Trop gros pour combattre ? Nos militaires aussi sont touchés par le surpoids
On les pense volontiers affûtés pour le combat ou l’exercice physique, mais les militaires français suivraient la même évolution que le reste de la population : eux aussi connaîtraient un taux de surpoids et d’obésité à la hausse.
Malaise dans les rangs militaires. En janvier 2023, une étude américaine révélait une réalité du corps de défense US : seul un tiers des Américains en âge d’être appelés sous les drapeaux répondait aux critères physiques nécessaires. Le reste étant en surpoids, voire obèse. Mais ce problème estampillé "Too fat too fight" dans de nombreux médias se répercuterait dans d’autres nations… Dont la France.
Plus de la moitié des gendarmes en poste sont en surpoids
L’enjeu de santé publique est aussi au cœur de l’armée française. Et pour cause : selon les chiffres récupérés par nos confrères du Point, en 2020, près de la moitié de la population était en surpoids et 17% en situation d’obésité. Mais surprise, ce taux inquiétant touche également les rangs militaires : 45,7% sont en surpoids, et 9,6% souffrent d’obésité.
Les plus touchés seraient les sous-officiers et la gendarmerie nationale, dont l’obésité affecte 11,5% et le surpoids 50,1% des effectifs. La gendarmerie étant d’ailleurs "le seul corps d’armées où les personnes en excès de poids sont plus nombreuses que celles dont le poids est normal", remarque Lyse Bordier-Sirvin, cheffe du service endocrinologie et maladies métaboliques au sein de l’hôpital d’instruction des armées Bégin (Val-de-Marne). Pas de quoi en être très fiers.
Le syndrome métabolique, une menace réelle pour les forces armées
Cette hausse du surpoids n’est pas étrangère au médecin en chef Olivier, qui s’intéresse depuis une quinzaine d’années aux pathologies des corps de l’armée. Dans un article publié par le Ministère des Armées en janvier dernier, celui-ci alertait d’ailleurs sur le syndrome métabolique, perçu comme "une menace plus pernicieuse" que les "traumas" ou les risques liés à la profession.
"Le syndrome métabolique concerne environ 25% de la population mondiale. Parmi ses nombreuses complications (cardiovasculaires, rénales, respiratoires …), la stéatopathie d’origine métabolique ("foie gras" humain) est en passe de devenir la première cause de greffe hépatique aux États-Unis et en Europe. (...) Cette épidémie touche également les forces armées françaises" alertait il.
En cause, la sédentarisation et la culture du fast-food qui touchent plusieurs générations, même les plus jeunes et donc, les enrôlés les plus récents. Ces deux phénomènes ont également un effet toxique sur le foie qui est majoré en cas de consommation de tabac et/ou d’alcool.
NON aux régimes, OUI à WW !
En guerre... contre la prise de poids !
La chasse au surpoids a ainsi débuté dans les rangs afin d’éviter "une armée obèse".
Afin de dépister et prévenir le syndrome métabolique notamment en OPEX (opération extérieure, NDLR), le MC Olivier propose, en complément de la sensibilisation de la population militaire, "d’une part de généraliser la mesure systématique du périmètre abdominal (reflet des graisses profondes) lors des visites médicales et ce, quel que soit l’indice de masse corporelle et, d’autre part, de détecter/évaluer le foie gras humain, notamment par l’usage d'une imagerie non invasive" est-il indiqué dans l’article officiel.
Un changement des habitudes et des mentalités doit aussi s’opérer. C’est dans ce contexte, que le Service de santé des armées a accepté de promouvoir et de financer le projet de recherche du MC Olivier sur le "foie gras" humain dans les forces armées. Cette étude consistera à évaluer sur le plan de l’imagerie du foie et du microbiote intestinal, un échantillon de 300 militaires volontaires présentant une obésité associée à un syndrome métabolique.