Implants mammaires : quelles conséquences sur la grossesse et l’allaitement ?
On le sait, la grossesse modifie la physiologie de la poitrine. Quand on est porteuse de prothèses mammaires et que l’on envisage ce projet, les questions sont nombreuses. Implants mammaires et grossesse sont-ils compatibles ? Quid de l’allaitement par la suite ? Combien de temps après la grossesse peut-on envisager de se faire refaire les seins ? Le Dr Odile Bagot, gynécologue, fait le point pour nous et lève les inquiétudes.
Implants mammaires et déroulement de la grossesse
Le fait d’avoir des implants mammaires peut-il modifier le déroulement de la grossesse ? C’est souvent la première interrogation qui se pose lorsque l’on porte des prothèses mammaires, mais le Dr Odile Bagot, gynécologue, se veut complètement rassurante sur le sujet. « Dans la majorité des cas, l’implant est placé en arrière, derrière le muscle pectoral et sans contact avec la glande mammaire : le sein vit sa vie comme si de rien n’était. La grossesse ne modifie donc pas les choses et il n’y a pas de précautions particulières à prendre. » Veillez simplement, comme lors d’une grossesse normale, à un bon maintien : ne vous promenez pas sans soutien-gorge, pour éviter que la poitrine ne tombe avant l’heure.
L’allaitement ne pose pas non plus problème !
De la même manière, il n’y a pas d’incidence particulière sur l’allaitement. Puisque la prothèse ne touche pas la glande mammaire directement, elle n’a aucun impact dessus. Quant à la cicatrice, elle dépend de la technique de chirurgie utilisée. La mise en place de la prothèse par voie axillaire (cicatrice sous le bras, au niveau du creux de l’aisselle) et sous-mammaire (cicatrice cachée dans le sillon situé sous les seins) ne présente pas de risques sur le plan technique car les canaux galactophores (nécessaires à l’allaitement) sont situés à distance. Lorsque l’implant est posé par voie péri-aréolaire (cicatrice autour de l’aréole), ce peut être un peu plus délicat mais la section des canaux demeure très rare et les chirurgiens sont très précautionneux. « Reste qu’avec ou sans prothèse, aucun médecin ne peut assurer un allaitement réussi qui dépend de bien d’autres facteurs que le simple fait de pouvoir produire du lait maternel », note la gynécologue.
Quelques rares exceptions
Le port d’une prothèse mammaire ne favorise aucunement les engorgements ou abcès. Toutefois, il existe quelques rares scénarios où l’allaitement peut être mis à mal. Dans le cas d’une pose de prothèses accompagnée d’une correction de ptôse mammaire (chute des seins), par exemple. Dans ce cas de figure, l’aréole est alors déplacée vers le haut et une partie de la glande mammaire peut avoir été sectionnée. Tout dépend de l’importance du problème initial et de la technique employée par le chirurgien. Vient ensuite le cas des fuites de silicone dans l’organisme (heureusement, extrêmement rare) : l’allaitement est alors forcément interrompu en raison d’une intervention chirurgicale en urgence. « Enfin, il arrive parfois qu’une « coque » se développe autour de la prothèse, signifiant une réaction particulière de l’organisme à ce corps étranger. Dans certains cas, on peut « casser » manuellement la coque ; dans d’autres, il faudra réintervenir chirurgicalement avec cependant un risque de récidive, relève le Dr Bagot. La prothèse peut se déplacer, ce qui est assez inconfortable et inesthétique mais ne gêne en rien la grossesse. » En général, cette complication survient dans les premiers mois après la pose de prothèse : il est donc rare qu’elle se superpose à un projet de grossesse.
Quand se faire refaire les seins ?
Si vous avez pour projet depuis quelque temps de vous faire refaire les seins, mieux vaut attendre que la grossesse soit passée pour le faire. En effet, qu’ils soient naturels ou refaits, la grossesse modifie de toute façon la forme ou le volume des seins. « Pendant cette période, le sein va prendre beaucoup de volume, puis le reperdre après l’accouchement ou après l’allaitement. Suite à cet étirement, le sein a parfois moins de volume que ce qu’il avait avant la grossesse. » Faire poser des prothèses mammaires avant la grossesse serait donc courir le risque d’une seconde intervention après... « Le mieux est donc, si l’on peut, d’attendre d’avoir terminé ses projets bébés pour envisager cette opération, conseille le Dr Odile Bagot. Au moins, le joli résultat obtenu sera définitif. » En dehors de cette recommandation, il n’y a pas de bon moment pour envisager une pose de prothèses mammaires. Le mieux est d’attendre un an après l’accouchement ou au moins trois mois après la fin de l’allaitement. Il est aussi nécessaire d’avoir retrouvé son poids de forme avant-grossesse (en évitant les variations de plus de 5kg) pour pouvoir sauter le pas.