Prothèse de genou : suites opératoires et possibles complications
Si les douleurs au genou et la gêne fonctionnelle qu'elles entraînent font poser l'indication d'une prothèse du genou, la motivation et la patience sont essentielles pour aborder les suites opératoires et la rééducation.
Pour éviter les complications, on limitera autant que possible les facteurs de risque modifiables ( tabagisme, obésité, infections...) avant et après l'intervention et on s'abstiendra, les premiers mois, d'activités intenses. Dans ces conditions, et lorsque l'indication est correctement posée, la chirurgie est le plus souvent un succès : elle permet au patient de reprendre une vie de sédentaire actif.
Prothèse de genou : les suites opératoires
L'hospitalisation dure 4 à 5 jours. L'intervention se déroule sous anesthésie générale ou rachianesthésie. Elle est complétée d'une anesthésie locorégionale pour "endormir" la jambe les premiers jours, limiter les douleurs et permettre de mobiliser le genou. Une bonne gestion de la douleur est importante : lorsque l' anesthésie locale s'estompe, des douleurs peuvent apparaitre mais elles sont souvent bien soulagées par la prise d' antalgiques. Le secret pour ne pas souffrir est une bonne communication entre le patient et les équipes médicales sur le niveau de douleur afin d'adapter au mieux le traitement !
Dès le lendemain, le patient est debout et marche avec deux cannes et une attelle qu'il gardera une semaine. " La kinésithérapie du genou très précoce, quotidienne les 3 premières semaines, est impérative et primordiale : le gain de mobilité se fait sur cette période", explique le Dr Philippe Léonard, chirurgien orthopédiste au sein du groupe Hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon à Paris. A l'aide d'un arthromoteur, le kinésithérapeute mobilise passivement l'articulation en flexion et extension. Selon les douleurs, la flexion est progressivement augmentée de jour en jour. Après l'hospitalisation, la rééducation est poursuivie à la maison ou en centre de rééducation pour certains patients. Avant la fin du premier mois, le genou doit plier au moins à 90 °. Les patients sont alors autonomes, montent et descendent les escaliers. L'arrêt de travail est de l'ordre de 2 mois.
Le genou débute ensuite une période de rodage. Il restera 3 à 6 mois chaud, liquidien, réactionnel au gré de l'activité, avant de se normaliser. Toute la difficulté pour le patient est de doser son activité pour maintenir les progrès quotidiens tout en respectant la maturation et la cicatrisation du genou.
Prothèse de genou : les complications
L'infection est " relativement rare, environ 1 % des cas, mais est extrêmement grave ", prévient le Dr Simon Marmor, chef du service d'Orthopédie du groupe Hospitalier Diaconesse Croix Saint-Simon à Paris et du Centre de Référence en infection ostéo-articulaire qui prend en charge les patients infectés. " Si elle survient dans le premier mois post-opératoire, un lavage de l‘articulation est possible. Passé ce délai, il faut changer la prothèse et prendre des antibiotiques pendant 3 mois".
Certains patients présentent un sur-risque d'infection : les diabétiques, les obèses, les patients ayant un mauvais état cutané (dermite, érysipèle) et les fumeurs. Ces derniers doivent arrêter le tabac au moins 6 semaines avant et après l'intervention pour limiter le risque infectieux.
L'infection précoce se manifeste souvent par des anomalies de la cicatrice. Toute articulation inflammatoire (rouge, douloureuse et chaude) avec un écoulement persistant de la cicatrice doit inciter à revoir le chirurgien rapidement : si la ponction de l'articulation, qui permet d'identifier la bactérie (un staphylocoque ou un streptocoque dans 80 % des cas), confirme l'infection, une intervention est alors nécessaire.
L'infection peut également survenir des années après l'intervention, favorisée par le diabète, un cancer, une immunodépression. Elle se manifeste par des douleurs et un épanchement. La porte d'entrée de l'infection est souvent cutanée ( érysipèle, plaie négligée surinfectée), dentaire, urinaire... d'où l'importance pour les patients porteurs de prothèse de soigner tout début d'infection sans tarder.
L'usure de la prothèse de genou
Responsable de douleurs, l'usure de la prothèse peut survenir en 15-20 ans par l'usure du plastique en polyéthylène entre le fémur et le tibia ou le descellement (décollement) de la prothèse. Aucun type de fixation de l'implant (ciment ou implant recouvert d'hydroxyapatite qui fusionne avec l'os) n'a démontré de supériorité dans le temps.
La raideur du genou est favorisée par une raideur préopératoire importante ou une rééducation difficile en post-opératoire. Elle est très gênante si le genou ne fléchit pas à 90 °, angle nécessaire pour rendre confortable la position assise et l'usage des escaliers.
Les douleurs résiduelles, d'intensités variables, peuvent exister, liées à une infection, une prothèse mal posée, une algodystrophie ou parfois sans cause connue.
Les complications générales de la chirurgie peuvent survenir, liées à l'anesthésie ou aux accidents hémorragiques et thromboemboliques ( phlébite ou embolie pulmonaire). Ces derniers sont prévenus par anticoagulation préventive pendant 35 jours et port de bas de contention le premier mois post-opératoire. Heureusement, l'intervention est le plus souvent une réussite !