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  • "Les Ogres ": comment repérer les signes de maltraitance chez un enfant inscrit en crèche ?

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    Lecture 4 min.
    Louise Ballongue
    Louise Ballongue Rédactrice web
    en collaboration avec Dr Catherine Salinier (Pédiatre)

    Dans son nouveau livre-enquête "Les Ogres", le journaliste Victor Castanet met en lumière les dysfonctionnements des crèches privées, dont des faits de maltraitance. Comment, en tant, que parent, repérer à temps la détresse de son enfant ? Nous avons posé la question à Catherine Salinier, pédiatre membre de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA).

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    Après les Fossoyeurs, place aux Ogres. Deux ans après la publication de son premier livre-enquête choc, dans lequel il mettait en lumière les dérives des maisons de retraite du groupe Orpéa, le journaliste Victor Castanet fait son grand retour avec un sujet particulièrement délicat : le secteur de la petite enfance, et plus particulièrement des crèches privées, accusées, pour certaines, de "maltraiter" des enfants. Mais comment détecter les premiers signes de détresse chez un enfant ? Catherine Salinier, pédiatre membre de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA), dresse une liste de signes qui doivent vous mettre la puce à l'oreille.

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    Une stratégie "low-cost" pointée du doigt

    Nourrissons laissés à l'abandon, privation de nourriture, humiliations, couches non changées... Le journalistte Victor Castanet fait état de nombreuses "dérives" au sein des crèches privées.

    Selon lui, c'est un système entier, irrigué par l’argent public, qui est défaillant : les crèches privées, à commencer par le groupe People&Baby, seraient en recherche constante de profit (autrement dit, en baissant leurs coûts).

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    Une stratégie "low-cost", qui aurait des incidences directes sur les tout-petits, de la nourriture aux couches, en passant par des faits de maltraitance.

    "Dans la majorité des crèches, ça se passe bien. Et les personnels travaillent avec un profond engagement, souvent beaucoup d'amour pour les enfants, et le font avec peu de moyens, en étant très mal payés", note Victor Castanet dans un entretien avec l'AFP. "Mais à côté de ça, il y a des dérives mises en place aux sièges de certains groupes. Il y a des pratiques d'optimisation des coûts, qui ont des incidences néfastes sur l'ensemble du secteur, où vont être privilégiés les indicateurs financiers, les taux d'occupation, à la qualité."

    Si la nouvelle direction de People&Baby affirme que les "pratiques décrites dans l’ouvrage sont en décalage total avec les valeurs que nous portons aujourd’hui", rien qu'à Lille, dans la crèche People&Baby de Villeneuve-d'Ascq, neuf enfants ont été victimes de mauvais traitements.

    "Des coups, des griffures, des punitions dans le noir, des humiliations, des privations de nourriture", précise Victor Castanet. "Ces enfants font encore des cauchemars réguliers, il y a eu des retards de développement et des problèmes de sociabilisation", assure-t-il.

    Victor Castanet souligne également dans son livre l'inertie de de l'État, qui "n'a pas voulu remettre en cause son fonctionnement". Le modèle global des crèches privées, basé sur un système de facturation à l'heure, semble donc devoir être repensé... même si - rappelons-le - les incidents en crèche restent heureusement rares.

    Enfant inscrit en crèche : comment détecter de potentiels signes de maltraitance ?

    Si dans l'immense majorité des cas, l'accueil des enfants en crèche se déroule sans accroc, il arrive que des défaillances surviennent. Dans ce cas, Catherine Salinier, pédiatre membre de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA), liste plusieurs signes de maltraitance physique et psychologique doivent à repérer.

    • "Si l'on sent que la crèche n’est pas accueillante, si le personnel ne se montre pas intéressé, ni curieux, par rapport à la vie de son enfant, prudence", prévient le Dr Catherine Salinier. Il s'agit ici d'un premier élément de suspicion. "C'est avant tout une histoire de ressenti, de lien et de confiance entre la crèche et les parents", ajoute la pédiatre.
    • "Tout signe d’insécurité chez l'enfant doit également interpeller". "S’il n’arrive pas à s’adapter par exemple au sein de la strucure ou s'il met beaucoup de temps à s'adapter, on peut se poser des questions", souligne l'experte. Autre point, qui doit mettre la puce à l'oreille : "l'absence d'adaptation progressive", pourtant essentiel pour le bien-être du tout-petit.
    • Ensuite, "si l'enfant est agité, énervé ou peu souriant le soir, si l'on sent qu'il a passé une mauvaise journée, qu'il ne dort pas assez par exemple, et que ceci est systématique, c'est-à-dire que cet état perdure dans le temps, oui, il faut s'inquiéter", affirme la spécialiste.
    • Autre signe de potentiel mauvais traitement : "Si l'enfant ne veut pas aller à la crèche alors qu'il y est inscrit depuis de long mois, ou même des années, cela signifie qu'il peut ne pas s'y sentir bien", souligne l'experte.
    • Enfin, "tout trouble du sommeil, de l’alimentation ou du comportement qui perdure doit mettre la puce à l'oreille", révèle le Dr Catherine Salinier, "notamment si les week-ends passés auprès de son enfant sont, eux, paisibles" et se déroulent sans accroc.
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    "Si l'on identifie l'un de ces signes, en tant que parent, la prochaine étape est d'aller poser des questions au personnel de la crèche. S'ils ne veulent rien entendre, font des remarques sur l'enfant ou sur ceux des autres, ou se montrent agresssifs, on peut soupçonner une forme de maltraitrance, par défaut de bienveillance", précise la pédiatre, avant de poursuivre : "les crèches restent néanmoins contrôlées par la Protection maternelle et infantile (PMI), au même titre que les assistantes maternelles... dont il faut rappeler le sérieux, pour la très grande majorité d'entre eux".

    Et en cas de maltraitance avérée, vers qui se tourner ?

    La spécialiste invite les parents à retirer bien évidemment l'enfant de la structure, mais aussi à contacter, en paralléle, la Protection maternelle et infantile (PMI). Ce sont eux qui vont poursuivre la procédure.

    Les parents peuvent également porter plainte contre la crèche.

    Pour rappel : les violences et dérives existent (aussi) dans un contexte familial (oncle, cousins et même parents malveillants).

    Choix d'une crèche : quelles précautions prendre ?

    "C'est avant tout un ressenti personnel. On peut aussi demander conseil aux habitants du quartier, aux amis qui ont déjà des enfants... Mais mon seul et vrai conseil reste : de s'écouter. Pour laisser son enfant quelque part, il faut se sentir bien et que ce ressenti dure, que ce lien créé avec le personnel, grandisse et s'épanouisse", note le Catherine Salinier, en conclusion.


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