Ce traitement réussit à traiter les dépressions sévères résistantes sans effets secondaires
Les principaux traitements utilisés contre la dépression sont les antidépresseurs et les psychothérapies. Mais ils sont parfois inefficaces, face à certaines dépressions sévères. La stimulation magnétique transcrânienne, elle, semble donner de bons résultats, selon les conclusions d’une étude britannique.
On estime que 5 à 15 % de la population française seront touchés par la dépression, dont un tiers ne trouvera pas de réconfort dans les antidépresseurs ou les psychothérapies. Pour ces patients, les solutions ont longtemps été limitées, en dehors de la thérapie électro convulsive (ECT), les électrochocs. Mais cette technique reste controversée en raison de ses effets secondaires. Aujourd'hui, une technique plus "douce" semble donner de bons résultats : la stimulation magnétique transcrânienne.
Un tiers des dépressions sont résistantes au traitement
La dépression est une pathologie mentale qui présente différents stades. Parfois, les patients atteints d'une forme sévère ne répondent pas aux prises en charge classiques. Pour ces patients en échecs de traitement, des chercheurs de l’Université de Notthingham, au Royaume-Uni, ont testé la stimulation magnétique transcrânienne.
Dans cet essai, ils ont réuni 255 patients souffrant de dépression résistante aux différents traitements en les soumettant à une vingtaine de séances de stimulation magnétique transcrânienne, d’une durée de trente minutes, sur quatre à six semaines. Avant ces séances, les patients ont été soumis à une IRM, afin de permettre aux chercheurs de localiser les zones cérébrales impliquées.
Une stimulation magnétique utilisant la neuronavigation
Pour délivrer le traitement au bon endroit dans le cerveau des patients, les chercheurs se sont appuyés sur un système de neuronavigation, qui est une sorte de GPS en 3D permettant de localiser la zone où réaliser la stimulation magnétique transcrânienne. Les patients, installés sur une chaise et conscients, pendant la thérapie, ont reçu de puissantes impulsions magnétiques, sur le côté gauche de la tête.
"L'IRM personnalise le site de stimulation, puis la neuronavigation s'assure que le même site est stimulé à chaque séance de traitement. Cela réduit la variabilité de la stimulation à chaque session" explique le Pr Richard Morriss, psychiatre à l'école de médecine de l'Université de Nottingham. "Étant donné que l'impulsion magnétique peut être concentrée, il n'y a généralement que des effets secondaires mineurs de courte durée. La personne peut retourner à ses activités quotidiennes immédiatement après sa sortie de l'hôpital".
Deux tiers des patients répondent au traitement
Les résultats de ce travail dont certains patients ont été suivi jusqu'à 6 mois montrent que deux tiers des patients ont répondu au traitement. Dans le détail, un tiers a vu ses symptômes s'améliorer de 50%, tandis qu'un cinquième des patients sont entrés en rémission et y sont restés. "Étant donné que ces patients sont des personnes qui n'ont pas répondu à deux tentatives de traitement antérieures et qui ont été malades pendant sept ans en moyenne, obtenir un taux de réponse aussi important est vraiment encourageant" estime le Pr Morriss.
Un constat partagé par le Dr Wilfrid Casseron, neurologue à Aix-en-Provence. "La stimulation magnétique transcrânienne est une technique dont l’efficacité a été démontrée par de nombreuses publications, notamment dans les douleurs neuropathiques et la dépression. Mais malheureusement, elle demeure peu accessible, notamment dans le secteur privé, car il n’existe pas de codification permettant de coter ces actes" déplore le médecin. "En plus, la technique provoque de faibles effets secondaires et reste peu invasive, ce qui représente deux atouts importants".
D’après les conclusions de l’étude, la stimulation magnétique transcrânienne a également eu des effets sur "la concentration, la mémoire, l'anxiété" des patients et d’une manière générale sur leur "qualité de vie". Face à ces dépressions très difficiles à prendre en charge, la kétamine semble également constituer une alternative possible.