Chez toutes les femmes ménopausées, une fracture doit faire penser à l'ostéoporose. Mais l'idéal serait d'agir avant cet accident. Le 1 er juillet 2006, le remboursement d'un examen de dépistage pourrait réellement changer la donne.
Ainsi, une femme sur trois de plus de 50 ans sera victime d'une fracture. Les conséquences médicales et économiques font de cette maladie un problème de santé publique, dont la prise en charge par les autorités sanitaires a récemment changé.
Des chiffres alarmistes
"J'ai fait une chute de la hauteur d'un petit tabouret de deux marches et. impossible de me relever ; fracture du col du fémur". En quelques mots, on comprend la détresse de ce témoignage du film "Un nouvel espoir pour les femmes ostéoporotiques" présenté dans le cadre du MEDEC par les laboratoires MSD. Alors que la plupart des femmes sont conscientes de la dangerosité de cette maladie, elles sont peu nombreuses à se sentir concernées. L'ostéoporose n'est pas réservée aux femmes très âgées. Dès la ménopause, la protection qu'offraient les hormones féminines cesse et le capital osseux décline rapidement. Attention, toutes les femmes ne développeront pas cette maladie.
Mais on connaît aujourd'hui certains facteurs de risque : l'âge, des facteurs génétiques, un poids trop faible, des facteurs alimentaires, le tabagisme, une trop grande sédentarité… (voir notre article " Ostéoporose : qui est à risque ?"). Selon le Dr Elisabeth Confavreux du service de rhumatologie et de pathologie osseuse de Lyon, certains chiffres donnent une idée d'une réalité inquiétante :
- 1,6 millions de fractures du col du fémur par an dans le monde ;
- en France, 30 % des femmes de plus de 50 ans, 50 % des plus de 75 ans sont atteintes d'ostéoporose ;
- En France, on compte chaque année 190 000 nouvelles fractures ostéoporotiques ;
- Selon une étude de la fédération internationale de l'ostéoporose présentée au parlement européen, seules 19 % des femmes victimes de fractures sont actuellement traitées pour l'ostéoporose ;
- Deux ans après une fracture du col du fémur, 36 % des femmes et 48 % des hommes étaient décédés, 20 % nécessitaient une prise en charge dans un établissement spécialisé et seulement 33 % avaient totalement retrouvé leur autonomie ;
- Economiquement, cette maladie n'est pas non plus anodine puisque le coût des fractures liées à l'ostéoporose est estimé à un milliard d'€uros par an.
Avec l'augmentation de l'espérance de vie, nous sommes aujourd'hui à l'aube d'une véritable explosion. Malgré ces risques élevés, les femmes diagnostiquées et suivies de manière préventive sont peu nombreuses, alors que des traitements ont fait leurs preuves.
Une prise en charge en amélioration
Aujourd'hui des traitements permettent de stopper ou de limiter la perte osseuse, de renforcer les os et de réduire le risque de fracture. Mais avant le 1er juillet 2006, la prise en charge de cette maladie souffrait en France d'un incroyable paradoxe : l'examen de dépistage de cette maladie n'était pas remboursé, tout comme les médicaments qui ne le sont qu'après la première fracture, un peu comme si l'on ne remboursait les médicaments contre l'hypertension qu'après le premier infarctus. Mais depuis le 1er juillet 2006, l'ostéodensitométrie est remboursée à 70 %, sur la base d'un tarif fixé à 39,96 euros. La prise en charge de cet examen de dépistage s'adresse à tous les patients présentant des facteurs de risques (un traitement ou une maladie pouvant entraîner une ostéoporose -par exemple, prise de corticoïdes de façon prolongée, ménopause précoce) ou une forte présomption d'ostéoporose (fracture sans traumatisme majeur par exemple). A l'arrêt d'un traitement contre l'ostéoporose ou bien 3 à 5 ans après le premier examen, une deuxième ostéodensitométrie peut être nécessaire. Celle-ci sera à nouveau remboursée à 70 %.
Depuis 2007, les médicaments sont remboursés dès que le diagnostic d'ostéoporose est établi par ostéodensitométrie. La prévention des fractures passe aussi par des changements d'habitudes (diminution de la consommation d'alcool et de tabac, nutrition équilibrée et exercice physique) et un traitement (calcium, vitamine D, hormones pour femmes ménopausées). Affaire à suivre, donc…