Covid-19 : un Français sur cinq aurait déjà envisagé de se suicider
La santé mentale est au coeur des préoccupations depuis l’arrivée de la pandémie de Covid-19. En effet, selon une nouvelle étude menée par l’Ifop, 20 % des Français auraient sérieusement envisagé de se suicider.
Les résultats d’une longue étude menée au mois de mai 2022 par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès ont de quoi inquiéter. D’après ce travail qui a porté sur 1 000 personnes en France et dans cinq autres pays européens – l’Allemagne, l’Espagne, l’Irlande, la Suède et la Pologne - "40 % des Français se sentent plus déprimés depuis l’arrivée du Covid-19 qu’avant" et "un sur cinq aurait déjà envisagé sérieusement l'idée de se suicider".
Des chiffres similaires partout en Europe
L’étude, qui compare différents pays européens, permet de constater que le moral est en berne un peu partout. En Espagne, ils sont aussi 40 % à se sentir davantage déprimés depuis la pandémie, 55 % en Pologne, 44 % en Allemagne, 53 % en Irlande et 38 % en Suède.
Lorsque l’on détaille un peu les résultats français, on s’aperçoit que ce chiffre grimpe à 51 % chez les femmes de moins de 35 ans, ce qui laisse à penser que les troubles de santé mentale concernent plus les femmes et les jeunes, plus particulièrement.
Des passages à l’acte en augmentation
En France, tout comme en Espagne, une personne sur cinq (20%) a au moins une fois dans sa vie envisagé sérieusement le fait de se suicider. "La spécificité française est que si la part de Français ayant des pensées suicidaires se situe plutôt à un niveau inférieur à la moyenne, le pourcentage, parmi eux, de ceux qui passent à l’acte en faisant une tentative de suicide est plus important que celui des autres pays du panel étudié" indique l'étude.
En effet, les passages à l’acte sont en forte augmentation et sont passés de 22 % en 2016 contre 30 % aujourd’hui. Ce qui place la France en tête de ce triste classement par rapport à ses voisins européens, et à égalité avec la Pologne.
Le psychiatre qui a coordonné cette étude, Michel Debout, estime que "quand 6% de la population française (ce qui représente 3,5 millions de personnes) a déjà fait une tentative de suicide contre 3% il y a 20 ans, c'est très préoccupant et cela devrait interpeller les pouvoirs publics".
Peu de consultations spécialisées
Ces pensées dépressives et solitaires sont principalement dues à "la précarité sociale, la pauvreté et l’isolement forcé" des jeunes, qui sont particulièrement touchés par la situation, selon le spécialiste.
Enfin, les chiffres de l’étude font prendre conscience que seuls "16 % des Français ont eu l’occasion de consulter un psychiatre", contre 20 % des Allemands, des Espagnols ou des Irlandais, 19 % des Suédois et 25 % des Polonais. Une "misère de la psychiatrie française" dénoncée par Michel Debout, qui appelle à travailler à "améliorer la santé psychique en France".