Cancer du sein inflammatoire : un cancer rare mais agressif
Parmi les différents types de cancers, le cancer du sein inflammatoire fait partie des plus agressifs. Quels en sont les signes ? Comment est-il pris en charge ? Le point avec le Pr Carole Mathelin, chef du service de chirurgie à l’ICANS de Strasbourg.
Quel est le type de cancer du sein le plus agressif : quel pronostic ?
Bien plus rare que les cancers du sein hormono-dépendants, le cancer du sein inflammatoire, encore appelé mastite carcinomateuse, représente seulement 1 % à 4 % des cas de cancers du sein, mais il est souvent bien plus agressif. "C’est un cancer qui évolue rapidement et qui correspond à une classification de stade 4. Il doit donc être pris en charge rapidement", souligne le Pr Carole Mathelin, Chef du service de chirurgie à l’ICANS (Institut de Cancérologie de Strasbourg). Les chiffres sont éloquents : à 5 ans, le taux de survie varie de 30 à 50 %, contre 90 % pour les cancers hormono-dépendants.
C'est quoi un cancer agressif du sein ?
Un cancer du sein est dit agressif, car il est d'évolution rapide. Le terme "agressif" est souvent source d'inquiétudes chez les patientes recevant ce diagnostic, à juste titre. Un cancer agressif ne signifie pas pour autant qu'il est incurable. Au contraire, certains cancers agressifs du sein répondent bien aux traitements. L'important est la prise en charge, qui doit être très rapide afin de ralentir la progression des cellules cancéreuses.
Par ailleurs, le pronostic d'une maladie dépend de multiples facteurs : âge de la patiente, type de cancer du sein, stade et grade de la maladie, réceptivité aux traitements, risque de réapparition du cancer, etc. Par ailleurs, histologiquement, certains cancers sont moins "dangereux" que d'autres alors que dans d'autres cas, c'est le stade avancé au moment du diagnostic qui peut influencer le pronostic de la maladie.
C'est quoi un cancer inflammatoire du sein ou mastite carcinomateuse ?
Le cancer inflammatoire du sein ou CIS est rare. Les cellules cancéreuses responsables de la maladie migrent dans le système lymphatique et bloquent les vaisseaux au niveau du sein. Le cancer se propage aux ganglions lymphatiques et parfois à d'autres organes au moment du diagnostic. C'est pour cette raison qu'il est considéré comme agressif : il est invasif, car il s'est propagé aux tissus voisins. Le fait que le système lymphatique soit bloqué entraîne une réaction locale inflammatoire au niveau du sein. L'inflammation entraîne des symptômes locaux. Ce type de cancer du sein est localement avancé.
Les femmes jeunes majoritairement concernées
Si près de la moitié des cancers du sein sont diagnostiqués entre 50 et 69 ans (28 % après 69 ans), le cancer du sein inflammatoire concerne majoritairement les femmes jeunes (de 35 à 50 ans), sans que les raisons précises soient pour le moment élucidées. Toutefois, l'obésité est un facteur de risque connu du CSI.
Sans que les spécialistes comprennent bien pourquoi, la population africaine est également sur-représentée dans ce type de cancers. Toutefois, même si les femmes plus âgées semblent davantage protégées contre ce type particulier de cancer du sein, il est important qu’elles participent elles aussi au programme de dépistage organisé.
Cancer du sein inflammatoire : quels symptômes ?
Les principaux symptômes en cas de cancer inflammatoire du sein sont typiques d'une inflammation.
Les signes d'une inflammation du sein : rougeur, sein chaud et gonflé
Les signes d'une inflammation sont la rougeur, la chaleur, l'œdème et la douleur.
En cas de cancer inflammatoire du sein, un œdème, une rougeur qui apparait sur une partie ou sur la totalité du sein. Le sein est chaud au toucher, en lien avec la dilatation des capillaires sanguins. Des démangeaisons apparaissent parfois aussi.
Les symptômes de l'inflammation touchent le plus souvent un tiers ou plus des seins.
Bon à savoir : ces symptômes ressemblent à ceux d'une mastite, une infection du tissu mammaire, plus fréquente chez les femmes allaitantes.
Où a-t-on mal quand on a un cancer du sein inflammatoire ?
Aux prémices, le cancer du sein est souvent indolore. Lorsqu'une douleur survient, elle est localisée au niveau du sein. Un gonflement au niveau de l'aisselle ou de la clavicule est possible : la présence d'une masse est palpable ou une zone douloureuse peut apparaître, en lien avec l'augmentation du volume des ganglions lymphatiques axillaires ou sus-claviculaires. Une bosse au niveau du sein est aussi l'un des symptômes possible en cas de cancer inflammatoire.
Un aspect de peau d'orange
La peau du sein prend un aspect capitonné, comme une "peau d’orange". Une sensibilité, voire une sensation de brûlure, un changement d’aspect du mamelon (inversion du mamelon), l’augmentation de la taille du sein ou un écoulement mamelonnaire font parfois leur apparition dans le cas du cancer inflammatoire… tous ces signes cliniques atypiques peuvent être évocateurs de cette forme rare de cancer du sein.
L’importance du dépistage
Face au cancer inflammatoire du sein, la précocité du dépistage et la mise en place rapide d’un traitement sont particulièrement importants. Le dépistage se déroule de la même manière que pour les autres types de cancer : examen physique et clinique des seins, mammographie, biopsie et analyse des récepteurs hormonaux (HER2) pour permettre de poser le diagnostic.
Dans ce cas du cancer inflammatoire, c'est la biopsie au niveau de la réaction inflammatoire dans la région mammaire qui sera déterminante pour le diagnostic. L'examen anatomopathologique des cellules cancéreuses confirmera le diagnostic.
Traitement du cancer inflammatoire : comment soigner l'inflammation du sein ?
L'équipe de médecins déterminent le protocole de soins adapté à chaque situation.
La chimiothérapie est souvent le traitement de référence en cas de cancer inflammatoire du sein. La chimiothérapie sert à détruire les cellules cancéreuses du tissu mammaire, mais aussi celles localisées ailleurs. La chimiothérapie est néoadjuvante, c'est-à-dire administrée avant la chirurgie. Parfois, elle fait suite à la chirurgie dont l'objectif l'élimination des cellules cancéreuses restantes.
La chirurgie est également le traitement de choix dans le cancer inflammatoire, incluant une mastectomie complète associée à un curage axillaire.
Les thérapie ciblées et l'immunothérapie peuvent être utilisées en complément de la chimiothérapie.
Des séances de radiothérapie, voire une hormonothérapie (si la tumeur présente une réponse à des récepteurs hormonaux), peuvent être proposées afin de diminuer le risque de récidive. "La prise en charge inclut donc des traitements variés mais n’exclut pas un risque de métastases, qu’elles soient initiales ou ultérieures", ajoute le Pr Carole Mathelin. Toutefois, même lorsque la réponse aux traitements est satisfaisante, le risque de récidive reste malheureusement élevé.