Le fessier (très) rebondi, objet de fantasme masculin
Kim Kardhashian, Beyoncé, Jennifer Lopez ont toutes les trois une arme de séduction massive : leur popotin taille XL. Aujourd’hui, les fesses ont la cote, d’autant plus si elles sont rebondies, voire très volumineuses. Au rayon fantasme, elles remportent la palme ! Décodage avec notre spécialiste, le psychanalyste Gérard Bonnet.
A l’origine : la Vénus callipyge
"Notre époque sonne le retour des Vénus callipyges" annonce le psychanalyste Gérard Bonnet. "Callipyge" est associé à un type de statue grecque, tout à fait singulière. En effet, il s’agit de Vénus, ou plus exactement d’Aphrodite qui soulèverait son vêtement pour regarder ses fesses, arrondies, charnues et sublimes. Historiquement, le fantasme de la croupe victorieuse remonterait à ce culte antique.
Plus largement, il prend sa source dans un collectif archaïque inscrit dans la culture depuis la Préhistoire où les premières représentations féminines sont dotées d’énormes fessiers. Des grandes figures de la mythologie, à celles plus païennes du folklore traditionnelle, le fessier est charnu… Ainsi, il n’aurait sans doute jamais cessé d’exercer une forte excitation, mais davantage dans le secret. Il se hisserait à nouveau, triomphant, en tête des atouts susceptibles d’enflammer l’imaginaire érotique des mâles du XXIème siècle.
Fantasmes des fesses généreuses et psychanalyse
La fascination pour les fesses généreuses trouve son origine dans l’enfance. "Le nourrisson, déjà, est extrêmement fasciné par les rondeurs, les seins, comme les fesses" explique Gérard Bonnet. Ce corps perçu comme volumineux fait partie des premières empreintes de la construction de sa psyché. Les rondeurs rassurantes sont associées à la notion d’enveloppement et de volupté. "Comme l’a mis en évidence le célèbre psychiatre Sigmund Freud, les fesses s’inscrivent au registre d’un érotisme primaire" rappelle le psychanalyste.
En réalité, il se joue des aller-retour entre les zones creuses (le sexe) et pleines (les fesses). La fascination de l’enfant se joue entre les deux. L’un masquant le mystère des origines, et l’autre s’offrant… Ainsi très tôt, l’enfant est confronté à cette ambivalence érotique primaire.
Un fantasme classique
"Le fantasme du fessier charnu est un classique" soutient Gérard Bonnet. A ce titre, il ne faut pas en sous-estimer les vertus. "Nous ne sommes pas assez conscients de l’importance des fantasmes, même s’ils peuvent paraître vulgaires, triviaux ou dévergondés" ajoute le psychanalyste. Ils sont de précieux garants d’une vie sexuelle épanouie.
Le plaisir visuel d’un postérieur dodu est une sorte de préliminaire, qui donne à l’homme, une sensation de plénitude, de tendresse et de portage. Loin d’être un fantasme pervers ou déviant, il ferait écho à ce fameux ancrage de l’enfance, calmant les angoisses de performance autour de la sexualité, devenus courantes aujourd'hui.
Les icones aux fessiers fantasmatiques
Kim Kardhashian, Beyoncé, Jennifer Lopez… les stars aux fessiers volumineux agitent leurs attributs, en les sublimant tour à tour dans des robes, qui ne laissent rien ignorer de leur anatomie, ou lors de chorégraphies très suggestives. Quid des nouvelles icônes dotées de fessiers rebondis ? L’exhibition en pole position du fessier en objet de fantasme est révélatrice de plusieurs éléments. Pour le psychanalyste, "Il fait office d’appât, pour ferrer le poisson, c’est-a-dire exercer une fatale attraction sur les hommes, et les mettre sous emprise". Ces icones du XXIème siècle utilisent donc des ressorts archaïques pour "objétiser" leur proie.
Un processus qui frise toutefois la perversion et la manipulation. "Cette émergence du derrière iconique, pourrait être à la fois le fuit de la libération sexuelle des moeurs et le contrepied du culte de la minceur" décode Gérard Bonnet. D’un côté, un désir de contrôle et une quasi-absence de courbes, et de l’autre, une volonté d’exhiber la démesure de ses attributs sexuels et une libération de la pulsion…
Toutefois, qu’on ne s’y trompe pas, sous couvert de féminité débordante, ces femmes sont en réalité de type phallique. Leur sexualité est agressive et leur physique encombrant, presque dévorant. Elles jouent sur un registre phallique, en cherchant à prendre le pouvoir sur l’homme avec leur corps, et plus précisément, soyons cru, leur cul.
Qui sont les hommes fascinés ?
Si le fantasme des grosses fesses est plutôt classique, il peut être révélateur de certains aspects de la sexualité, quand il devient prédominant. "Ce sont des hommes qui ont besoin d’être sécurisés dans la relation sexuelle" décode Gérard Bonnet. Enfant, ils ont sans doute rencontré des difficultés à prendre leur distance et à s’affirmer… Aujourd’hui, ils se raccrochent à un plantureux popotin, comme à une bouée de sauvetage. Pour ces hommes, au final plutôt fragiles et angoissés, les femmes fessues rassurent. L’effet est protecteur !
A l’inverse, une fascination pour les femmes, maniant leurs forme comme une arme de séduction, peut également mettre à jour un penchant pour la soumission : où ils joueraient ce rôle de dominé face à ce corps phallique envahissant.