Malgré les nombreux moyens de contraception, le nombre d'interruptions volontaires de grossesse reste élevé en France. Selon une étude, deux tiers de ces grossesses non désirées surviendraient chez des femmes sous contraception. Mauvaise utilisation, méthode inadaptée… Quelles sont les solutions ?
Si la pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé en France, elle ne convient pas à toutes les femmes. Pour trouver une contraception efficace et adapté, d'autre méthodes sont disponibles comme le DIU, l'implant, le préservatifs, etc.
Deux tiers des grossesses non désirées chez des femmes sous contraception
En 2003, un groupe d'étude coordonné par les docteurs Nathalie Bajos et Nadine Job-Spira a interrogé 14 704 foyers français choisis au hasard, les auteurs ont retenu les 1 034 femmes ayant subi un avortement dans les cinq années précédentes ou dont la dernière grossesse n'était pas désirée. Parallèlement, 1 829 autres ont également été retenues à titre de comparaison (groupe témoin). Ainsi, 2 863 questionnaires ont été renseignés.
D'après les résultats :
- 65 % des grossesses non désirées surviennent chez des femmes sous contraception ;
- 33 % des grossesses n'étaient pas planifiée et la moitié d'entre-elles aboutit à un IVG ;
Si l'on détaille ses résultats, on peut constater que près d'un quart de ces grossesses non-désirées interviennent chez des utilisatrices de la pilule. Le plus souvent (60 % des cas), la raison de l'échec de contraception vient d'une prise trop tardive ou d'un oubli. Mais 18 % invoquent une maladie, des vomissements ou la prise d'un médicament ayant un effet adverse. Enfin, 21,4 % n'ont pas d'explication.
Un autre quart des grossesses non désirées est dû à l'utilisation d'une méthode naturelle (température, Ogino, retrait). Erreur de date, partenaire se retirant trop tard… le caractère aléatoire de ces techniques est aisément compréhensible.
Le dispositif intra-utérin (stérilet) est également impliqué dans 8,7 % des grossesses non désirées. Les causes avancées sont variées (mal placé, tombé, interaction médicamenteuse…) mais dans plus de la moitié des cas, la véritable raison reste inconnue.
Enfin, les adeptes du préservatif représentent 12 % des grossesses non désirées. Dans un cas sur deux, le préservatif a glissé ou s'est déchiré.
Pour connaître les résultats complets de l'étude, vous pouvez vous reporter au tableau ci-dessous :
Méthode contraceptive utilisée lors de la dernière grossesse non-désirée et raisons de l'échec
Méthode contraceptive | Proportion parmi les grossesses non-désirées (897) | Raisons de l'échec et proportion pour chacune d'elle |
|
---|---|---|---|
Pas de contraception |
34,9 |
NA |
NA |
Pilule |
20,9 |
Prise trop tardive ou oubli |
60,3 |
Maladie, médicament |
10,6 |
||
Vomissements |
7,7 |
||
Pas d'explication |
21,4 |
||
Stérilet |
8,7 |
Mal placé ou tombé |
31,1 |
Maladie, médicaments |
11,3 |
||
Pas d'explication |
57,6 |
||
Préservatif |
11,8 |
Glissé ou déchiré |
52,9 |
Pas de contraception cette fois |
28,1 |
||
Pas d'explication |
19 |
||
Méthodes naturelles (température, retrait, etc.) |
21,8 |
Mauvaise date |
26,2 |
Partenaire se retirant trop tard |
67,1 |
||
Pas d'explication |
6,7 |
||
Méthodes locales (spermicides, etc.) |
1,4 |
Utilisation incorrecte |
32 |
Pas de contraception cette fois |
51,9 |
||
Pas d'explication |
16,1 |
||
Autres méthodes |
0,6 |
NA |
NA |
Sources : Human Reproduction, Vol. 18, No. 5, 994-999, Mai 2003
Comment améliorer cette situation ? Les auteurs de l'étude avancent plusieurs pistes parmi lesquelles une meilleure prise en compte des particularités de chaque femme lors de la prescription.
Une contraception plus adaptée
Une grossesse non planifiée sur trois résulte d'un usage non-régulier de la contraception pour lequel les femmes donnent plusieurs explications. La plus importante parmi les 12 proposées par le questionnaire est qu'elles pensaient qu'il n'y avait pas de risque de grossesse (63,6 %). Et une sur huit déclarait qu'elle ne savait pas où aller pour être conseillée.
Le Dr Bajos déclare ainsi : "Ce que cette étude nous montre très clairement est qu'il existe une inadaptation entre les besoins contraceptifs d'une femme et la méthode qu'elle utilise". Selon les auteurs, il est essentiel de différencier l'efficacité théorique et l'efficacité pratique de chaque méthode contraceptive pour une femme, une relation et un moment particulier.
Ces résultats montrent que la contraception reste un problème majeur en France. Selon cette enquête, la solution résiderait moins dans l'accessibilité que dans l'efficacité et l'adaptation d'une méthode contraceptive personnalisée. Le choix de tel ou tel dispositif devrait être le résultat de l'interaction entre le professionnel de santé et sa patiente. "Quand un médecin prescrit un contraceptif, il ne devrait pas uniquement penser à l'efficacité théorique, mais également tenir compte de la vie affective, sociale et sexuelle de chaque femme", déclare le Dr Bajos.
Comment choisir sa contraception ?
Trouver la contraception la plus efficace pour soi, ça passe par 4 étapes :
- Se poser des questions au sujet de ses envies, de ses besoins, de son mode de vie
- Etre au clair sur sa situation médicale et ses antécédents médicaux
- Etre conseillé par un professionnel de santé (médecin, pharmacien, sage-femme, infirmière scolaire)
- Choisir, en connaissance de cause, la contraception la plus adaptée à sa situation.
Ainsi, bien que la pilule soit théoriquement très efficace, elle peut ne pas être adaptée aux femmes ayant des relations sexuelles irrégulières ou dont le style de vie handicape la prise quotidienne (voyages fréquents, décalages horaires) ou encore aux femmes qui fument.
L'usage du préservatif est conseillé à toutes les personnes n'ayant pas de relation stable et de confiance. Sachez que le préservatif est le seul moyen d'être protégé à la fois du sida, des IST et des grossesse non-désirée. Ainsi, à l'adolescence, la double protection est vivement recommandée. A noter : si vous êtes en couple, pensez à faire les tests de dépistages avant d'arrêter le préservatif.
Si vous avez tendance à oublier votre pilule, privilégiez une méthode contraceptive avec une longue durée d'action comme le DIU hormonal ou au cuivre, le patch contraceptif ou encore l'implant. Sachez que la pose d'un stérilet peut être effectuée chez les jeunes femmes qui n'ont pas encore eu d'enfant.
Si votre méthode contraceptive ne vous convient pas, n'hésitez pas à en parler à un professionnel de santé pour en changer.
En fonction de l'âge votre contraception peut changer, n'hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou lisez notre article "Quelle contraception choisir en fonction de son âge ?"