1 enfant sur 5 souffre de troubles alimentaires dans le monde
Selon une nouvelle étude, plus d'un enfant sur cinq dans le monde présenterait des troubles de l’alimentation. Un grave problème de santé publique, trop souvent sous-estimé.
D’après le dernier bilan de l’OMS, le nombre de cas d’obésité dans le monde a presque triplé depuis 1975 et les enfants ne sont pas épargnés.
Selon les résultats d’une vaste méta-analyse publiée lundi dans la revue JAMA Pediatrics, 22 % des enfants et des adolescents présenteraient des troubles alimentaires - à l’origine de graves complications médicales.
Troubles alimentaires : les filles plus impactées
Pour arriver à cette conclusion, 63 181 enfants et adolescents âgés de 6 à 18 ans ont été examinés de près.
Le principal critère de mesure de cette vaste méta-analyse, comportant 32 études, était la détection de troubles de l’alimentation évalués par le questionnaire SCOFF.
Les critères d'exclusion comprenaient : les études menées auprès de jeunes ayant reçu un diagnostic de troubles physiques ou mentaux ; les études publiées avant 1999, les études dans lesquelles des données ont été collectées pendant la pandémie, les travaux basés sur les données des mêmes enquêtes afin d’éviter les doublons et les revues systématiques et/ou méta-analyses de cas.
Après avoir balayé les données valides de cette méta-analyse, les chercheurs se sont alors aperçus que 22 % des enfants et des adolescents présentaient des troubles de l'alimentation.
La proportion de troubles de l'alimentation était encore plus élevée chez les filles, et celle-ci augmentait avec l’âge.
En outre, plus l'indice de masse corporelle était élevé, plus le pourcentage de troubles alimentaires augmentait.
Des chiffres "préoccupants" selon les chercheurs, qui soulignent la nécessité de mettre en place des "stratégies de prévention des troubles alimentaires".
"La nourriture permet de combler une souffrance"
Hélia Hakimi-Prévot, auteure du livre « La vérité sur l'obésité » n’est pas étonnée de ces résultats.
"La société moderne crée et impose des diktats de minceur, alors que nous nageons en pleine "hyper sédentarisation". Les enfants, en surpoids ou obèses, se sentent par conséquent stigmatisés, et commencent à grignoter pour combler ce vide, cette peur. Ce phénomène, surnommé "Binge eating disorder" peut commencer très tôt, dès l’enfance, et s’accentuer à l’adolescence", révèle la journaliste santé, avant d’ajouter "La nourriture est finalement un outil à portée de main qui permet de combler une souffrance."
Des troubles alimentaires sous-diagnostiqués
Autre problème relevé dans l’étude : les troubles alimentaires peuvent s’avérer imperceptibles durant des années, et ce, pour de multiples raisons : les enfants peuvent cacher leurs symptômes ou tout simplement éviter de demander de l'aide en raison de la honte ressentie et/ou de la stigmatisation ambiante.
"En France, il existe un réel problème de prévention et de détection de ces troubles. Un enfant qui mange de façon compulsive va souvent se cacher et développer ce trouble à l’abris des regards. Si les parents ont leur part de responsabilité, les médecins ne sont également pas assez sensibilisés sur le sujet. Les pédiatres devraient systématiquement poser des questions à l’enfant sur son alimentation. Or, ce n’est malheureusement pas le cas", regrette l'experte.