Cigarette électronique : méthode efficace pour arrêter de fumer ?
La cigarette électronique appelée aussi e-cigarette ou vape n’est pas officiellement reconnue comme un substitut nicotinique. Aucune preuve scientifique n’a été établie à ce jour sur sa réelle efficacité dans l’arrêt du tabac. Pourtant, de nombreux tabacologues la considèrent comme une aide efficace en période de sevrage tabagique. Le professeur Bertrand Dautzenberg, de la Pitié-Salpêtrière à Paris, nous explique comment l’utiliser de manière efficace pour en faire un allier de choc.
Cigarette électronique : les médecins ne doivent plus la conseiller selon le HCSP
Dans son dernier avis publié le 4 janvier 2022, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) s'adresse aux professionnels de santé et leur déconseille de proposer aux fumeurs l'alternative de la cigarette électronique dans une démarche de sevrage tabagique.
"Les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les SEDEN (système électronique de délivrance de la nicotine, ndlr) comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs par les professionnels de santé" précise l'avis de l'HCSP. Ils "se doivent d'utiliser des traitements médicamenteux ou non, ayant prouvé leur efficacité", comme des patchs et les gommes, peut-on lire dans le document. Car "les bénéfices potentiels et les risques de l’utilisation à moyen ou à long terme de cigarettes électroniques avec ou sans nicotine, ne sont pas établis à ce jour".
Le document précise cependant que ces produits "peuvent être utilisés par la population en dehors (ou en complément) d’une prise en charge dans le cadre du système de soin". En effet, "l’absence des connaissances fondées sur les preuves n’exclut pas que le rapport bénéfices/risques de ces produits utilisés hors système de santé puissent représenter une aide pour certains consommateurs et contribuer ainsi à améliorer leur santé". L'organisation considère notamment que les SEDEN peuvent être utilisés pour atteindre des publics "vulnérables" à forte dépendance nicotinique et qui présentent "une faible adhésion aux traitements validés".
Comment ça marche ?
Le principe de l’e-cigarette consiste à produire un aérosol imitant la fumée du tabac. Il se dissipe en quelques secondes et ne produit quasiment pas d’odeur. Cette fumée est obtenue par combustion d’un liquide (mélange à base de propylène glycol, glycerine végetale, alcool, eau, aromes et nicotine à taux variable) contenu dans la partie atomiseur de la cigarette électronique. L’allumage se fait le plus souvent par le biais d’un interrupteur.
L’utilisateur peut choisir des liquides avec ou sans nicotine. "Cependant pour arrêter de fumer, il est indispensable de choisir un e-liquide contenant de la nicotine afin que l’e-cigarette agisse comme un substitut nicotinique, conseille notre expert. Le fumeur choisira en boutique la concentration de nicotine (4 à 20mg/ml) qui lui donne la meilleure satisfaction en gorge lors de l’inhalation".
Elle maintient le plaisir
Une notion indispensable au succès du sevrage. "L’e-cigarette permet en quelque sorte de vivre en douceur le sevrage", explique l’expert. Elle y contribue largement par rapport aux autres substituts nicotiniques puisqu’elle permet de conserver la gestuelle du fumeur ainsi que l’aspiration des émissions.
Un bon complément des substituts nicotiniques ?
Même si elle n’est pas officiellement reconnue comme un substitut nicotinique, la majorité des tabacologues l’ont adoptée et n’hésitent pas à le proposer à leurs patients en complément d’un substitut tels que les gommes à mâcher, les patchs ou pastilles.
Si votre tabacologue est suffisamment informé sur les mécanismes de l’e-cigarette, il pourra vous guider dans son utilisation. "Je la propose à tous mes patients mais presque jamais en traitement unique. Libre à eux d’accepter de l’intégrer dans le programme de sevrage ou pas. S’ils sont d’accord, je leur conseille alors de conserver dans un premier temps leurs habitudes de fumeurs et de fumer en parallèle autant de cigarettes électroniques qu’ils le souhaitent. J’associe en complément un ou deux patchs en fonction du degré de tabagisme. Naturellement, le fumeur va baisser sa consommation de cigarettes en quelques jours. Quand son corps aura reçu sa dose suffisante de nicotine non fumée, il passera en douceur à l’e-cigarette exclusivement pour la majorité des cas. Il sera alors plus facile de diminuer la dose de nicotine qui a été diffusée de manière continue dans le corps grâce à l’e-cigarette et non par pic comme dans la cigarette (mécanisme à l’origine de la dépendance)".
"Le corps du fumeur va se désaccoutumer sans aucun effort de la nicotine, généralement en 3 mois après la dernière cigarette, explique le professeur Dautzenberg. Le fumeur ne doit pas tenter de décroitre trop vite la concentration de nicotine de ses e-liquides mais la maintenir aussi longtemps que son corps lui réclame".
Idéale pour lutter contre la récidive
Rien de pire pour un ancien fumeur qu’une soirée festive où tout le monde fume. "Il suffit d’une seule cigarette pour maintenir la dépendance ou replonger" met en garde notre spécialiste. L’e-cigarette peut nous aider à ne pas craquer. Elle permet de rester dans le groupe de fumeurs, en lien avec eux grâce à l’objet que l’on tient dans la main, tout en conservant le plaisir de fumer sa e-cigarette.
Bien choisir son e-liquide
Souvent la méthode échoue lorsque le fumeur n’a pas trouvé le liquide correspondant à ses attentes et à ses goûts. Laissez le spécialiste déterminer la dose de nicotine qui vous convient dans les 5 premières secondes d’une inspiration lente puis partez à la recherche de l’arôme qui vous sera le plus agréable. Il en existe aujourd’hui plus de 20 000 : classique, pomme ou autres fruits, menthol ou parfum complexe.