Violences faites aux femmes : des progrès restent à accomplir
Le 25 novembre, le gouvernement a lancé une campagne et un plan triennal contre les violences faites aux femmes. Pour en savoir plus sur ce fléau, nous avons interrogé Ernestine Ronai, présidente de l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis.
Doctissimo : Que pensez-vous de cette nouvelle campagne d’information sur la lutte contre les violences faites aux femmes ?
Ernestine Ronai, présidente de l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis : On ne peut que se féliciter de cette nouvelle campagne qui permet d’alerter l’opinion publique sur les violences faites aux femmes. Elles ont le mérite de pousser les victimes à sortir de leur silence.
Doctissimo : Un temps évoqués, les téléphones d’alerte n’ont pas été mis en place au niveau national. Mais vous les avez expérimentés dans votre département…
Ernestine Ronai : En Seine-Saint-Denis, nous avons mis en place des téléphones d’alerte qui permet à la victime de joindre avec une simple touche le 3919, la police ou notre antenne. Une soixantaine de femmes ont bénéficié de ce service en Seine-Saint-Denis. Chacune d’elles le conserve en moyenne 9,5 mois. Bien entendu, le téléphone n’est qu’un outil, nous offrons également un accompagnement social et juridique au-delà du prêt du téléphone. Cette durée leur permet de sortir de la violence et de cette peur qui l’entoure, pour se reconstruire.
Doctissimo : Ce dispositif pourrait-il être généralisée ?
Ernestine Ronai : La mise en place d’un tel service coûte 1 000 euros pour les opérateurs et 1 000 euros pour l’accompagnement pour l’association par an. C’est un dispositif qui fonctionne, qui intéresse les associations, qui intéresse les collectivités locales… Même si on sait que le ministère de la justice l’étudie de manière favorable, le gouvernement doit rapidement le généraliser. Aujourd’hui en France, on compte 35 téléphones de ce type en Seine-Saint-Denis et 5 dans le Bas-Rhin… Un chiffre à comparer avec l’Espagne qui en compte 8 830.
Doctissimo : La loi de juillet 2010 prévoyait la mise en place de bracelets électroniques pour les conjoints violents. Où en est-on aujourd’hui ?
Ernestine Ronai : La loi de juillet 2010 prévoyait la mise en place dès 2010 des bracelets électroniques pour tenir à distance les conjoints violents. Aujourd’hui, on est en retard sur le calendrier puisqu’aucun n’a été mis en place. Une expérimentation est simplement prévue pour 2012 dans trois tribunaux Amiens, Strasbourg et Aix-en-Provence.
Mais ces bracelets ne sont là-encore que des outils, le plus important est de séparer l’auteur des violences et la victime, pour pouvoir par un accompagnement personnalisé lui permettre de se reconstruire et de s’extraire de ces violences.
Propos recueillis par David Bême, le 25 novembre 2011