuses". Le Comité arguant à ce titre que "les sachets de nicotine ne disposent pas d’autorisation de mise sur le marché et n’appartiennent pas à la catégorie des exceptions concernant les produits à la nicotine autorisés".

    De son côté, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a fait un point, fin 2023, sur les risques induits par une telle consommation pour les jeunes. Si elle ne les détaille pas en fonction du type de produits, elle explique : "Sachets de nicotine, sachets de tabac (Snus), billes aromatiques pour les cigarettes… Les Centres antipoison reçoivent de plus en plus d’appels des personnes intoxiquées à cause de ces produits". Et de préciser : "La majorité des personnes intoxiquées suite à la consommation de sachets de nicotine ou de snus était âgée entre 12 et 17 ans. (…) Ces adolescents ont présenté des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères : vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire".

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    L'Anses indiquait par ailleurs que le nombre de cas concernés était "probablement sous-estimé", et que les sachets de nicotine pouvaient exposer les consommateurs "au développement d'une dépendance à moyen et long terme".


    Sources
    • ETX STudio
    • Nargiz Travis, Kenneth E Warner, Maciej L Goniewicz, Hayoung Oh, Radhika Ranganathan, Rafael Meza, Jamie Hartmann-Boyce, David T Levy, The Potential Impact of Oral Nicotine Pouches on Public Health: A Scoping Review, Nicotine & Tobacco Research, 2024;, ntae131, https://doi.org/10.1093/ntr/ntae131
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