Le "regenuary" ou la nouvelle tendance pour consommer responsable
Les mois de l’année sont souvent choisis pour lancer de nouveaux défis aux consommateurs. Suite au lancement du "veganuary" qui consiste à suivre un régime végétalien durant tout le mois de janvier, voici le "regenuary". Un défi qui propose plutôt de suivre une consommation responsable, en choisissant des produits locaux et de saison.
Après le dry january et le veganuary...
Janvier devient donc le mois où l'on prête attention au contenu de son assiette... et de son verre. Vous connaissez le concept du "dry january", qui consiste à évincer toute goutte d'alcool de sa consommation durant un mois. Ce mouvement né au Royaume-Uni en 2013 a inspiré la communauté vegan pour initier une autre prise de conscience, celle de l'impact environnemental d'une nourriture carnée. Un nouveau mot-valise "veganuary" est alors devenu le porte-étendard d'un mouvement réservé à une réflexion sur le bien-être animal. En France, ce challenge consistant à préférer un régime végétalien durant trente jours a d'abord été relayé par l'association L214.
Regenuary pour manger local et de saison
A l'heure où 24% de Français se disent flexitariens, c'est-à-dire qu'ils ont réduit volontairement leur consommation de viande d'après une étude Ifop pour FranceAgriMer parue l'année dernière, un nouveau mouvement en réponse au "veganuary" fait des émules outre-Manche en portant l'attention davantage sur une consommation réfléchie plutôt que sur un régime basé sur l'interdit.
Surfant toujours sur la vague de la terminaison "uary", le nouveau challenge s'intitule "regenuary". Manger de saison et consommer local sans jamais acheter de produits importés. Tels sont les critères majeurs de ce nouveau mouvement, au nom sans doute difficile à prononcer pour les participants non-anglophones.
Suivre le cycle de la nature
La terminologie de ce challenge emprunte en fait celle de l'agriculture régénératrice (regenerative farming, en anglais). En phase avec la permaculture, cette philosophie engage à favoriser la biodiversité, à préférer les méthodes de régénération des sols, à s'adapter aux conditions climatiques imposées par les saisons. Cette agriculture incite aussi à emmagasiner dans le sol le dioxyde de carbone contenu dans l'atmosphère. Pour ce faire, les producteurs adeptes de cette méthode favorisent le pâturage. En broutant l'herbe, les vaches réintroduisent la matière dans le sol pour le rendre plus riche.
Une logique qui se confronte toutefois aux chiffres : 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre seraient produites par l'élevage, dont 40% sont causés par le méthane rejeté par les vaches au moment de leur digestion. Né aux Etats-Unis il y a 35 ans, le concept d'agriculture régénératrice comprend aussi un volet sociétal en intégrant l'idée d'une rémunération juste aux producteurs.
NON aux régimes, OUI à WW !
Bientôt un lancement en France ?
Le "regenuary" a été lancé en 2019 par un groupement de fermiers britanniques, The ethical Butcher, qui vante les mérites d'élevages nourris uniquement à l'herbe et aux fleurs sauvages. Relayant son concept au moyen du hashtag #regenuary, celui-ci incite ainsi à préférer faire ses courses auprès de producteurs qui appliquent les principes de l'agriculture regénératrice tout au long du mois de janvier. Encore peu connu des consommateurs français, ce concept agricole devra sans doute être davantage déployé pour gagner en popularité, avant d'imaginer le lancement d'un challenge "regenuary".
Mais on peut d’ores et déjà parier sur le succès de ce challenge en France. En effet, depuis la crise du Covid-19, plusieurs sondages ont montré plusieurs changements de consommation des Français : la tendance à se tourner vers une consommation responsable se confirme de plus en plus. Selon le dernier baromètre publié par Max Havelaar et réalisé en collaboration avec Opinion Way, en novembre 2021, "l’achat de produits alimentaires responsables résiste malgré la crise, progresse même ! 90% des Français achètent ce type de produits au moins une fois par mois et 66% au moins une fois par semaine".