Utérus, cancer du col, frottis... les ados mal informées
Le cancer du col de l'utérus touche chaque année plus de 3000 personnes. Aujourd'hui il existe plusieurs vaccins destinés aux jeunes filles. Pourtant, celles-ci sont peu sensibilisées à ce problème : leurs connaissances restent assez floues sur ce sujet... Tour d'horizon.
On sait aujourd'hui que le cancer du col de l'utérus est principalement lié à l'infection par le papillomavirus (HPV). Aujourd'hui, des vaccins existent, destinés aux filles dès 11 ans (avec un rattrapage possible jusqu'à 19 ans). Pour se faire vacciner, encore faut-il qu'elles soient sensibilisées et conscientes des risques. En la matière, il reste apparemment du chemin à parcourir...
Des notions anatomiques très floues chez les ados
Un sondage BVA mené sur plus de 500 adolescentes et jeunes adultes de 15 à 23 ans s'est intéressé aux connaissances des ados sur leur intimité. Utérus, MST, frottis, cancer du col : le résultat est assez surprenant. Par exemple, 33 % des filles interrogées ne savent pas du tout ce qu'est l'utérus ! De manière générale, elles ont des connaissances assez empiriques et scolaires : elles savent que vagin = relations sexuelles et que utérus = maternité, mais elles sont souvent incapables d'aller plus loin. Et ces notions sont de plus en plus floues avec l'âge, au fur et à mesure que l'on s'éloigne des cours d'éducation sexuelle...
Un déni du risque de maladie
Face aux risques de cancer du col de l'utérus, les jeunes filles ne savent pas ce que sont les papillomavirus (63 % des 14 ans, et 50 % des 15-18 ans en ont entendu parler mais ne peuvent pas donner d'explications) et très peu savent qu'ils sont liés au cancer du col de l'utérus (seules 7 % des filles de 14 ans et 20 % des plus âgées font le lien entre le virus et le cancer du col). Outre cette méconnaissance, les filles évaluent assez mal le risque. Près de 61 % ne se sentent pas exposées au danger de contracter un papillomavirus. De manière générale, elles ne sont pas concernées par les MST et plus généralement par les maladies : il y a un véritable déni du risque de tomber malade. "La notion de santé reste secondaire pour la plupart des filles, parce qu'elle va de soi" souligne le Dr Caroline Thompson, psychologue à l'hôpital de la Pitié-Salpetrière (Paris). D'ailleurs, seul 1/3 des filles pensent être dans la tranche d'âge la plus risquée pour le papillomavirus : les plus jeunes pensent qu'elles n'ont pas encore l'âge, les plus grandes pensent qu'elles ont passé l'âge... "L'adolescence est un âge où l'on vit dans le présent, surtout par rapport à son corps. Les conséquences de ses actes restent quelque chose d'abstrait, et plus ses conséquences sont éloignées dans le temps, moins elles ont d'impact" ajoute le Dr Thompson. Difficile alors de les sensibiliser au lien entre une infection à papillomavirus aujourd'hui et un risque de cancer dans 30 ans...
Un besoin d'information sur le cancer du col
Les adolescentes sont ainsi encore mal informées sur cette problématique. Plus de 58 % sont en demande d'informations sur le cancer du col et 74 % s'interrogent sur la vaccination : à quel âge, à qui s'adresser, quel est le prix du vaccin...
Pour le Dr Thompson, il ne faut pas hésiter à leur donner des explications sans détour : "Comment les rendre sensibles au risque lié aux rapports sexuels, sans sexualiser le propos ? Le vocabulaire doit être précis, sans être dérangeant : utérus n'est pas un mot tabou, c'est un organe comme un autre, même s'il faut prendre en compte sa dimension symbolique par rapport à l'identité féminine".
Les vaccins disponibles contre le cancer du col de l'utérus
Aujourd'hui, deux vaccins sont disponibles sur le marché pour se protéger des papillomavirus, principaux responsables du cancer du col :
- Cervarix® du laboratoire Glaxosmithkline est un vaccin contre les HPV 16 et 18. Son prix est de 111,82 euros la dose. La vaccination nécessite également 3 doses et il est remboursé à 65 % pas la Sécurité sociale.
- Gardasil® développé par Merck (et distribué en Europe par Sanofi-Pasteur) est efficace contre les HPV 16, 18, 6 et 11. La vaccination se fait en 3 doses à quelques mois d'intervalle. Le prix de chaque dose est de 135,59 euros, remboursés par la Sécurité sociale.
Depuis juin 2015, un troisième vaccin, Gardasil 9® a obtenu son autorisation de mise sur me marché (AMM) en Europe. Il contient 9 génotypes de HPV (6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58) et a une protection plus large puisque ces génotypes sont responsables de 90 % des cancers de l’utérus et de 80 % des lésions précancéreuses de haut grade. Gardasil 9 sera disponible en France à l'automne 2017. Il sera le vaccin anti-HPV à privilégier selon des recommandations du Haut Conseil de la santé Publique.
Selon le calendrier vaccinal 2017, la première injection est recommandée chez les jeunes filles dès l'âge de 11 ans et jusqu'à 14 ans, ou en rattrapage chez les filles de 15 à 19 ans révolus. Le schéma vaccinal préconisé dans le calendrier vaccinal 2017 contre le HPV est le suivant :
VACCIN QUADRIVALENT (GARDASIL®)
- Vaccination initiée entre 11 et 13 ans révolus : deux doses espacées de 6 mois.
- Vaccination initiée entre 14 et 19 ans révolus : trois doses administrées selon un schéma 0, 2 et 6 mois.
VACCIN BIVALENT : (CERVARIX®)
- Vaccination initiée entre 11 et 14 ans révolus : deux doses espacées de 6 mois.
- Vaccination initiée entre 15 et 19 ans révolus : trois doses administrées selon un schéma 0, 1 et 6 mois.
VACCIN NONAVALENT (GARDASIL 9®)
- Vaccination initiée entre 11 et 14 ans révolus : deux doses espacées de 6 à 13 mois.
- Vaccination initiée entre 15 ans et 19 ans révolus : trois doses administrées selon un schéma 0, 2 et 6 mois.
- Pour les hommes (HSH) jusqu’à 26 ans révolus : trois doses administrées selon un schéma 0, 2 et 6 mois.