Kératite : causes, symptômes et traitements
La kératite ou l'inflammation de la cornée est le plus souvent liée à une infection. Les porteurs de lentilles souples sont en première ligne, notamment en cas d'erreur d'entretien ou de manipulation de ces dernières. Revenons sur les symptômes, les traitements et les meilleurs moyens de prévention.
La cornée est une membrane transparente et superficielle de l’œil. Elle est donc la première touchée en cas d'agression (par des microbes, des corps étrangers, une bombe lacrymogène, etc.).
Définition
D'une épaisseur de l'ordre du demi-millimètre, la cornée se compose de 5 couches de cellules. Généralement, seule la première couche est touchée (kératite superficielle). Comme elle comporte jusqu'à 60 fois plus de filets nerveux que les dents, son atteinte est toujours très douloureuse ! On parle de kératite lorsqu’il existe un phénomène aigu atteignant la cornée donnant lieu à une inflammation.
Il existe trois types de kératites : la kératite bactérienne, la kératite herpétique et la kératite dite d'exposition.
La kératite constitue un motif fréquent de consultation, en particulier chez les porteurs de lentilles souples qui les utilisent en port prolongé. On compte 6,8 kératites pour 10 000 porteurs de lentilles flexibles (les plus rigides) et 4 fois plus chez les porteurs de lentilles souples en port prolongé.
Symptômes
Les principaux signes d'appel sont :
- Des douleurs aux yeux ;
- Un larmoiement ;
- Une sensation de corps étranger dans l'oeil ;
- Des difficultés à supporter la lumière ;
- Une rougeur occulaire est également possible ;
- Une diminution de l'acuité visuelle ;
- En cas d'atteinte profonde de la cornée s'ajoute une baisse de la vision.
C'est surtout la douleur, intense, qui motive la visite chez un ophtalmologue en urgence : le port de lentilles devient impossible. Pour autant, la douleur n'est pas proportionnelle à la gravité et lorsqu'elles sont correctement prises en charges, la grande majorité des kératites guérit vite et sans séquelle.
Causes
Une infection de la cornée en est généralement à l'origine d'une kératite. Par exemple, il peut s'agir d'un herpès virus (virus herpès simplex) ou, dans des cas plus rares, de la conséquence de traumatismes physiques (égratignures, corps étrangers ou objets reçus au niveau de l’œil). L'infection peut être d'origine bactérienne (on parle alors de kératite bactérienne) ou virale (kératite herpétique). Elle peut aussi être liée aux rayonnements (kératite d'exposition). La kératite est favorisée par le port de lentilles.
Rarement, une kératite est due à un parasite : l'amibe. Ce parasite est contracté par un porteur de lentilles qui se sert de l'eau du robinet pour rincer cette dernière, au lieu d'un produit stérile conseillé par le fabricant. Or les kératites amibiennes peuvent aboutir à un abcès dont il est très difficile de se débarrasser.
Diagnostic
L'examen de la cornée retrouve une ou plusieurs ulcérations à sa surface.
- Qui consulter ? Le généraliste n'étant pas équipé pour regarder la cornée à la lumière bleue de l'ophtalmoscope, après instillation d'une goutte de colorant fluorescent (test à la fluorescéine), mieux vaut consulter d'emblée l'ophtalmologue. Il y en a un de garde dans les centres hospitalo-universitaires (CHU) ;
- En quoi consiste le bilan ? L'examen de la lampe à fente permet de visualiser la cornée : toutes les petites lésions à sa surface apparaissent en jaune vif, alors que les zones de cornée intactes, restent claires. L'ophtalmologue peut ainsi apprécier le nombre et la taille des érosions.
Traitements
Le traitement est celui de la cause : antibiotique, antiviral, cicatrisant et/ou larmes artificielles selon les cas.
- Il est interdit de porter des lentilles jusqu'à la guérison complète de la kératite ;
- En attendant de voir l'ophtalmologiste, un lavage au sérum physiologique ou avec un produit de lavage oculaire permet de retirer d'éventuels corps étrangers (poussière, débris de végétaux). C'est même indispensable en cas d'agression par un gaz lacrymogène, pour éliminer le plus possible ce produit ;
- L'ophtalmologiste prescrit des collyres antibiotiques en cas d'infection bactérienne ou un antiviral tel que l'aciclovir s'il s'agit d'un herpès virus. Les kératites amibiennes sont très difficiles à traiter, les antiamibiens ne donnant des résultats qu'à un stade précoce ;
- Enfin, une pommade cicatrisante est souvent utile pour accélérer la guérison.
Prévention
Un meilleur respect des consignes d'entretien des lentilles est indispensable. Qu'il s'agisse de lentilles colorées ou/et correctrices, les règles de sécurité sont identiques. Il est impératif de :
- Respecter la durée de port recommandée ;
- Respecter la fréquence de renouvellement indiquée ;
- Bien se laver les mains au savon avant de manipuler ses lentilles ;
- Les nettoyer uniquement avec des produits adaptés, mais ne jamais les passer sous l'eau du robinet sous peine d'infection par des parasites (les amibes) ;
- Ne pas les porter pour dormir, sauf accord de l'ophtalmologiste ou lentilles à port hebdomadaire ou mensuel ;
- Si vous vous maquillez, il faut le faire après avoir mis ses lentilles, de préférence avec des produits de maquillage spécialement prévus à cet effet (gamme Eye Care) et sans mettre de trait de crayon à l'intérieur de l’œil. En revanche, il faut se démaquiller seulement après avoir retiré ses lentilles ;
- Que l'on porte des lentilles ou pas, on doit enfin protéger sa cornée contre les corps étrangers (lunettes de soleil contre les grains de sable, lunettes protectrices pour bricoler ou jardiner) et traiter très vite toute conjonctivite avant qu'elle n'atteigne la cornée ;
- Les personnes qui manquent de larmes doivent recourir plusieurs fois par jour aux larmes artificielles. Attention également à la climatisation mal réglée qui a tendance à dessécher toutes les muqueuses, y compris celles de l’œil.
Traitements naturels
Elles ne doivent pas retarder le traitement, surtout s'il s'agit d'une kératite herpétique ou amibienne.
L'usage traditionnel est de suivre à la lettre les indications de l'ophtalmologiste et de s'en tenir à ces dernières pendant toute la phase aiguë du traitement. Par la suite, s'il persiste une petite inflammation ou une sensation d'inconfort (mais que les structures de l’œil sont intègres) et seulement après avis du phytothérapeute et de l'ophtalmologiste, on peut utiliser des larmes artificielles ou un collyre à 2 % de décoction d'Euphraise, une plante connue pour ses vertus anti-inflammatoires au niveau de l’œil.
Le collyre peut également contenir du plantain, du bleuet et de la camomille.