Pourquoi nos pensées négatives sont-elles si fortes ?
Aussi appelées ruminations mentales, les pensées négatives interfèrent bien souvent avec le quotidien. Comment expliquer cette spirale négative ? Et que faire lorsque ces croyances nous envahissent ? Amélie Boukobza nous livre quelques éléments de réponse.
Commentaire désagréable d’un collègue, d’un ami ou même de sa moitié… En un rien de temps, une critique négative peut venir gâcher toute votre journée. Un fait avéré qui nous a tous concernés, puisque les pensées négatives ont plus de poids que les pensées positives. Que faire lorsque notre cerveau tourne en boucle sur ces "mauvaises" pensées ? Réponses de notre experte, Amélie Boukhobza, psychologue.
En cas de pensée négative, les traumatismes passés rejaillissent
"Quand on est sûr de soi et dans une dynamique optimiste, on a l'impression de pouvoir tout gérer. Mais quand des pensées négatives et limitantes commencent à nous envahir, l’impact est fort : baisse de la confiance en soi et fermeture à de nouvelles opportunités, indépendamment des succès passés, des capacités et des atouts. Le principal problème, est que le négatif l’emporte souvent sur le positif !", révèle Amélie Boukobza.
De fait, lorsqu’une pensée négative (re)surgit, les expériences passées, en particulier les traumatismes ou les échecs, refont surface.
"Elles peuvent conditionner le cerveau à anticiper et à se concentrer sur le négatif, créant ainsi un terreau fertile pour des pensées négatives encore plus fortes et persistantes", prévient l’experte.
Ces jugements intérieurs, souvent critiques ou pessimistes - comme "je ne suis pas assez bon", "je ne suis pas à la hauteur", "je suis nulle", ou "je ne vais pas y arriver" - "peuvent survenir suite à des événements stressants, des souvenirs douloureux, par anticipation d’événements anxiogènes, ou même spontanément", assure-t-elle.
Résultat ? Ces croyances négatives se mettent à tourner en boucle dans la tête, renforçant d’autant plus leur impact et leur persistance. C’est à partir de ce moment-clé, que la santé mentale en devient affectée.
Le côté obscur des ruinations mentales
"La rumination mentale est capable de transformer des inquiétudes passagères en préoccupations omniprésentes, affectant considérablement la santé mentale (anxiété, dépression…) et la qualité de vie !", met en garde Amélie Boukobza.
Le problème ? Les pensées négatives sont accompagnées de réactions émotionnelles plus fortes que les positives.
"Cette intensité émotionnelle leur donne une présence plus marquée dans la conscience, donc plus difficiles à ignorer ou à surmonter", précise la psychologue.
Notre cerveau est cablé pour se concentrer sur le négatif
Cette tendance s’explique par le mode d’action de notre cerveau, "programmé" pour se concentrer davantage sur les menaces et faits négatifs. Un "conditionnement" cérébral, que valide notre experte psychologue.
"Oui, le cerveau a un biais naturel vers le négatif. Il s’agit en réalité d’un mécanisme de défense ancestral conçu pour la survie et qui nous rend plus sensibles à toute menace potentielle. Alors même si ce biais peut être utile face au danger, il peut aussi amplifier les pensées négatives au-delà de leur importance réelle. Conclusion : petit à petit, on devient incapables de prendre des risques, même faibles", prévient-elle.
Bien dans son corps, bien dans sa tête !
La clé ? Commencer par accepter ses émotions négatives
S’il n’est pas évident de reconnaître et de comprendre ce biais négatif, l’accepter constitue le premier pas pour le surmonter.
"Il faut, pour cela, commencer par être attentif à ses émotions. Lorsque l’on se sent dépassé, il est également important d'analyser les pensées à l’origine et de s'interroger sur leur validité : Est-ce que vraiment je ne fais jamais rien de bien ? Ou que je ne peux pas réussir dans tel ou tel domaine ? En remettant en question ces pensées négatives, on peut les reconnaître pour ce qu'elles sont : des croyances destructrices, inexactes et limitantes. Et peut-être apprendre à les transformer !", relate Amélie Boukobza.
"Des études récentes suggèrent que refouler certaines pensées négatives pourrait en fait être bénéfique pour la santé mentale. Contrairement à ce qu’on a toujours dit…" conclut notre experte.