Méditation : Qu’est-ce que le zazen ?
Le zazen est la méditation historique du bouddhisme. Pratiquée régulièrement, cette position semblable à celle des statues de Bouddha amène à plus de calme face aux événements stressants de la vie quotidienne.
Le zazen est une méditation qui se pratique assis, "zen" signifiant "méditation" et "za" "assise". Cette pratique est originaire d’Inde, pays du bouddhisme historique, où elle a vu le jour il y a 2 500 ans. Depuis, elle s’est répandue dans le monde, en Chine, au Japon, en Occident et s’est enrichie de ces diverses influences au fil des siècles en conservant une base commune. C’est le moine Taisen Deshimaru, un maître bouddhiste zen japonais, qui a introduit la pratique du zen en Europe et notamment en France (il vécut à Paris) à partir de 1967 jusqu’à sa mort en 1982.
Zazen : quelle est la position adéquate ?
Toutes les méditations ne sont pas semblables. La méditation zazen se caractérise avant tout par une posture assise bien déterminée. "On place un coussin sous ses fesses pour basculer le bassin vers l’avant et on s’assoit bien droit, les jambes croisées avec les genoux qui touchent idéalement le sol. Mais chacun fait en fonction de son corps et de ses capacités. On adopte la position du lotus comme la statue de Bouddha ou du demi-lotus", explique Pierre Crépon, disciple de Taisen Deshimaru, fondateur du temple Kokaiji à Vannes et auteur de "L’art du zazen" aux éditions Albin Michel.
La position du lotus consiste à avoir les jambes croisées avec le pied gauche sur la cuisse droite et le pied droit sur la cuisse gauche. Dans la position du demi-lotus, un seul pied repose sur la cuisse opposée, l’autre est au sol. Dans la posture zazen, la main gauche est posée dans la main droite au-dessus des cuisses et les deux pouces se touchent horizontalement. Le nez, la colonne vertébrale et le nombril sont alignés à la verticale. On se tient naturellement droit. La bouche est fermée, les yeux mi-clos, la respiration se fait doucement par le nez et on reste sans bouger en silence.
Comment pratiquer le zazen ?
L’idéal est de s’initier au zazen au sein d’un groupe dans un dojo ou un temple. L’Association Zen Internationale propose des lieux de pratique sur son site Internet. Cela permet de s’assurer que l’on adopte la bonne position et de bénéficier d’une atmosphère favorable à la pratique, d’avoir un responsable pour annoncer le début et la fin de la méditation.
La séance dure généralement 1 heure : une première partie de zazen de 25 mn suivie de 5 mn de marche puis de nouveau 30 mn de zazen. Mais les modalités peuvent varier selon les groupes. Il est également possible de s’adonner au zazen tout seul lorsque l’on est habitué, la durée est alors flexible.
Pierre Crépon suggère de commencer par deux séances hebdomadaires accompagnées pour bien s’imprégner de la pratique zazen et en ressentir les bienfaits. Entre deux séances, on pourra pratiquer le zazen aussi souvent que souhaité pendant 10-15 mn.
Zazen : Une démarche spirituelle
La pratique du zazen ne vise pas à atteindre un but particulier. "A la différence de d’autres méditations, on insiste sur la posture et il n’y a pas d’objet de pensée particulière, d’image, de mantra, de partie du corps à ressentir… On ne cherche pas à éliminer ses pensées mais on les laisse passer sans y attacher d’importance", précise Pierre Crépon.
Selon lui, ce n’est pas une pratique de bien-être ou de développement personnel mais une démarche spirituelle. Bien que ce ne soit pas un but en soi, la méditation zen possède des effets secondaires bénéfiques. Elle apporte notamment un équilibre général, une force face aux éléments stressants. "On développe un centre en soi, on devient centré et on s’éveille. Des études avec des électrodes placées sur le crâne ont révélé qu’une personne adepte de zazen avait une réaction plus forte quand elle entendait un bruit mais revenait aussi plus vite à la normale. On ne devient pas insensible mais plus résilient naturellement, on relativise plus vite", explique le spécialiste. Seule une pratique régulière sur le long terme amène cet état d’esprit et cette force intérieure.
Zazen : Une sagesse face aux désirs
Le zazen s’inscrit dans une tradition bouddhique zen. Même s’il n’est pas nécessaire d’être bouddhiste pour le pratiquer, il est possible d’approfondir sa démarche en découvrant les enseignements zen pour s’engager plus pleinement dans une certaine réalisation spirituelle. "C’est découvrir que le but la vie n’est pas le fait d’acquérir des biens matériels ou de satisfaire tous ses désirs. Les personnes qui ont beaucoup de biens ne sont pas plus heureuses, elles ont autant de problèmes que les autres même si ce ne sont pas les mêmes. La vie c’est autre chose que posséder et c’est à chacun de s’en approcher à sa façon avec son bagage. Mais cet autre chose est assez semblable pour chacun de nous", confie le disciple de Taisen Deshimaru.
En pratiquant le zazen, on ne cherche pas à se retirer du monde mais à être dans de meilleures dispositions pour réaliser cette démarche dans sa vie quotidienne. Plusieurs disciplines du zen sont considérées comme des voies (« do ») spirituelles comme la calligraphie, l’art floral, le thé, les arts martiaux… "Le zazen est le cœur de cette approche, il n’est pas distant du reste de la vie. Il n’a pas une vision négative du monde et n’est pas coupé des désirs non plus. Il amène juste à rester tranquille face à ceux-ci", conclut Pierre Crépon.