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  • Conjoint(e) malade : faut-il rester ou se séparer, au risque de passer pour un(e) égoïste ?

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 3 min.
    Sihem Boultif
    Sihem Boultif Journaliste santé
    en collaboration avec Amélie Boukhobza (Psychologue clinicienne)

    Conjoint malade : faut-il rester ou se séparer, au risque de passer pour un(e) égoïste ?

    La maladie peut toucher tout le monde. Et lorsqu’elle s’insinue au sein du couple, elle crée un véritable décalage entre le conjoint bien portant et celui souffrant. Faut-il rester en couple dans cette situation ou se séparer, en faisant passer son bien-être d’abord ? Nous avons posé la question à Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne.

    Imaginez : vous êtes en couple et votre partenaire tombe malade. La situation dure, vous vous adaptez avant d’apprendre qu’il s’agit d’une pathologie chronique et que rien ne sera plus comme avant. Faut-il rester (et se transformer en aidant) ou se séparer, au risque de passer pour un(e) égoïste ? C’est la question que nous avons posé à notre experte, la psychologue Amélie Boukhobza.

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    Un dilemme, que chacun tranchera à sa manière

    "Quitter un conjoint malade chronique, c'est un sujet très complexe et délicat" s’exclame immédiatement la psychologue. "La société a souvent tendance à juger rapidement, à voir ça comme un acte d’égoïsme ou de lâcheté. Mais quand on gratte un peu sous la surface des apparences, on réalise que la situation est bien plus nuancée" analyse-t-elle.

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    Quand on aime quelqu'un, on imagine souvent que cet amour est inconditionnel, prêt à surmonter toutes les épreuves, y compris la maladie. Pourtant, vivre avec une personne malade au quotidien, c’est faire face à une réalité bien différente. "Ce n’est pas seulement accompagner l’autre dans ses douleurs physiques, c’est aussi vivre avec ses souffrances psychiques. La maladie s’insinue partout, elle devient omniprésente, elle prend de la place, elle envahit la relation" explique la psychologue avec justesse. "Ce n'est plus seulement une histoire d'amour, mais une lutte constante, un défi quotidien qui peut rapidement transformer la relation en un véritable calvaire".

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    Est-il égoïste de vouloir préserver sa santé mentale face à cette situation ?

    Pas forcément, pour notre experte. "Il est humain de vouloir se protéger, de vouloir éviter de sombrer soi-même. L’aidant, celui qui reste, est souvent le premier à s’épuiser. Le stress, la fatigue, le désespoir peuvent le ronger de l’intérieur, le détruire à petit feu. Ce n’est pas une simple question de lâcheté, c’est parfois une question de survie".

    Rester dans une relation où l’on se sent dévoré par la douleur de l’autre, c’est risquer de s’effondrer soi-même, parfois même plus vite que la personne malade, donc.

    Quitter une personne que l’on connaît depuis peu ou son partenaire depuis des années, est-ce la même chose ?

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    Evidemment, non. "La durée de la relation joue aussi un rôle. Quand on connaît quelqu’un depuis quelques mois, il est peut-être plus facile de se dire qu’on peut partir, qu’on n’a pas encore investi toute sa vie dans cette relation. Mais quand on est marié depuis des années, les choses se compliquent" reconnaît Amélie Boukhobza. "Il y a des souvenirs, des promesses, des engagements. On se dit qu’on ne peut pas abandonner l’autre maintenant. Pourtant, est-il plus courageux de rester par obligation, par culpabilité, que de partir pour préserver ce qui reste de soi ? Et probablement ce qui reste de la beauté du couple, parce qu’avec le poids de la maladie, on peut finir par ressentir de la colère et de la rancune, en vouloir à l’autre de voir sa propre vie gâchée".

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    Quelle que soit la décision, il n’y a pas de place pour le jugement

    Finalement, le choix de rester ou de partir incombe à chacun, et il ne doit pas être jugé à la légère. "Ce n’est pas un acte égoïste de penser à sa propre santé mentale. Au contraire, c’est parfois une nécessité. Se sacrifier à tout prix pour l'autre n'est pas toujours la solution" souligne encore l’experte. "Il faut se rappeler que pour être capable d'aider quelqu'un, il faut d'abord être en état de le faire. Et si rester signifie s'enfoncer ensemble dans une spirale destructrice, alors peut-être qu'il vaut mieux partir, pour soi, mais aussi pour l'autre. Parce qu'une relation où l'un est complètement consumé par la souffrance de l'autre n'est plus une relation, c'est une lente agonie".

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    La vraie question à se poser, finalement c’est peut-être celle-ci : jusqu'où suis-je prêt à aller sans me perdre moi-même ? "C'est un équilibre fragile entre amour et survie, entre soutien et préservation de soi. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, seulement des choix personnels, profondément humains, parfois douloureux, mais nécessaires pour ne pas sombrer" conclut-elle.

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    Sources
    • Entretien avec Amélie Boukhobza, le 5 septembre 2024
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