Le somnifère Stilnox bientôt classé comme stupéfiant
La prescription du somnifère Stilnox (zolpidem) sera bientôt strictement encadrée. Il sera dans 90 jours soumis à une partie de la réglementation des stupéfiants, nécessitant notamment une ordonnance sécurisée "en raison d'un risque de pharmacodépendance, d'abus et d'usage détourné".
Le stilnox nécessitera une ordonnance sécurisée
En raison d'un risque de pharmacodépendance, d'abus et d'usage détourné, les médicaments à base de zolpidem administrés par voie orale ne seront plus délivrés que sur présentation d'une ordonnance sécurisée. Une mesure qui prendra effet dans 90 jours selon l'arrêté publié au Journal Officiel.
Répondant à des spécifications techniques précises qui rendent plus difficile la falsification, les prescriptions devront indiquer en toutes lettres la posologie du médicament.
L'objectif de cette mesure est de réduire le nombre de prescriptions. D'après un rapport de l'Agence nationale de sécurité du médicament, paru en 2014, 25 millions de boîtes de zolpidem ont été vendues en France, en 2012. Efficace contre l’insomnie en courte durée, certains patients deviendraient dépendants de ce médicaments au point de l'utiliser bien-au-delà des périodes ou des doses de prescription. Par ailleurs, certains usagers de drogues en auraient un usage détourné.
Mais le stilnox n'est pas le seul médicament qui augmente les risques de dépendance et est consommé bien au-delà de la durée normale de prescription. Presque tous les benzodiazépines (Stilnox est "apparenté aux benzodiazépines") sont dans ce cas et sont surveillés par les autorités sanitaires depuis des années, alors pourquoi limiter ces mesures à un seul médicament ?
Au-delà du stilnox, quid des autres benzodiazépines ?
En 2012, environ 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine en 2012, dont 7 millions un anxiolytique et 4,2 millions un somnifère. Plus d'une personne sur cinq consomment simultanément deux benzodiazépines. En tête l'alprazolam (Xanax ® pour son nom de marque), suivi du zolpidem (Stilnox ® qui est apparenté aux benzodiazépines et a une activité pharmacodynamique qualitativement semblable à celle des autres composés de cette classe) et du bromazépam(Lexomil ® pour son nom de marque). Âgés en moyenne de 56 ans, les consommateurs sont plutôt des femmes (2/3). D'ailleurs, passé 65 ans, un tiers d'entre elles consomment un anxiolytique et près d'une sur cinq un somnifère. Selon des chiffres de 2014, 16 % les prennent depuis plusieurs années... alors que leur prescription ne doit pas dépasser 12 semaines.
Troubles de la vigilance, chutes, troubles de la mémoire… les effets indésirables des benzodiazépines sont nombreux. Efficaces sur une courte durée (8 à 12 semaines) dans le traitement de l’anxiété, leur utilisation prolongée exposerait, par ailleurs, les patients à un risque de dépendance. Plusieurs études ont également relié leur utilisation sur le long terme à une augmentation du risque de maladie d'Alzheimer. En juin 2015, En collaboration avec l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), la HAS avait établi en 2015 une fiche dédiée aux modalités d’arrêt des benzodiazépines.
Zolpidem classé pour partie stupefiant dans 90 jours.Va pas être facile à expliquer ds les pharmacies!Incompréhension des patients en vue
— Isabelle Adenot (@IsabelleAdenot) 10 janvier 2017
Dans le Monde, Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre national des pharmaciens, anticipe la difficulté à expliquer le problème aux patients et avoue mal comprendre cette décision et aurait aimé la voir étendue aux autres benzodiazépines"Moins les Français prendront ce type de médicament mieux ils se porteront", affirme-t-elle.
- Stilnox : attention au risque de somnolence le lendemain de la prise !
- Alzheimer : les benzodiazépines (somnifères) augmentent les risques
- Hausse de la consommation de benzodiazépines (anxiolytiques et somnifères)
- Benzodiazépines : les autorités de santé maintiennent leur vigilance
- Confirmation d'un lien entre consommation régulière de benzodiazépines et démence