Pour les personnes allergiques, il est important de connaître les risques liés à une profession. L’ARCAA vous dit tout sur l’orientation professionnelle des allergiques, les substances et les métiers à risque.
Epidémiologie des allergies au travail
Actuellement, près de 30 % de la population présente une atopie et 20 % souffre d’allergie. Chez l’adulte, on estime qu’environ 10 % des asthmes sont d’origine professionnelle. Plus de 500 allergies d'origine professionnelle ont été diagnostiquées en 2010.
Plus globalement, on peut estimer que chaque année, environ 25 000 jeunes atopiques et 15 000 jeunes allergiques commencent un apprentissage. À ce jour, on ne connaît pas le nombre d’apprentis souffrant d’une allergie liée à leur poste de travail car les causes de rupture d’apprentissage sont mal documentées. En effet, il n’y a que peu d’études ciblées sur les apprentis : ils changent de filière sans déclarer une raison spécifique.
Malgré ce manque de données épidémiologiques, les cas observés lors d’une consultation d’allergologie manifestent l’importance du problème et incitent à une stratégie de prévention beaucoup plus active.
Allergie et choix de la profession
À la consultation d’allergologie, il n’est pas rare de voir des jeunes en cours, voire en fin d’apprentissage, présenter une allergie "avancée" et qui n’aura pas été repérée à temps, pouvant ainsi compromettre l’exercice futur du métier nouvellement appris.
Les médecins ont donc un rôle essentiel, c’est pourquoi ils doivent être sensibilisés au repérage précoce des allergies chez les jeunes avant ou lors de leur apprentissage. Ainsi, il convient d’offrir une aide au médecin pour conseiller les jeunes allergiques ou atopiques dans leur choix professionnel selon leur état de santé.
L’apprenti, lui, doit être informé et motivé pour consulter en cas d’allergie ou de terrain atopique, avant ou en cours d’apprentissage afin d’éviter des problèmes de santé liés au métier qu’il aura choisi. Il ne faut surtout pas omettre ou différer ce type de consultation.
Le médecin poursuivra les objectifs suivants :
- Repérer les futurs apprentis qui présentent soit une allergie actuelle ou antérieure, soit un terrain atopique personnel ou familial ;
- Connaître les métiers susceptibles d’occasionner des allergies professionnelles ;
- Evaluer les facteurs de risque individuels du futur apprenti allergique. En cas de situation difficile à apprécier, demander conseil auprès d’un médecin du travail ;
- Inciter le jeune à consulter rapidement en cas d’apparition de problèmes de santé sur son lieu de travail ;
- Référer sans délai aux spécialistes (allergologues, pneumologues, dermatologues, spécialistes ORL et médecins du travail) pour ne pas déconseiller ni réorienter sans de solides raisons. Le coût direct causé par une allergie peut tripler si celle-ci n’a pas été référée à temps au spécialiste.
En plus des questions spécifiques aux allergies, le médecin sera également attentif aux autres risques professionnels – chimiques, physiques, psychosociaux, etc. – auxquels l’apprenti pourrait être exposé.
Les métiers pouvant causer une allergie
De nombreux secteurs professionnels sont concernés par une exposition avec risque d’allergie. Parmi les "métiers à risque" et les allergènes potentiels impliqués, on peut citer :
- Coiffeurs (peau et respiration notamment) : colorants, persulfates ;
- Alimentation, restauration : farine, produits de la mer, œufs, latex ;
- Santé et soins : désinfectants, latex, médicaments, acrylates ;
- Nettoyage et entretien : adoucissants, assouplissants, parfums, détachants ;
- Construction, travaux publics : ciment, résines, acrylates, formol, béton ;
- Mécanique, métallurgie : étaux, huiles de coupe, peintures ;
- Travailleurs du bois : bois, poussières, résines, vernis ;
- Chimie, animaleries : divers composés, rongeurs ;
- Agriculture : contacts avec végétaux et animaux ;
- Elevage : agents biologiques, protéines végétales et animales, fleurs.
À savoir : les professionnels les plus atteints sont les boulangers et pâtissiers, les coiffeurs, les employés de nettoyage, les professions médicales et paramédicales, les peintres et enfin les travailleurs du bois.
Allergies professionnelles : les symptômes
L'asthme est la première maladie respiratoire d'origine professionnelle. D'après l'observatoire national des asthmes professionnels, 9% des asthmes ont une cause d'origine professionnelle. Les principales substances sont la farine, les isocyanates, les persulfates alcalins, les aldéhydes, le latex et les acariens. Actuellement au moins 400 produits sont mis en cause dans la survenue de l'asthme professionnel. On distingue les allergies respiratoires et cutanées.
Les symptômes sont variés :
- Asthme ;
- Rhinite ;
- Eczéma ;
- Conjonctivite ;
- Maux de tête ;
- Troubles digestifs ;
- Plus rarement, un choc anaphylactique.
Diagnostic et prise en charge
Si les symptômes apparaissent ou s'aggravent pendant les jours de travail, mais s'améliorent voire disparaissent pendant les jours de congés, alors il peut d'agir d'une allergie professionnelle. Dans ce cas, n'hésitez pas à en parler avec votre médecin qui pourra vous orienter vers un allergologue.
Ce dernier va procéder à un interrogatoire afin de déterminer les potentiels produits mis en cause et va réaliser des tests. La découverte de l'allergie peut être lourde de conséquences et peut mener à un arrêt voire à un changement de travail. Le médecin peut proposer des solutions pour éviter ou mieux supporter le composant (port de gants, de masques, de blouses) et peut également prescrire des médicaments comme des corticoïdes, des antihistaminiques, voire parfois une désensibilisation.
Allergie : une maladie professionnelle
L'allergie liée au travail est reconnue comme maladie professionnelle. Les affections respiratoires de mécanisme allergique sont placées en 10ème position des maladies professionnelles les plus nombreuses.
Plusieurs tableaux concernent les allergies, notamment les tableaux 65 (eczéma), 66 et 66 bis (rhinite, asthme, pneumopathie). Chaque tableau indique le délai de prise en charge, la durée d'exposition au risque le cas échéant et la liste de travaux effectués. Pour que la maladie professionnelle soit déclarée, plusieurs formulaires ainsi qu'un questionnaire pour connaitre vos conditions de travail au quotidien sont à remplir.
L'Assurance maladie prend en charge les frais médicaux à 100% et pour compenser une perte de salaire, des indemnités journalières peuvent être perçues.