Un risque d’hypoglycémie accru sous tramadol
Une récente étude américaine alerte sur un nouvel effet indésirable potentiel du tramadol, un médicament antalgique largement utilisé. Selon les chercheurs, il exposerait à un risque d’hypoglycémie dangereuse dix fois supérieur à celui des autres opioïdes.
Le tramadol, molécule prescrite pour traiter les douleurs modérées à intenses, fait partie des médicaments antalgiques les plus utilisés dans le monde. Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) paru en février dernier, il est d’ailleurs l’antalgique opioïde le plus consommé en France. Mais sa prise n’est pas sans danger, et selon des chercheurs américains, elle pourrait être liée à un risque d’hypoglycémie, un effet secondaire potentiellement dangereux et jusqu’alors méconnu.
Un risque d’hypoglycémie dix fois supérieur à celui des autres opioïdes
Les scientifiques ont mené une étude rétrospective, publiée le 28 août dernier dans la revue Scientific Reports. Ils ont ainsi analysé plus de 12 millions de rapports de signalements d’effets indésirables du tramadol entre 2004 et 2019, provenant des bases de données de la FDA Adverse Effect Reporting System (FAERS) et de l’Adverse Event Reporting System (AERS). Verdict : la fréquence des signalements d’hypoglycémie était particulièrement importante sous cet antalgique, que les consommateurs soient diabétiques ou non. Les chercheurs précisent que cet effet indésirable disparaissait lorsque le traitement était arrêté.
Plus précisément, le tramadol serait associé à un risque d'hypoglycémie dix fois supérieur à celui des autres opioïdes étudiés (codéine, morphine, etc.). Seule la méthadone, utilisée dans le traitement de la dépendance à l'héroïne ou à d'autres opiacés, aurait un effet similaire. Un effet qui inquiète les chercheurs puisqu’ils expliquent que l’hypoglycémie induite par les médicaments “peut entraîner de nombreuses complications sérieuses, notamment des troubles neurocognitifs, une perte de vision, des risques de chutes et autres pouvant avoir un impact sur la santé et la qualité de vie”. Au cours de leur étude, ils ont trouvé que cette hypoglycémie a déjà été associée à des pertes de connaissance et des comas hypoglycémiques, des accidents rares mais graves.
Avertir les médecins de ce risque “dangereux, non répertorié et inattendu”
“Nous souhaitions réaliser une analyse objective basée sur des données sur les effets indésirables du tramadol, et nous sommes tombés sur une hypoglycémie dangereuse, non répertoriée et inattendue”, affirme Tigran Makunts, directeur de l’étude. La notice du médicament liste en effet, parmi les effets secondaires les plus fréquents, les nausées, les vomissements, les vertiges, la constipation ou encore les maux de tête, sans faire mention d’un risque d’hypoglycémie.
Si cette étude ne fait que montrer une association, de plus amples recherches et des essais cliniques sont nécessaires pour confirmer le lien de causalité et définir ce mécanisme propre au tramadol et à la méthadone. Mais pour l’instant, d’après les chercheurs, “le message à retenir, c’est qu’il faut avertir les médecins de la possibilité d’une hypoglycémie, en particulier si le patient est prédisposé au diabète. C’est d’autant plus important que le tramadol et la méthode sont largement utilisés et, souvent, de manière chronique.”