Les antidépresseurs régénèrent-ils le cerveau ?
Les antidépresseurs sont prescrits depuis de nombreuses années. Pourtant, personne ne sait comment ils fonctionnent exactement ! Des travaux chez la souris apportent un nouvel éclairage : ces médicaments permettent de fabriquer de nouveaux neurones.
Les antidépresseurs constituent une avancée majeure dans le traitement de la dépression. Mais le manque de connaissance sur leur fonctionnement est très certainement à l'origine des nombreuses idées reçues qui circulent autour de ces pilules du bonheur.
Booster les liens entre les neurones
Quand on parle d'antidépresseurs, il faut savoir que ce terme regroupe plusieurs médicaments aux modes d'action différents. On distingue notamment :
- Les antidépresseurs tricycliques,
- Les inhibiteurs spécifiques de recapture de sérotonine (ISRS),
- Les inhibiteurs de monoamine-oxydase ou IMAO
- Les nouveaux types d'antidépresseurs (inhibiteurs de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA)
Si on connaît les mécanismes d'action des antidépresseurs, nul ne sait aujourd'hui pourquoi ils sont efficaces. Les scientifiques se demandent notamment pourquoi il faut plusieurs semaines pour obtenir un effet. Si les composés agissent directement sur la communication entre les neurones, l'efficacité devrait apparaître dès les premières prises.
De nouveaux neurones dans le cerveau
C'est notamment pour répondre à cette question de délai d'action que des scientifiques américains ont mené une étude sur des souris. Après les avoir placées dans des conditions anxiogènes, ils leur ont administré les deux sortes d'antidépresseurs, un ISRS et un tricyclique. Puis ils ont passé certaines souris aux rayons X, en visant une région particulière du cerveau : l'hippocampe. Cette "irradiation" détruit de manière spécifique les cellules qui se divisent.
Résultats : les rongeurs soumis aux rayons X n'ont pas vu leur état s'améliorer, contrairement à leurs petits camarades traités également aux antidépresseurs.
Une seule explication possible : pour être efficace, les antidépresseurs favorisent la formation de nouveaux neurones.
Un cerveau plus résistant
Cette découverte est capitale. Elle permet non seulement de répondre à la question du délai d'efficacité des antidépresseurs mais aussi de mieux comprendre cette maladie. En effet, fabriquer de nouvelles cellules ne se fait pas du jour au lendemain. C'est pourquoi le traitement donne des résultats uniquement lorsque ces nouveaux neurones sont fonctionnels, au bout de quelques semaines. Pour les scientifiques, l'explication serait simple. Les neurones ont plus facilement la capacité de faire de nouvelles connexions au niveau des synapses, facilitant ainsi la communication entre neurones sous forme de messages chimiques (neurotransmetteurs ou neuromédiateurs). Ainsi, le cerveau serait donc plus à même de s'adapter au stress, de surmonter la déprime et de former de nouveaux neurones. Cela pose tout de même de nombreuses questions sur les origines de la dépression : l'hippocampe est une zone du cerveau associée à la mémoire et l'apprentissage.
Quels sont ses liens avec l'humeur ? Mais cela ouvre également la voie à de nouveaux traitements : il pourrait être intéressant de rechercher des molécules qui favorisent la fabrication de nouvelles cellules au niveau de l'hippocampe.
Il faut souligner que cette formation de nouveaux neurones n'est certainement qu'un des nombreux mécanismes d'action des antidépresseurs dans le cerveau. Et il reste difficile d'extrapoler sur l'homme des résultats obtenus chez la souris. Les antidépresseurs gardent encore une grande partie de leur mystère… Mais on sait aujourd'hui que ces médicaments peuvent avoir un ou plusieurs mécanismes d'action.