#Incestehandicap : les enfants handicapés victimes d'inceste, un sujet encore tabou qui manque de témoignages
Un enfant handicapé a pratiquement trois fois plus de risque d'être victime de violences sexuelles qu'un enfant non porteur d'un handicap. Mais peu de chiffres sont disponibles. La documentation pour mettre en lumière ce problème reste encore rare. C'est pour cela que l'association "Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (DFAE)" lance un appel à témoignages auprès des personnes handicapées ayant été victimes d'inceste, via le hashtag #IncesteHandicap.
L'association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agire (DFAE) , qui lutte pour les personnes en situation de handicap, a lancé un appel à témoignage sur les réseaux sociaux via le hashtag #IncesteHandicap. Pour élargir son champ d'action, sa ligne d'écoute est prête à recevoir les appels. "Nos équipes ont été formées pour recueillir leurs témoignages", explique Marie Conrozier responsable des luttes du DFAE et détaille la suite des évènements : "un sociologue stagiaire analysera les résultats et si les victimes le désirent, on approfondira cette enquête".
Un sujet encore tabou
Un enfant handicapé a 2,9 fois plus de risques d'être victime d'actes de violence sexuelle par rapport à un enfant non porteur de handicap. Un ratio qui monte à 4,6 pour les enfants ayant un handicap lié à une maladie mentale ou à des déficiences intellectuelles.
"On se rend bien compte qu'on a assez peu de femmes qui nous parlent de violences dans l'enfance et encore plus de l'inceste", reconnaît la professionnelle avant de continuer "les rares femmes qui nous en parlent appellent pour dénoncer d'autres choses comme les violences conjugales. C'est au fur et à mesure de la discussion que l'on découvre leur passé".
Cette initiative est inspirée des mouvements tels que #MeToo ou plus récemment #MeTooInceste qui n'a cependant pas libéré la parole des personnes handicapées. "Après le mouvement #MeToo, nous n'avons pas eu une hausse conséquente des appels", se souvient-elle, "mais après une émission de télévision où notre numéro de téléphone est apparu, nous en avons eu plus".
3% des appels à témoignages concernent l'inceste
Ce sujet concerne 3% des appels à témoignages que reçoivent les bénévoles. Pourtant, les cas de violences à l'âge adulte et les violences d'inceste dans l'enfance seraient liés. "50% des personnes qui ont dénoncé des crimes d'inceste appelaient à l'origine pour dénoncer des violences conjugales", rapporte Marie Conrozier.
L'association navigue à vue quant au résultat de l'enquête. "On ne sait pas encore quelle ampleur ça prendra", reconnaît Marie Coronzier. "À notre échelle on ne pourra pas faire un recensement national, mais on espère sensibiliser les pouvoirs publics pour qu'il y ait des enquêtes dirigées par des ministères".
Les résultats de cette enquête sont attendus le 25 novembre prochain, à l'occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes.