Après deux comprimés d'ibuprofène, une femme atterrit en soins intensifs après une violente réaction cutanée
Après la prise de deux comprimés d’ibuprofène, une femme a subitement gonflé et subi de multiples réactions cutanées, la menant aux urgences. Est-ce courant ? Le Dr Gérald Kierzek, urgentiste et directeur médical de Doctissimo nous répond.
Aucun médicament n’est sans risque à 100 %. Un cas rapporté par la revue scientifique Clinical Case Resort nous le confirme encore aujourd’hui : une Irakienne de 45 ans a pris deux comprimés d’ibuprofène pour traiter un état grippal, et s’est retrouvée aux urgences après une réaction XXL.
Gonflements et croûtes sur tout le visage
Après cette prise d’anti-inflammatoire qui lui semblait bénigne, la femme a été victime d’une impressionnante réaction cutanée. Son visage, ses lèvres et ses yeux ont notamment doublé de volume, tout en se couvrant de croûtes. D’autres éruptions cutanées ont commencé à recouvrir son corps. Transportée en urgence à l’hôpital, l’équipe a diagnostiqué un syndrome de Stevens-Johnson, une réaction rare et potentiellement dangereuse à la prise de certains médicaments.
La patiente a été admise en soins intensifs, reçu une perfusion intraveineuse et s'est vu prescrire une cure d'antibiotiques. Ce qui lui a permis de dégonfler en 7 jours.
Le syndrome de Stevens-Johnson : rare mais grave
Dans leur étude de cas, les médecins expliquent que ce syndrome peut survenir lorsque le système immunitaire réagit de manière excessive à un déclencheur, comme un médicament. "Le syndrome de Stevens-Johnson tout comme le syndrome de Lyell sont deux formes du même trouble cutané potentiellement mortels. Il cause des éruptions, des desquamations cutanées et des lésions ulcéreuses touchant toutes les muqueuses ? C’est un syndrome rare mais grave” nous apprend le Dr Gérald Kierzek, urgentiste et directeur médical de Doctissimo.
Celui-ci est en effet provoqué par des médicaments ou par des infections chez des patients qui présentent les facteurs de risque suivant :
- Infection par le VIH ;
- Système immunitaire affaibli : patients transplantés d'organes, VIH / SIDA, et maladie auto-immune (p. ex., le lupus érythémateux disséminé) ;
- Cancer : en particulier le cancer du sang ;
- Histoire ou antécédents familiaux de syndrome de Stevens-Johnson ;
- Facteurs génétiques.
L’ibuprofène n’est pas sans risque (comme tous les médicaments)
Doit on alors se méfier de l’ibuprofène que nous possédons dans notre armoire à pharmacie ? L’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) est aujourd’hui largement utilisé pour soulager les douleurs, mais également les fièvres ou les inflammations. Si le syndrome Stevens-Johnson est un phénomène rare, il reste toutefois conseillé d’utiliser l‘ibuprofène avec précaution et modération.
Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament, l’ibuprofène ainsi que les autres AINS "peuvent masquer les signes et les symptômes d’une infection, tels que la douleur et la fièvre, et peuvent retarder la mise en place d’un traitement adéquat de l’infection, ce qui peut accroître le risque de complications".
Les chercheurs eux l’affirment, aucun médicament n’est totalement sans risque.