L’Anses alerte : les complément alimentaires pour sportifs vous exposent à de grands risques
Pour développer la masse musculaire ou réduire la masse grasse, de nombreux compléments alimentaires enrichis prétendent vous donner un coup de pouce. Mais selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, la consommation de ces produits induit plusieurs risques, allant jusqu’à la mort.
Consommer des compléments alimentaires enrichis en protéines, acides aminés ou extraits de plantes ? Rien de plus normal pour un sportif aujourd’hui qui souhaite développer sa masse musculaire ou réduire sa masse grasse, l’usage n’étant plus réservé aux culturistes. Mais après une première alerte émise en 2016, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail(Anses) revient à la charge : la consommation de ses produits induit des risques, tant pour la santé du sportif qu’en cas de contrôle antidopage.
+ 20% d’effets indésirables graves depuis 2016
Vendus sur internet, en salle de sport ou en pharmacie, ces compléments sont aujourd’hui très accessibles, et à tous. Est-ce pour cela que les effets indésirables grimpent également ? Car entre 2016 et février 2024, 154 nouveaux cas d’effets indésirables ont été déclarés à la suite d’une consommation de ces produits (ils étaient seulement 49 les 8 années précédentes) dont 18 considérés comme très graves. “Deux décès sont survenus et quatre personnes ont vu leur pronostic vital menacé” précise l’Agence.
Parmi les nombreux effets indésirables rapportés, les effets cardiovasculaires sont les plus fréquents avec la survenue d’une tachycardie, de palpitations voire d’un arrêt cardiaque.
Des symptômes généraux tels que malaise, fatigue, fièvre, vertiges, des effets digestifs mais aussi neurologiques (accidents vasculaires cérébraux) ont également été enregistrés.
Certaines contiennent des substances interdites !
Ce qu’il faut savoir c’est que certains ingrédients tels que les stéroïdes anabolisants, le clenbutérol et l’éphédrine sont interdits à la consommation notamment en raison de leurs nombreux effets indésirables sévères sur l’activité cardiovasculaire.”Leur présence dans les compléments alimentaires constitue ainsi une fraude et peut exposer le sportif consommateur, au-delà des risques pour la santé, à un résultat analytique anormal (“contrôle positif”) lors d’un contrôle antidopage” indique le site.
De plus, même s’il répond aux exigences réglementaires françaises, un ingrédient peut ne pas être autorisé par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Les sportifs doivent donc savoir identifier ces substances interdites par l’AMA en compétition, ou en toutes circonstances, et être attentifs à la composition des produits consommés.
Des risques pour les reins souvent ignorés
Rappelons également que l'usage des compléments alimentaires (CA) tels que les vitamines, minéraux, oligo-éléments, protéines, acides aminés et les produits de la phytothérapie, peuvent être néphrotoxiques, en particulier chez les patients atteints d’une maladie rénale chronique, dont ils n'ont pas forcément connaissance. La créatine et les CA hyperprotéinés, notamment, peuvent entraîner une insuffisance rénale aiguë ou chronique, parfois irréversible.
Sportifs et consommateurs : quelles recommandations ?
Vous êtes sportif amateur ou pro et êtes tentés par ces compléments ? L’Anses propose 3 conseils pour éviter les problèmes.
- Évitez la consommation concomitante de plusieurs compléments alimentaires ou aliments enrichis ou de les associer avec des médicaments ;
- Avant d’en consommer, demandez l’avis d’un professionnel de santé, médecin ou diététicien du sport ;
- Privilégiez les produits conformes à la norme européenne EN 17444:2021 et éviter les achats sur internet.
L’Anses rappelle également aux professionnels de santé et aux consommateurs l’importance de déclarer à la nutrivigilance tout effet indésirable susceptible d’être lié à la consommation d’un complément alimentaire ou d’un aliment enrichi.
- Anses, 17 juillet 2024.
