Covid-19 et santé mentale : “Les besoins de prise en charge vont augmenter dans les semaines à venir”
A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale qui se déroule le 10 octobre, la Fondation FondaMental alerte sur les “risques d’apparition ou d’aggravation de pathologies psychiatriques” liés directement et indirectement à la pandémie de coronavirus. Elle appelle à un meilleur suivi des patients et à la préparation des professionnels de santé.
“Inévitablement, les besoins de prise en charge en santé mentale vont augmenter dans les semaines et mois à venir et la France n’est pas armée pour y faire face”. C’est ce qu’affirme la professeure Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental et psychiatre à l’hôpital Henri Mondor, dans un communiqué à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale le 10 octobre. Selon la Fondation, il faut “donner aux professionnels de santé les moyens d’agir” et améliorer le suivi des patients en incluant la dimension psychologique dans la gestion de la pandémie.
Augmentation de l’anxiété
Car le coronavirus a des répercussions psychologiques à la fois directes et indirectes sur la population. D’abord, à cause de la situation stressante de la pandémie en elle-même : confinement, risques accrus de chômage, deuils, inquiétudes pour soi et ses proches… Cela a contribué à une augmentation des cas de stress post traumatique, de troubles anxieux, d’addictions et de dépressions notamment. “Selon une étude de Santé Publique France la prévalence de l’anxiété en population générale était déjà, en mars, de 26,7%, soit deux fois supérieure au taux observé avant la pandémie, tout particulièrement chez les femmes, les jeunes et les personnes en situation de précarité économique”, précise la Fondation.
Les infections exposent à un risque accru de troubles psychiatriques
Mais la Covid-19, comme les autres infections de manière générale, expose à un risque accru de troubles psychiatriques via d’autres mécanismes. “Cette pandémie aura des conséquences psychiatriques à la fois en raison de l’action directe de l’infection sur le cerveau, mais aussi comme conséquence de la réponse immuno-inflammatoire à l’infection, qui aura un effet déclencheur sur les maladies mentales, explique la Fondation. La dépression, le trouble bipolaire, la schizophrénie et les troubles du spectre de l’autisme sont associés à une augmentation des marqueurs de l’inflammation dans la circulation périphérique et le système nerveux central.”
Le rôle central des psychiatres
“Le seul rempart, c’est la détection et la prise en charge pour réduire les risques d’apparition ou d’aggravation de pathologies psychiatriques, estime la Pre Leboyer. Les patients qui ont été infectés par la Covid doivent faire l’objet d’un suivi rapproché afin de repérer et prendre en charge le plus précocement possible les troubles anxio-dépressifs qu’ils pourraient présenter. Parallèlement, des études doivent être menées afin de mesurer le risque de développer des troubles anxio-dépressifs et suicidaires et leur lien avec la persistance de marqueurs de l’inflammation.”
La Fondation souligne le rôle des psychiatres, “en lien avec les autres acteurs de santé comme les médecins généralistes et les psychologues”, pour “prendre en charge les malades mais aussi pour réduire ces risques d’apparition ou d’aggravation de pathologies psychiatriques”. “Pendant la première phase de la pandémie, de nouveaux modes de prise en charge ont été mis en place, comme la téléconsultation, les dispositifs de veille, les unités Covid... Les outils numériques ont montré leur efficacité, et peuvent maintenant être déployés pour améliorer le diagnostic, maintenir le contact social, surveiller le sommeil... Parallèlement, des études doivent être menées pour permettre de mieux mesurer le suivi de l’accès aux soins et ainsi adapter le changement du système de soins au contexte pandémique et à ses conséquences”, conclut-elle.