CDD et temps partiel augmentent les risques de dépression
Depuis une vingtaine d'années, la France et de nombreux pays industrialisés multiplient les recours aux emplois dits flexibles ou caractérisés par des durée déterminée ou à temps partiel. Considérés comme des emplois atypiques par rapport au CDI, ces contrats exposent les salariés à plus de risque de troubles dépressifs selon une étude publiée dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de Veille Sanitaire.
L'enquête s'appuie sur les données de l'Enquête décennale santé 2003 de l'INSEE, soit au total 11 895 actifs au travail. Pour chacun d'eux, les symptômes dépressifs ont été évalués selon une échelle internationale. Les chercheurs ont considéré l'emploi atypique par le statut d'emploi (contrat à durée limitée ou indéterminée, à son compte) et par l'expérience du temps partiel au cours de la vie professionnelle, en distinguant les temps partiels subis ou choisis.
Résultat : les symptômes dépressifs sont retrouvés chez 11,2 % des salariés, indépendamment de leur sexe ou de leur contrat de travail. Les femmes sont plus souvent touchées (12,2 % contre 9,6 %). Et parmi elles, le CDD est un facteur aggravant, puisque 15,3 % des femmes en CDD sont touchées contre 10,4 % en CDI et 6 % à son compte. Une distinction qui n'est pas visible chez les hommes, qui sont néanmoins beaucoup moins nombreux à occuper un emploi atypique.
Le temps partiel est vécu différemment selon qu'il est imposé ou choisi, ainsi les femmes qui subissent un temps partiel qui sont les plus atteintes par la dépression (17,1 %) par rapport à celles en temps partiel choisi (9,1 %).
Autre facteur souligné par les auteurs, le niveau d'études semble avoir une influence :les moins diplômés sont davantage touchés par la dépression, quel que soit le sexe (15,8 % des hommes sans diplôme et 13,5 % des femmes, contre 9 % des hommes ayant fait des études supérieurs et 8,3 % des femmes ayant suivi des études supérieures).
A la lumière de ces résultats, les auteurs plaident en faveur d'une attention accrue à ce problème : “Le contexte économique actuel, qui engendre une insécurité de l'emploi touchant particulièrement les travailleurs occupant un emploi atypique, souligne par ailleurs la nécessité de surveiller la santé de ces populations et tout particulièrement leur santé psychique“.
Luc Blanchot Source : “Emploi atypique et troubles dépressifs en France à partir de l'Enquête décennale santé 2003“, BEH 23 février 2010, téléchargeable en ligne