Comment notre cerveau s'endort-il ?
Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous sombrons dans un profond sommeil ? C'est ce qu'a voulu savoir l'équipe de l'Inserm dirigée par le Pr. Michel Magnin. Selon leurs résultats, toutes les zones cérébrales ne basculeraient pas simultanément vers le sommeil, certaines prendraient un peu d'avance...
Indispensable à notre survie, le sommeil représente un tiers de la vie d'un homme. Cet état particulier, durant lequel notre cerveau est “au repos“, est sujet de nombreuses études. Que se passe-t-il réellement dans notre cerveau alors que nous sommes dans les bras de Morphée ? Pendant longtemps, les chercheurs ont pensé que l'état de sommeil était corrélé à un changement de l'activité électrique de toutes les structures cérébrales. Depuis une quinzaine d'années, ce concept est remis en cause, mais on ne sait toujours pas comment le cerveau passe d'un état de vigilance vers un le sommeil et inversement. Les chercheurs français ont voulu savoir si le cortex cérébral et le thalamus, tous deux fonctionnellement liés d'une manière très étroite, “s'endormaient“ ou se “réveillaient“ simultanément.
En analysant les signaux électriques recueillis pendant plusieurs jours consécutifs chez des patients épileptiques candidats à un traitement chirurgical de leurs crises (qui bénéficient de ce fait d'électrodes intracérébrales, indispensables à leur opération), les chercheurs ont constaté que le thalamus (en rose sur le schéma) s'avère être le premier à s'endormir tandis que beaucoup de sites corticaux (en bleu sur le schéma) montrent un retard dans la décroissance de leur activité. Ce retard peut atteindre jusqu'à une vingtaine de minutes et être très variable d'un patient à l'autre. En revanche l'éveil, lui, est corrélé à une réactivation simultanée du thalamus et du cortex cérébral. Ces résultats montrent le rôle prépondérant joué par le thalamus lors de l'endormissement.
“Des territoires corticaux étendus restent activés pendant plusieurs minutes après que le thalamus a adopté une activité caractéristique du sommeil. Cela pourrait expliquer les phénomènes de type hallucinatoire fréquemment observés à l'endormissement et notre surestimation du temps mis pour s'endormir“ explique ainsi Michel Magnin.
Luc Blanchot
Sources :
Communiqué de l'Inserm - 17 mars 2010
Thalamic deactivation at sleep onset precedes that of the cerebral cortex in humans - PNAS February 23, 2010 vol. 107 no. 8 3829-3833 (abstract disponible en ligne)
Photo : Inserm