Comment réagir face aux incivilités ?
Dans le métro, les files d'attentes, dans la rue… Certains agissent comme s'ils étaient seuls au monde, ne prenant en compte que leur bon vouloir. Les "adultes rois", comme les appelle le docteur en psychologie Didier Pleux, sont partout. Comment réagir face à ces incivilités ? On fait le point.
Untel qui hurle dans son portable en plein métro ou qui vous passe devant le nez dans la queue du ciné, le piéton qui se fiche bien que ce soit rouge ou pas et qui traverse, pensant bien sûr que vous allez vous arrêter, l'automobiliste qui jette ses déchets par la fenêtre sans se soucier des autres… C'est un peu comme si la ville était devenue le terrain de jeu favori des "incivils". Le point sur un phénomène grandissant avec Didier Pleux, auteur de De l'adulte roi à l'adulte tyran.
Les causes de l'incivilité
"L'incivilité est une attitude égocentrique au quotidien" explique Didier Pleux. Certaines personnes répondent en majorité au principe de plaisir et d'immédiateté… Sans tenir compte de l'autre. Loin d'être une attitude dilettante ou bohème, il s'agit davantage d'un comportement abusif qui tend à "annuler" l'autre. C'est tout simplement le lien social qui est en jeu.
S'ils parlent haut et fort dans un endroit public, c'est tout bonnement que pour eux, vous n'existez pas. Idem, quand ils stationnent en double file, entravant la circulation. Ce phénomène touche encore une minorité de personnes mais est néanmoins en progression.
Qui sont-ils ?
Certains sociologues érigent notre société de consommation en grande responsable de ce phénomène… Toutefois, cette piste place les "incivils", essentiellement en position de victimes. Pour Didier Pleux, "leur responsabilité est au contraire on ne peut plus engagée". Les enfants roi, sujets de son dernier livre, ont grandi et sont devenus ces nouveaux adultes rois.
"Nous sommes en face d'individus à l'ego survalorisé, uniquement régis par leurs envies, ne supportant pas la frustration… comme des enfants". Ils sont seuls au monde, comme s'ils avaient tiré un rideau entre eux et les autres. À leur décharge, ils n'auraient pas appris le sentiment de l'autre. "En réalité, le lien social s'acquiert" rappelle Didier Pleux. C'est souvent le rôle des parents, d'un enseignant, ou d'une personne important dans notre histoire, d'un conjoint aussi.
Face aux incivilités, ne laissez pas faire
Cela a beau nous énerver, force est de constater que plus ça va, et plus nous laissons couler ! "La tendance actuelle est de rester passif" a constaté Didier Pleux. Les raisons sont nombreuses. À commencer par la peur de se faire rabrouer, voire agresser, verbalement bien sûr… qui va de pair avec la peur de se sentir isolé, car la plupart du temps, les personnes aux alentours la jouent profil bas ! "C'est pourtant une prise de risque nécessaire", insiste notre expert. Continuer à subir favorise ce type de comportement.
On peut laisser faire aussi par lassitude : entre le stress au bureau, les responsabilités à la maison, avouons que nous sommes tentés de ne pas vouloir prendre en charge tous les dysfonctionnements du monde… "Si toutes ces raisons sont valables, rappelons toutefois que ces formes de démission nous rendent complices de cet état des lieux" ajoute notre expert. En prendre conscience doit nous convaincre qu'il est possible d'agir sur ces dictatures au quotidien.
Bien dans son corps, bien dans sa tête !
Les pistes pour plus de courtoisie
Quand on est en butte à ce type de comportement, il est possible de réagir. Et heureusement !
- Affirmez votre désaccord : Vous vous faites griller la priorité ? Osez un "Ah bien excusez-moi mais j'étais là avant vous". Les stratégies classiques d'affirmation de soi sont recommandées. Après tout, les adultes rois vous manquent de respect. S'affirmer est salutaire, à commencer pour soi ;
- Signalez un comportement inadéquat : Vous venez d'être bousculé, signalez-le avec un "je tiens à vous signaler que vous venez de me bousculer". Posez-le comme une observation, sans forcément chercher une réparation. C'est une manière de mettre une limite à ce qui n'est pas acceptable ;
- Dépassez vos peurs du conflit : La plupart du temps, on se tait pour ne pas provoquer d'esclandre. Il faut oser se confronter quand c'est nécessaire, c'est structurant ;
- Engagez-vous, vous êtes concerné.e : Vous avez le choix de contrecarrer le projet de l'autre, de "l'annuler".