Fièvre ou diarrhée après un retour de vacances : quelles causes ?
Il est fréquent de présenter une fièvre ou une diarrhée à son retour de vacances. Si vous revenez des Tropiques notamment, soyez prudent. Mais n'évoquez pas le pire pour autant. La majorité des fièvres et des diarrhées des voyageurs ont des causes banales et facilement guérissables.
Les vacances ont été excellentes. Mais, voici que le retour est gâché par quelques petits problèmes de santé. Pas de panique ! Ces symptômes peuvent être causés par différentes raisons, dont les causes sont souvent banales mais tout de même à surveiller. Petit inventaire.
Diarrhée : une simple turista, mais pas toujours
Si vous avez une diarrhée, il s'agit probablement d'une banale turista qui survient de façon retardée. Les traitements sont les mêmes que pour une diarrhée aiguë :
- La réhydratation par voie orale (eau, sucre et sel) ;
- Un antiseptique intestinal ;
- Un antidiarrhéique : lopéramide, Smecta...;
- Un antispasmodique en cas de douleurs abdominales.
Si cette diarrhée au retour de voyage persiste plus de quarante-huit heures ou s'accompagne de fièvre, de glaires, de pus ou de sang dans les selles, il faut consulter un médecin.
Infection parasitaire
Si vous revenez d'Afrique ou d'Asie et souffrez de diarrhée persistante, une infection transmise par des parasites comme les amibes peut aussi être en cause. Certaines de ces diarrhées peuvent provenir d'une infection à shigelles ou d'une infection à salmonelles, consécutive à l'ingestion de nourriture contaminée. Dans tous les cas, une analyse des selles permettra d'établir le diagnostic.
"Boil it, cook it, peel it"
Ces infections qui entraînent la diarrhée surviennent plus volontiers dans la première semaine du voyage. La plupart des personnes touchées ont été imprudentes et n'ont pas suivi la règle "boil it, cook it, peel it or forget it" ("il faut le faire bouillir, le cuire, l'éplucher, ou l'oublier") à propos des aliments et de l'eau.
Fièvre : éliminer un paludisme en premier lieu
La fièvre au retour d'un voyage en zone tropicale est de plus en plus fréquente avec l'essor du tourisme, et elle peut se manifester des semaines ou des mois après le retour. Il est important d'écarter tout soupçon de paludisme, une affection fébrile aiguë due à des parasites transmis à l’homme par des piqûres de moustiques infectés. En France métropolitaine, en 2015, on dénombrait 4750 cas de paludisme d'importation, un chiffre en nette augmentation depuis plusieurs années1.
On soupçonne le paludisme si :
- Vous revenez d'une zone infestée par cette maladie parasitaire ;
- Vous ne vous êtes pas protégés contre les piqûres de moustique ;
- Vous n'avez pas pris les médicaments préventifs tout au long du séjour.
Il vous faudra alors rechercher la présence du parasite à l'origine de la maladie, le Plasmodium, dans le sang. Le paludisme nécessite un traitement curatif, détaillé dans cet article.
Fièvre : le chikungunya, la dengue ou le virus Zika
Selon le lieu où vous avez séjourné, ces virus sont aussi à envisager dans le cas de fortes fièvres et de syndrome grippal à votre retour de vacances.
Chikungunya
Le chikungunya est un virus transmis par les moustiques du genre Aedes, que l’on retrouve en Afrique de l'Est mais aussi en Asie du Sud-est et dans le sous-continent indien. Quelques cas autochtones ont été signalés dans le sud de la France. Les symptômes passent par des douleurs articulaires, parfois des éruptions cutanées, ou même des hémorragies bénignes (gencives, nez). Le traitement est symptomatique : il repose sur la prise d'antalgiques et d'anti-inflammatoires qui permettent de soulager les douleurs.
En présence de signes évocateurs de la maladie, il est important de consulter un médecin.
Dengue
La dengue est également transmise par une piqûre de moustique. Ce virus se retrouve surtout dans le Sud-Est asiatique, dans le Pacifique, en Amérique du Sud et en Afrique. En plus d’une fièvre élevée, la personne infectée présente un ralentissement du rythme cardiaque, des céphalées, des douleurs musculaires et des courbatures. Parfois, des éruptions cutanées peuvent aussi apparaître. Il existe une forme plus grave, la dengue hémmoragique, qui touche principalement les enfants dans certaines régions du monde : Asie du Sud-Est, Australie, Iles du Pacifique, Cuba, Guyane française, certaines régions d'Amérique Latine.
