Age, hormones et insomnie

 Dr Corinne Tutin
Dr Corinne Tutin Médecin et journaliste santé
Mis à jour le 

Validation médicale : 14 mars 2018
Jesus Cardenas
Jesus Cardenas médecin, ancien directeur médical

Avec l'âge, les réveils deviennent volontiers plus fréquents et le temps de sommeil global tend à diminuer. Parallèlement, certaines sécrétions hormonales, qui se produisent essentiellement la nuit, sont réduites. Afin d'étudier ces phénomènes, l'équipe du Dr Eve Van Cauter a analysé, à l'université de Chicago, la qualité du sommeil de 149 volontaires de sexe masculin, dont l'âge variait de 16 à 83 ans.

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Les résultats de cette étude 1 révèlent que la qualité du sommeil s'altère dans des proportions notables, chez les hommes, beaucoup plus tôt qu'on ne le pensait. Ainsi, ils distinguent deux périodes de la vie marquées par ce phénomène.

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Pour mémoire, le sommeil comprend deux phases : le sommeil lent et le sommeil paradoxal ou profond. Ce cycle dure environ deux heures, et se répète en général 4 à 5 fois par nuit.

Le pourcentage de sommeil dit « profond » passe de 18,9% pour les hommes de 16 et 25 ans à 3,4% entre 35 et 50 ans. Cependant, la durée totale de sommeil ne varie pas notablement entre ces deux âges.

Enfin, concernant le passage vers le troisième âge (de 71 à 83 ans), on note un certain fractionnement du sommeil, le temps d'éveil pendant la nuit augmentant, en moyenne, de 28 minutes tous les 10 ans.

Une diminution des taux de l'hormone de croissance

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L'autre découverte particulièrement intéressante de cette étude est d'avoir montré que les modifications du sommeil détectées chez les hommes sont associées à des réductions de la production d'hormones. Ainsi, la production par le cerveau de l'hormone de croissance (dont 60 à 70 % est fabriquée pendant la nuit) semble être étroitement liée à la diminution du sommeil profond.

Ainsi, entre le début de l'âge adulte (16-25 ans) et 35-50 ans, la sécrétion de cette hormone baisse de 75%. La diminution de cette hormone chez les personnes âgées a fait l'objet de nombreuses études 2; elle est associée à la diminution de la masse et de la force musculaire, de l'endurance, à une augmentation de la prise de poids, à une fragilisation des vaisseaux sanguins et à une moins bonne qualité de vie. Les chercheurs pensent alors qu'une modification du niveau de certaines hormones est la conséquence directe de la dégradation du sommeil.

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Faut-il donner de l'hormone de croissance pour combattre le vieillissement ?

Les résultats de cette étude devront bien sûr être confirmés et les effets du sommeil sur le vieillissement devront aussi être analysés auprès des femmes. Mais, s'ils sont attestés, ils pourraient donner des arguments supplémentaires aux personnes qui préconisent l'emploi d'hormone de croissance pour lutter contre la sénescence.

La concentration de cette hormone dans l'organisme est réduite de 60 à 70 % après 60 ans, ce qui engendre des modifications corporelles néfastes, comme une baisse de la masse musculaire, une augmentation de la masse grasse, peut-être aussi une réduction de la densité osseuse.

Or, les données de l'étude du Dr Eve Van Cauter et de ses collaborateurs suggèrent que la restauration d'un sommeil lent de qualité pourrait éviter cette diminution, avec l'âge, des taux de cette hormone, du moins chez l'homme. Aussi peut-on imaginer, à l'inverse, que la diminution des concentrations de l'hormone de croissance est à l'origine des perturbations du sommeil lent. Auquel cas il faudrait donner cette hormone aux hommes à des âges plus précoces car les altérations du sommeil lent ont été notées assez tôt au cours de la vie. Ces traitements hormonaux sont généralement réservés aux hommes de plus de 65 ans.

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Un nouveau champ de recherches

Affaire à suivre, mais le chapitre des relations entre sommeil et hormones chez l'homme ne fait que s'ouvrir ! Nul doute que bien d'autres études seront mises en route pour déterminer comment le traitement des troubles du sommeil peut modifier nos sécrétions hormonales ou, symétriquement, pour analyser comment l'administration d'hormones peut moduler le fonctionnement de notre cerveau.


Révision médicale : 14/03/2018
Jesus Cardenas
Jesus Cardenas médecin, ancien directeur médical
Sources

1 - Eve Can Cauter et coll.; Jama, 16 août 2000, vol 284, n° 7.

2 - De nombreuses études existent à ce sujet néanmoins on peut en citer quelques-unes :

  • O'Connor KO, Stevens TE, Blackman MR ; GH and aging ; Juul A, Jorgensen JO, eds. Growth Hormone in Adults. Cambridge, England: Cambridge University Press; 1996:323-366.
  • Seeman TE, Robbins RJ ; Aging and hypothalamic-pituitary-adrenal response to challenge in humans. Endocr Rev. ;1994;15:233-260.
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