Hyperémotivité : qu'est-ce qu'une personne trop émotive ?
Rougir d'un rien, rire aux larmes, bafouiller sans raison, voir rouge... Nos émotions nous assaillent et parfois nous bousculent sans que nous ne puissions rien y faire. Pour ne pas gonfler les rangs des émotifs anonymes, il vaut mieux apprendre à les apprivoiser. Petit guide pour alléger son bagage émotionnel…
"Entre émotivité et hyperémotivité, il n'y a qu'un pas, que beaucoup franchissent" note Isabelle Filliozat 1, psychothérapeute, experte en intelligence émotionnelle. À tout moment de notre vie, nos émotions surgissent et parfois même nous submergent. Nous éclatons de rire, nous nous mettons en colère, nous sommes tristes ou bien avons peur... La plupart du temps, c'est quand on refoule nos émotions qu'elles nous tyrannisent. Pour gagner en équilibre émotionnel, les reconnaître et les exprimer reste sans doute le meilleur moyen pour ne plus en être victime.
Qu'est-ce qu'une émotion ?
Du point de vue physiologique, c'est un phénomène spontané et bref (environ 6 secondes) qui se produit dans notre corps. Dans son livre "Faire face aux émotions" 2, Christiane Chevalier explique que "l'émotion se manifeste par un signal électrique accompagné d'une décharge d'adrénaline et des réactions physiologiques stéréotypées : augmentation du rythme cardiaque, du débit sanguin, transpiration, rougeur, tension musculaire et mimiques faciales…".
Les neurobiologistes précisent que l'événement qui nous touche arrive au centre du cerveau, dans le système limbique exactement, siège cérébral de nos émotions. Puis, il le met en corrélation avec les départements intelligence et souvenirs et grâce à des neurotransmetteurs, le réexpédie vers le système neurovégétatif. Voilà pourquoi nous rougissons et blêmissons.
Bien dans son corps, bien dans sa tête !
Petit guide d'équilibre émotionnel
- Votre boss vous fait une remarque sur un dossier, vous paniquez et vous vous mettez à bafouiller
L'émotion en jeu ? La peur de ne pas être à la hauteur.
"Vous faites ce qu'on appelle en jargon psy, du racket", commente Isabelle Filliozat. Le racket est une espèce de fuite en avant, un refus de prendre ses responsabilités. En clair, vous reproduisez une émotion apprise dans l'enfance grâce à laquelle vous vous sortiez d'une situation difficile. Une fois adulte, il est recommandé de dépasser vos peurs enfantines à commencer par celle de décevoir. C'est bien plus gratifiant que de baisser les bras, surtout que vous avez les capacités de mener à bien ledit projet.
- Vous roulez tranquillement en voiture, si un malotru vous double, vous devenez un vrai charretier
L'émotion en jeu ? Une colère excessive.
Traiter de tous les noms d'oiseaux un automobiliste, même en tort, est un signe de frustration mal gérée. "Cela vient de l'enfance, vous avez du mal avec les limites, alors la voiture est le lieu idéal pour vous défouler", explique Marie-France Ballet de Coquereaumont 3, psychothérapeute. Reste que ça ne sert à rien… Il faut vous y résoudre, vous n'aurez jamais la route pour vous seul(e). C'est l'occasion d'en prendre conscience et d'apprendre à gérer votre frustration et à vous dominer.
- En plein dîner, tout le monde s'épanche sur ses souvenirs d'enfant, les émotions coulent à flots. Pas vous, vous ne ressentez rien
L'émotion en jeu ? Un déni des émotions.
"Si vous n'avez pas de souvenirs d'émotions positives ou autres, c'est que l'expression de vos émotions enfants a été contrariée" commente Christine Chevalier. Par exemple, il a pu arriver que l'un de vos parents vous incite à ne pas trop pleurer votre hamster qui vient de mourir... Ou de vous calmer quand vous exprimez votre joie, avec trop d'entrain. Une fois adulte, vous avez le choix de renouer avec vos émotions. Munissez-vous d'un petit carnet et partez à leur recherche. Notez-les et laissez venir les larmes si besoin. Comme le rire.
- Votre collègue de bureau affiche souvent un petit air de chien battu. Vous l'évitez soigneusement…
L'émotion en jeu ? Des difficultés avec la tristesse.
"Pourtant, la tristesse est une bonne chose, elle favorise une restructuration de la vie en fonction d'une perte" signale Isabelle Filliozat. C'est aussi une occasion de gagner en sensibilité. Engagez la conversation, et rapprochez-vous de lui, sans forcément vous donner comme mission de le dérider. Ça devrait faire fondre votre cuirasse émotionnelle.
- Dans les dîners entre amis, vous ne pouvez pas vous empêcher d'amuser la galerie
L'émotion en jeu ? Une joie excessive.
"Vous vous protégez sans doute. Mais de quoi ?" demande Sarah Serievic 4. Peut-être de tensions latentes autour de la table. Une expression excessive de joie sans raison apparente signale parfois des tensions cachées. Identifiez votre gêne et renouez plutôt avec une émotion véritable, comme la joie d'être ensemble, par exemple. Bien plus saine qu'une joie/bouclier.
- Soirée Karaoké : tout le monde empoigne le micro en riant, pas vous. Vous prétextez que vous chantez comme une casserole
L'émotion en jeu ? La peur du regard des autres.
Vous avez sans doute développé un certain culte du contrôle, pour maîtriser la situation et ne pas vous retrouver à votre désavantage. Résultat, vous aventurer sur un terrain inconnu est une épreuve pire que prendre rendez-vous chez votre banquier après les soldes. Marie-France Ballet de Coquereaumont, spécialiste de l'enfant intérieur préconise de renouer avec la part de l'enfance pour retrouver une expression plus spontanée des émotions. Son conseil : "L'enfant lui s'en fiche, il s'amuse, chante faux et fort… Faites comme lui !"
- 20h30, tranquillement installé.e à la maison, vous recevez un texto : "je débarque avec 3 collègues de bureau !" Vous voyez rouge...
L'émotion en jeu ? Une colère légitime.
La moutarde peut vous monter au nez quand quelqu'un dispose de votre temps sans vous consulter. Exprimer sa colère sur le moment et devant la petite assemblée est tentant, mais pas toujours approprié. "Il faut aussi apprendre à différer" suggère Isabelle Filliozat. Nous pouvons contrôler notre colère à certains moments et la faire sortir à d'autres. Restez dans la courtoisie, même si c'est difficile. Une fois tout le monde dehors, exprimez votre émotion, et les tensions avec… Puis souriez ! Si besoin, programmez un cours d'arts martiaux pour vous défouler le lendemain.
- Vous décrochez un dossier qui vous tient particulièrement à coeur. Vous devriez bondir de joie, au lieu de cela, vous êtes inquiète...
L'émotion en jeu ? La joie coupable.
"C'est encore le poids de la culture qui pèse sur nos épaules" note Simone Mortera 5. Au lieu de nous réjouir d'un succès bien mérité, il arrive parfois que nous entendions un message du genre "ne te réjouis pas trop vite" ce qu'on peut aussi résumer par le dicton "Qui rit vendredi, dimanche pleurera !". Pour un meilleur équilibre émotionnel et pour s'autoriser à ressentir cette émotion positive, il est recommandé de célébrer sa victoire ! Une petite fête avec sa moitié ou des proches permet d'accueillir avec joie la bonne nouvelle.