Zika
Un autre virus transmis par un moustique fait aussi de plus en plus parler de lui : le virus zika. Il est transmis par un autre moustique Aedes : l’Aedes albopictus, le fameux moustique-tigre. Très proches du chikungunya, les symptômes du virus Zika sont similaires aux autres virus transmis par des moustiques : fièvre importante, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires, etc. Dans de rares cas, des complications neurologiques peuvent survenir, comme le syndrome de Guillain-Barré.
Les traitements de ces virus sont seulement symptomatiques : prise de médicaments contre la fièvre et les douleurs (paracétamol ou anti-inflammatoires non stéroïdiens). Il est recommandé aux patients de boire beaucoup d’eau pour compenser la déshydratation liée aux fortes fièvres.
Fièvre, toux sèche, courbatures : et si c'était la grippe ?
Ce genre de symptômes évoque un symptôme grippal, plus fréquent si vous revenez d'un pays pendant lequel la saison est hivernale. Il peut s'agir d'une grippe saisonnière, mais aussi de la grippe A (H1N1), virus pandémique depuis la fin du printemps 2009, responsable d’un syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).
La grippe A touche préférentiellement les sujets jeunes et est, comme la grippe saisonnière, à risque de complications en cas de santé plus fragile (nouveau-nés, grossesse, maladie chronique, asthme sévère, baisse de l'immunité, etc.). Le traitement, après consultation du médecin généraliste et en l'absence de complications, repose sur le paracétamol et éventuellement un antiviral en fonction du contexte.
Le virus respiratoire MERS-CoV
Depuis 2012, un autre type de virus respiratoire a fait son apparition : le MERS-CoV (pour coronavirus responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient). Cette affection virale apparue en Arabie Saoudite présente des symptômes similaires au SRAS : fièvre, toux et difficultés respiratoires. Une pneumonie peut aussi survenir, mais pas toujours. Des symptômes gastro-intestinaux, dont la diarrhée, ont également été signalés. Pas de panique quant à ce virus pour autant : aucun cas n’a été recensé en France à l’heure actuelle.
Fièvre : possibilité d'infection du tube digestif, des poumons ou de la peau
La fièvre peut être causée par des infections digestives, respiratoires ou cutanées. Citons parmi les plus courantes :
- Les hépatites virales A qui se transmettent par l'eau et les aliments souillés ;
- Les hépatites B qui se propagent par voie sexuelle (ces deux formes d'hépatite sont à redouter si vous n'êtes pas vacciné) ;
- Les pneumonies à pneumocoque, ou même la tuberculose, ne sont pas rares non plus à un retour de voyage ;
- Certaines infections de la peau à staphylocoques ou à streptocoques et les MST (syphilis, gonococcies, VIH).
Dans les autres cas, il pourra s'agir de maladies propres aux pays tropicaux comme les :
- Les leishmanioses ,
- Les rickettsioses ;
- La fièvre jaune ;
- Des affections parasitaires comme la bilharziose, la filariose, etc.
Les précautions à prendre en voyage
La liste des dangers infectieux qui menacent le voyageur est relativement longue. Pour éviter ces ennuis, il est important de faire plusieurs choses :
- Vérifier ses vaccinations (fièvre jaune, hépatites, typhoïde...) avant le départ ;
- Bien prendre ses médicaments contre le paludisme ;
- Surveiller attentivement son alimentation et la qualité de l'eau.
Pour éviter tout risque de contamination en voyage, Santé Publique France (anciennement inVS) met en avant plusieurs recommandations préventives à l'attention des voyageurs1 :
- Se laver souvent les mains, avant les repas et avant toute manipulation d’aliments, et après passage aux toilettes ;
- Ne consommer que de l’eau en bouteille capsulée (bouteille ouverte devant soi), ou à défaut rendue potable par ébullition (1 minute à gros bouillons) ou par la combinaison d’une filtration ;
- Éviter les glaçons et les jus de fruits frais préparés de façon artisanale ;
- Ne pas consommer d’eau en sachet ;
- Ne consommer que du lait pasteurisé ou bouilli ;
- Peler les fruits soi-même après s’être lavé les mains ;
- Éviter les crudités, les coquillages, les plats réchauffés ;
- Éviter les sorbets et les crèmes glacées ;
- Éviter de consommer de la nourriture vendue dans la rue (sauf si elle est bien cuite et le récipient encore fumant) ;
- Éviter les buffets froids des restaurants ;
- Bien cuire les œufs, les viandes, les poissons et les crustacés ;
- Se renseigner localement sur les risques de toxicité des poissons de mer (risque de ciguatera).