Les enfants exposés in utero à des phtalates ont un QI inférieur
Les enfants exposés in utero à des niveaux élevés de deux polluants courants (des phtalates) présentent un QI inférieur en moyenne de 6 points par rapport aux enfants les moins exposés. Cette étude est la première à relier une exposition prénatale à des phtalates avec un impact sur le QI à l'âge de 7 ans.
Un quatrième test de QI chez des enfants âgés de 7 ans exposés pendant la période fœtale à des niveaux importants de phtalates montre que leur QI est inférieur à la moyenne. Leurs mères avaient présenté des concentrations urinaires élevées de ces substances pendant la grossesse. Les résultats de cette étude conduite à la faculté de santé publique de l’Université de Columbia à New York et publiés dans la revue PLOS One du 10 décembre 2014 montrent qu’il existe un lien entre le degré d’exposition des femmes enceintes – et donc des fœtus – aux phtalates de dibutyle (DnBP) et de dedisobutyle (DiBP), et le QI des enfants jusqu’à l’âge scolaire.
Des phtalates très répandus
Les auteurs rappellent que les phtalates incriminés sont présents dans de nombreux produits de consommation courante comme le vinyle, les feuilles d’assouplissant pour sèche-linges, certains cosmétiques comme des rouges à lèvres, des laques pour les cheveux, des vernis à ongles ou des savons.
Leur toxicité ayant été préalablement démontrée, ces phtalates sont interdits aux Etats-Unis dans les produits destinés aux enfants comme les jouets mais les auteurs soulignent qu’aucune mise en garde n’est faite aux femmes et que la liste des phtalates figure rarement sur les étiquettes précisant les composants des produits. Même chose en France où l'utilisation de certains phtalates dans les articles de puériculture ou les jouets pour les enfants de moins de 3 ans a été interdite depuis plusieurs années. Il s'agit de la transposition d'une directive européenne datant de 2005 et révisée depuis.
Un QI de 6,6 à 7,6 points plus bas
Cette étude a suivi 328 femmes d’origine modeste depuis leur grossesse ainsi que leurs enfants dans la région de New York. Pendant le 3ème trimestre de la grossesse, la concentration urinaire de 4 phtalates a été mesurée : le DnBP, le DiBP, le di-2-éthylhéxyle et le diéthyle.
Chez les enfants issus des mères ayant eu les concentrations urinaires les plus élevées de DnBP et de DiBP, le QI à l’âge de 7 ans était 6,6 à 7,6 points inférieur à la moyenne. Ces résultats concordaient avec les tests de cognition qui avaient été réalisés chez ces mêmes enfants à l’âge de 3 ans. Pourtant, précisent les auteurs, les niveaux urinaires moyens de phtalates chez les 328 mères, ne sont pas supérieurs aux niveaux moyens retrouvés au niveau national. Pour le Pr Pam Factor-Litvak de l’Université de Columbia, “les femmes aux Etats-Unis sont exposées aux phtalates de manière quasi quotidienne dont un grand nombre à des niveaux similaires à ceux mesurés chez les femmes de cette étude“.
De son côté, Robin Whyatt, directeur de l’étude et professeur de médecine environnementale à l’Université de Columbia, déclare qu’une “réduction de 6 ou 7 points du QI peut avoir des conséquences notables pour le succès scolaire et le potentiel professionnel“. Ainsi donc, après les modèles animaux et les constatations chez les enfants en bas âge, les effets néfastes de l’exposition in utero à des niveaux élevés de phtalates semble se confirmer…
Avec AFP Relaxnews
Source : Pam Factor-Litvak et al. Persistent associations between maternal prenatal exposure to phtalates on child IQ at age 7 years. PLOS ONE, December 10, 2014. DOI: 10.1371/journal.pone.0114003 (article disponible en ligne).
- Pollution et santé
- Perturbateur endocrinien
- Les phtalates et parabens bientôt interdits ?