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  • Violences sexuelles dans la science : une chercheuse sur deux est concernée

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    AFP/Relaxnews Agence de Presse

    Dans la sphère scientifique, les discriminations sexistes et le harcèlement sexuel sont encore monnaie courante aux quatre coins du monde. Ces cas de violences sont d'autant plus difficiles à éradiquer qu'ils sont encore soumis à une puissante omerta. Selon une grande enquête internationale financée par la Fondation L'Oréal, la moitié des chercheuses ont été confrontées à, au moins, une situation de harcèlement sexuel au cours de leur carrière.

    Sexisme, invisibilisation, plafond de verre… La sphère scientifique n’est pas épargnée par les discriminations de genre, bien au contraire. Si les études sur le manque de parité et de représentation commencent à se multiplier, un sujet reste encore dans l’ombre : celui des violences sexistes et sexuelles sur le terrain scientifique. Pour enquêter sur ce fléau, une étude internationale réalisée par Ipsos et financée par la Fondation L’Oréal a interrogé plus de 5.000 scientifiques dans 117 pays, dont la France, sur les cinq continents. L’étude a été réalisée exclusivement à partir d’entretiens effectués sur internet.

    Les premiers résultats sont édifiants : 70% des femmes scientifiques interrogées déclarent avoir fréquemment vécu au moins une situation de sexisme dans le cadre de l’exercice de leur activité, tandis que 49% des femmes scientifiques interrogées confient avoir été personnellement confrontées à au moins une situation de harcèlement sexuel au cours de leur carrière.

    Les actes de harcèlement sexuel mentionnés dans cette étude sont récents : 47% d'entre eux, ont été commis dans les 5 dernières années, "soit après l’émergence du mouvement #MeToo", souligne l'étude. Pour 24% des victimes, cela s’est produit dans les deux dernières années.

    Un fléau qui cible particulièrement les jeunes chercheuses

    Également interrogées sur leurs facteurs de réussite dans leur carrière, 77% des femmes évoquent en premier lieu leur persévérance, soit bien avant des critères comme l’excellence universitaire (51%) ou la participation à des projets de recherche ou des publications (46%). Les trois freins les plus fréquemment cités dans l’ensemble des pays intégrés dans l’étude sont, dans l’ordre : l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (68%), l’impact de la maternité sur leur carrière (62%) et le faible nombre de femmes occupant un poste de direction (55%). 

    Les remarques sexistes et le harcèlement moral sont moins souvent évoqués (respectivement 32% et 20%) dans la liste des obstacles rencontrés par les scientifiques. Mais le problème n’en demeure pas moins réel, puisque sept scientifiques sur dix estiment "qu’on ne parle pas assez" du sexisme et du harcèlement sexuel dans le milieu de la recherche scientifique et 64% des personnes interrogées déplorent "l’insuffisance et l'inefficacité des actions pour prévenir ou lutter contre le harcèlement sexuel au travail."

    L'enquête démontre aussi que ces cas de harcèlement sexuel frappent plus souvent les jeunes chercheuses : 64% des femmes victimes de harcèlement l’ont été au moins une fois au début de leur carrière. Des situations qui peuvent s’avérer lourdes de conséquences : 50% des femmes concernées confient se sentir mal à l’aise au travail, voire vulnérables (30%). Et chez 21% d'entre elles, cela se traduit même par une perte d'estime d'elles-mêmes et de confiance en leurs capacités.

    Seules 33% des chercheurs en sciences sont des femmes

    “Cette persistance du sexisme au quotidien, pourtant préoccupante, car elle peut conduire à des manifestations plus violentes, peut s’expliquer par le règne d’une omerta dans ce milieu. Seules 19% des personnes confrontées à une situation de harcèlement sexuel en ont parlé à leur institution”, note l'étude.

    En effet, près de neuf chercheurs sur dix (tous sexes confondus) ont assisté au moins une fois à une scène de sexisme au cours de leur carrière. Pourtant, seule la moitié d’entre eux a dénoncé les faits dont ils ont été témoins (56%), souvent par crainte des représailles (39%).

    “Les résultats de cette étude internationale confirment les inégalités qui persistent et l’urgence d’une mobilisation de grande ampleur”, souligne la Fondation L’Oréal, déjà commanditaire d’une enquête réalisée en 2019 avec l’Unesco qui démontrait que dans la sphère de la recherche, les femmes ne représentent que 33% de la part de scientifiques.

    Étude réalisée du 26 juillet au 16 septembre 2022 par Ipsos auprès de 5184 chercheuses et chercheurs (22% d’hommes et 76% de femmes) dans 117 pays dont la France (2 269 répondants).


    Sources
    • ETX Studio
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