L'incontinence est un phénomène beaucoup plus fréquent qu'on ne l'imagine. Encore honteux aux yeux du grand public et même des personnes qui en souffrent, ce trouble n'est pas seulement réservé aux personnes âgées. Découvrez les chiffres et les différentes formes de ce dernier tabou.
Selon l'Agence nationale d'accréditation en santé 1, l'incontinence urinaire est un problème de santé publique en raison de la fréquence et du coût socio-économique de ce handicap.
Qu'est-ce que l'incontinence urinaire ?
L'incontinence est définie par la perte involontaire d'urine entraînant un problème social et hygiénique. Selon les différentes études épidémiologiques, on estime qu'entre 3 et 3,5 millions de personnes sont confrontées à ce problème en France. Les femmes sont les plus touchées et représentent 70 % des personnes incontinentes. Ramenées à la population générale, elles seraient 10 à 20 % concernées par ces fuites urinaires 2. Même si l'incontinence est plus fréquente chez les plus de 55 ans, elle n'est pas absente chez les plus jeunes.
Selon une récente étude conduite au niveau international sur plus de 8 000 personnes 3, le lien entre l'âge et l'incontinence est apparent chez l'homme mais beaucoup moins chez la femme.
40-49 ans | 50-59 ans | 60-69 ans | 70-79 ans |
|
---|---|---|---|---|
Hommes | 10.6 |
19.0 |
30.5 |
40.4 |
Femmes | 15.5 |
18.2 |
23.8 |
28.7 |
La population à risque regroupe donc :
- Les femmes seniors ;
- Les femmes jeunes ayant vécu un accouchement ou une hystérectomie 4 ;
- Les hommes ayant subi une intervention pelvienne ou qui consultent pour des troubles mictionnels ;
- Et enfin, les patients institutionnalisés, alités ou grabataires.
Mais d'autres facteurs de risque existent. Pour en savoir plus, lire notre article sur le sujet.
Les différents types d'incontinence
Selon l'Agence nationale d'accréditation en santé (ANAES), deux principaux types d'incontinence sont à distinguer :
- L'incontinence urinaire liée à l'effort : Ce type d'incontinence est un problème mécanique. Elle se caractérise par une faiblesse des muscles du périnée et du sphincter urinaire qui maintiennent fermée la vessie et empêchent naturellement les écoulements d'urine. Lorsque ces muscles ne peuvent plus assurer leur fonction, une augmentation de la pression abdominale (toux, éternuement, effort physique, rire) peut occasionner des fuites.
- L'incontinence liée à une hyperactivité vésicale : Ce type d'incontinence se manifeste par des envies pressantes (impériosités) que l'on ne peut réprimer. Le problème n'est pas mécanique mais met en jeu la vessie, qui se contracte trop tôt et sans raison. Résultat : des envies très handicapantes d'uriner survenant de manière intempestive. Cette hyperactivité vésicale peut cacher une maladie (infection urinaire, polype, calcul dans la vessie, inflammation vaginale ou des affections neurologiques).
- L'incontinence urinaire mixte : L'association d'une incontinence d'effort et d'une incontinence par vessie instable est décrite comme une incontinence mixte. Selon un rapport de l'ANAES 5, "l'incontinence urinaire d'effort (IUE) est la forme la plus fréquente d'incontinence urinaire. Elle est associée dans un tiers des cas à une impériosité mictionnelle, définissant l'incontinence mixte".
- Enfin, l'incontinence par regorgement est la forme la plus fréquente chez l'homme. Due à une perturbation de la fonction d'évacuation de la vessie (par augmentation du volume de la prostate par exemple), elle engendre un trop plein, qui peut conduire à un affaiblissement du muscle vésical, entraînant des fuites permanentes d'urine par gouttes. Lorsque l'origine de l'incontinence est inconnue, on parle d'incontinence psychogène ou idiopathique.
L'essentiel en images
Mais il est beaucoup plus facile d'appréhender ces différentes formes de troubles urinaires grâce à quelques schémas. Même si les problèmes mathématiques de plomberie vous ont occasionné quelques cauchemars lorsque vous étiez enfant, vous comprendrez en quelques secondes l'origine de ces fuites.
Vessie normale
Située dans le bassin, la vessie stocke l'urine produite par les reins. Les sphincters agissent comme un robinet et s'ouvrent pour laisser passer l'urine lorsqu'ils reçoivent la commande nerveuse. L'évacuation par l'urètre ne se fait que de manière volontaire.
Incontinence liée à une hyperactivité vésicale
Dans le cas de l'incontinence liée à une hyperactivité vésicale, la vessie est dite hypertonique. C'est-à-dire qu'elle est l'objet de contractions permanentes. La transmission du signal depuis le cerveau vers les muscles de la vessie sont anarchiques et les contractions intempestives entraînent des envies impérieuses d'uriner.
Incontinence liée à l'effort
L'incontinence liée à l'effort est la plus courante, elle résulte de la faiblesse du sphincter urinaire. Les forces d'expulsion liée à une augmentation de la pression pelvienne (effort, toux, éternuement, rire, etc.) sont plus importantes que les forces de retenue du sphincter.
Différencier ces deux types d'incontinence est essentiel pour pouvoir déterminer le traitement le plus approprié : traitement médicamenteux, rééducation ou chirurgie. Mais comme on l'a vu précédemment, ces deux formes de la maladie peuvent coexister.