Quand les réseaux sociaux se soucient de notre santé mentale
Instagram aurait lancé une équipe « bien-être » après avoir été élu récemment pire réseau social par une organisation britannique. Les géants américains du réseautage prendraient-ils conscience de leur impact ?
Les réseaux sociaux prennent conscience que leur influence sur les utilisateurs n’est pas toujours bonne. Il suffit de mettre les pieds dans un métro pour rapidement constater que nous pianotons tous sur notre smartphone au moindre temps libre. Facebook, YouTube, Snapchat, Instagram, Twitter…Voilà dix bonnes années que les réseaux sociaux se font le relais de nos victoires et déboires du quotidien.
Une décennie après, quelles leçons devons-nous tirer de ces heures, voire de ces soirées entières, passées à scroller nos écrans de smartphone ?
Le constat n’est pas très glorieux et les réseaux sociaux eux-mêmes commencent à se soucier de notre bien-être.
Après avoir reçu la palme du pire réseau social pour la santé mentale par l’organisation caritative britannique RSPH, Instagram aurait créé une équipe « bien-être ». Une info dévoilée par Eva Chen, directrice des partenariats mode à Instagram, dans les médias américains.
Pour l’heure, la société n’a pas confirmé ni infirmé ces propos et n’a pas précisé non plus la nature de l’équipe bienfaitrice. S’agit-il de community managers ou de psychologues ?
Toujours est-il que le réseau social a réévalué ses fonctionnalités, ces derniers mois, en incorporant des outils de modération. Les commentaires offensants sont automatiquement masqués. Les recherches de hashtags sensibles comme #anorexie activent une fenêtre pop-up dans laquelle la plateforme propose son aide à l’utilisateur. "Les publications contenant les mots ou les tags que vous recherchez encouragent souvent un comportement pouvant nuire ou conduire au décès. Si vous traversez des moments difficiles, nous sommes là pour vous aider".
Fin 2017, aux Etats-Unis, Facebook a déployé un nouveau logiciel pour lutter contre le suicide. Il s’agit d’une technologie d’intelligence artificielle qui analyse tous les messages et repère les tendances suicidaires. Mais cette nouveauté n’est pas effective en Union européenne, empêchée par les lois sur la protection des données personnelles.
Les réseaux sociaux sont régulièrement sujets à des recherches scientifiques. Plusieurs études évoquent leur caractère préjudiciable voire dangereux pour la santé mentale. Surtout pour les enfants, ados et jeunes adultes. On parle régulièrement d’addictions, d’isolement social, de dépressions, de sentiments de jalousie envers autrui, d’anxiété, de problèmes de sommeil, de perte de confiance en soi, d’intimidations ou encore de harcèlement.
"Les médias sociaux ont été décrits comme plus addictifs que la cigarette et l'alcool, et sont tellement ancrés dans la vie des jeunes qu'il n'est plus possible de l'ignorer", déclarait Shirley Cramer, directrice générale de RSPH.
Mais plutôt que de s’en éloigner drastiquement, les spécialistes réfléchissent à une utilisation plus réfléchie et plus appropriée pour ses utilisateurs.
"Alors que nous naviguons dans ces nouveaux espaces numériques qui ont tant à offrir, nous devons avoir une conversation sur la façon dont cela peut affecter notre santé mentale. Parce que des plateformes comme Instagram et Facebook présentent des versions hautement organisées des personnes que nous connaissons et du monde qui nous entoure, il est facile de déformer notre perspective de la réalité", déclare, en ce sens, Laci Green, youtubeuse américaine à succès.